Trente-cinq ans. Et même plus. Ils sont (bien) formés pour assumer des responsabilités. Et outillés pour prendre des décisions. Ces jeunes doivent attendre (patiemment) leur tour. Quel sacerdoce !
Si être
jeune confère beaucoup d’avantages, ce serait surtout une excellente période de
la vie pour jouer les seconds rôles. Les apprentis. Amadou Hampâté Bâ le résume
bien, à travers son principe des neuf degrés de la vie (de l’Homme). À la
limite, il faut faire avec cette vérité « naïve et perspicace » qui guide les
générations. Ce qui était valable (et qui a marché) hier doit pouvoir
s’appliquer aujourd’hui. Comme en sélection (football), où le plus ancien
semble (toujours) être le plus légitime pour porter le brassard de capitaine.
La sphère de
décision s’apparente ainsi à une zone infranchissable pour les plus jeunes. Le
leur permettre briserait une longue chaîne de valeurs. Est-ce vrai ? Les mauvaises
expériences ont étayé la thèse des réfractaires. Il faut user de tact et être
patient pour changer les mentalités.
C’est aussi
le cas au plan politique, où par médias interposés, il se laisse parfois
entendre que certaines personnalités sont encore jeunes pour prétendre à la
magistrature suprême.
Sur ce
chapitre, on peut observer que la Côte d’Ivoire a fait des
efforts. La Constitution permet désormais aux jeunes de trente-cinq (35) ans de
se présenter à l’élection présidentielle.
Même si ce
principe est acquis, il ne règle pas nécessairement l’a priori de l’opinion
publique : Qu’est-ce qu’un si jeune peut vraiment apporter, à la tête d’une
telle institution ?
DU DÉJÀ VU
Si l’arrivée
d’Emmanuel Macron (39 ans) à la tête de l’Exécutif français suscite beaucoup
d’espoirs et aiguise les ambitions chez les jeunes Africains, il faut rappeler
que ce n’est pas forcément nouveau. Parce que l’Afrique a ses propres exemples.
Des bons comme des mauvais.
On se
souvient que Patrice Lumumba est devenu Premier ministre du Zaïre (actuelle RDC,
République démocratique du
Congo) à
seulement 35 ans. Après lui, Thomas Sankara a tenu les rênes du pouvoir (au
Burkina Faso) à 34 ans. Et Mouamar Kadaffi est arrivé au pouvoir à 27 ans. À
ces martyrs, il faut entre autres ajouter Andry Rajoelina (président de
Madagascar, à 35 ans) et récemment Joseph Kabila (chef d’État de la RDC, à 30
ans).
Au plan
économique, la Côte d’Ivoire peut compter avec de
jeunes prodiges comme Tidjane Thiam, Mamadou. Tout un symbole !
Vu à travers
ce rétroviseur, on peut se rendre compte que ce ne sont pas les ressources
minières (ou agricoles) qui sont les plus exploitées sur le continent. C’est
plutôt la jeunesse africaine. Il faut pourtant croire en cette jeunesse sans se
poser la question : « Qui est derrière lui (elle) ? »
C’EST POSSIBLE
En Afrique,
être jeune rime aussi avec expertise et compétence. Mieux, avec réussite. C’est
une génération décomplexée qui prend son destin en main. Loin des clichés de
fêtards, de paresseux et de clandestins (méditerranéens).
Majoritaires,
les jeunes incarnent le présent plus que l’avenir. Le système doit accorder une
priorité aux politiques et aux programmes qui incluent les plaidoyers en leur
faveur, par l’emploi et l’auto-emploi. En améliorant aussi leur accès aux
sphères de décision. Ce serait faire preuve d’une considération à l’égard de
leur âge et de leur degré de maturité.
« Ce qui se
fait pour moi, sans moi, est fait contre toi », disait à propos Nelson Mandela.
Le renouvellement de la classe dirigeante s’impose. Pour donner du souffle
(nouveau) au continent. Si l’on est d’accord sur ce principe, il faut tout de même
faire attention de ne pas trop tirer sur la corde.
À partir de
2020, le ton sera donné, au plan politique. De petites secousses pourraient
donc s’enregistrer dans la plupart des pays du continent, élection oblige. Et
surtout parce que les jeunes peuvent - et veulent - décider aussi.
La rédaction