Comme l’écrivait Birago Diop dans Souffles, « les morts ne sont pas morts ». En Afrique, les défunts continuent de vivre dans la mémoire collective et occupent une place sacrée dans le cœur des vivants. Profaner une tombe revient alors à violer non seulement un lieu de repos, mais aussi une tradition profondément enracinée.
Malheureusement, ce manque de respect n’est pas nouveau. En août 2019, la Côte d’Ivoire pleurait la disparition brutale de Houon Ange Didier, plus connu sous le nom d’Arafat DJ.
Quelques jours seulement après son inhumation au cimetière de
Williamsville, sa tombe avait été profanée par des individus se réclamant de
ses fans. Douze personnes avaient été arrêtées, mais le choc demeurait : même
dans la mort, l’artiste n’avait pas été épargné.
En novembre
2021, c’est Léonard Groguhet, figure emblématique du cinéma ivoirien et
formateur de générations de comédiens, qui subissait à son tour cette barbarie.
Sa famille
avait dénoncé le vandalisme de sa sépulture et le vol d’objets à forte valeur
sentimentale, dont une couronne mortuaire offerte par le Président de la
République.
Le cas le
plus récent reste celui de Nadiya Sabeh, décédée après une lutte contre le
cancer. Un individu a profané sa tombe en affirmant avoir agi sur ordre divin,
illustrant une dérive inquiétante où superstition, folie et irrespect se
confondent.
Ces actes
posent une question essentielle : comment expliquer la répétition de telles
profanations, et surtout, comment mieux protéger la mémoire des morts ? Au-delà
de l’émotion, c’est un véritable débat de société qui mérite d’être ouvert.
Richard Konan