Elles se séparent de leurs nourrissons pour répondre à des obligations professionnelles. La mort dans l’âme, car elles appréhendent de fâcheux accidents, elles usent de mille et une astuces pour se tirer d’affaire. Mères travailleuses, ces héroïnes anonymes.
Le rôle déterminant des femmes dans la production
de ressources monétaires ne les dédouane pas pour autant de l’obligation
d’assumer les tâches domestiques et les soins aux enfants qui demeurent des
prérogatives féminines par excellence. Elles sont ainsi aux prises avec le
fardeau de la « double journée ».
Un constat : la présence d’enfants dans un ménage
incombe aux mères. Elles sont considérées comme les plus aptes à s’en occuper.
Les tâches domestiques, en particulier les soins aux jeunes enfants, sont majoritairement
supportées par les femmes. Elles font bouillir la marmite et s’occupent des
leurs. Tiraillées par des obligations professionnelles et familiales, elles se
livrent corps, âme et esprit.
Il n’est jamais facile d’être une maman essayant
de faire un travail à temps plein avec une vie familiale. Plus de mamans que
jamais sont sur le marché du travail. Selon le Centre for American Progress, « les femmes
représentent maintenant la moitié de tous les travailleurs aux États-Unis, avec
près de 4 maisons sur 10 ayant une mère qui est également une mère qui
travaille ».
Les mères de carrière les plus réussies ont trouvé
des moyens d’être efficaces dans les deux mondes - et cela nécessite d’être en
mesure de s’entendre sur les choix et de se concentrer sur les priorités qui
existent dans le moment.
Malgré l’impopularité du terme, l’ex-diplomate
journaliste et femme politique américano-suisse, Madeleine May Kunin continue
de parler de féminisme. Première femme gouverneure du Vermont, vice-ministre de
l’Éducation dans le gouvernement Clinton et ambassadrice américaine en Suisse,
cette mère de quatre enfants a occupé de grandes fonctions au cours de sa
brillante carrière. Mais c’est surtout son rôle de féministe d’avant-garde qui
la rend la plus fière. Tout comme Madeleine May Kunin, nombreuses sont ces
mères héroïnes qui, dans l’ombre, contribuent activement aux revenus du ménage,
tout en alliant vie professionnelle et vie de famille.
Autre horizon
Le taux d’activité des femmes en Afrique de l’Ouest
est élevé. Souvent cantonnées dans le secteur informel, elles contribuent
pourtant de façon importante aux charges de la famille. Toutefois, les rôles
socialement prescrits imposent aux femmes la quasi-intégralité des tâches
domestiques et des soins aux enfants.
À Cotonou, au Bénin, ces mères actives gèrent leur
quotidien entre contraintes familiales et obligations professionnelles. Une
conciliation qui incombe à toutes les femmes, quel que soit leur milieu
socio-économique. La différence se joue plutôt dans les ressources sociales et
financières dont elles disposent pour pallier le fardeau de la double journée.
En Afrique, au sud du Sahara, le taux d’activité
des femmes est très élevé comparé à celui que l’on note pour d’autres parties
du continent notamment, plus de 60 % des femmes de 15 à 64 ans y exercent une
activité économique, soit trois fois plus qu’en Afrique du Nord selon
International Labor Office 2012.
Le secteur informel de l’économie urbaine, souvent
décrit comme précaire et peu rémunérateur, occupe pourtant une position
centrale dans les stratégies de survie des ménages (Gning 2013; De Vreyer et
Roubaud 2013). Les revenus que les femmes tirent de leur travail leur
permettent d’apporter une contribution salutaire pour ce qui est du paiement
des dépenses récurrentes. Cette réalité n’est pas récente.
La gent féminine contribue efficacement au
développement du pays, et certains secteurs en enregistrent une majorité dans
leurs effectifs, à l’image de l’enseignement, de la santé et de l’administration
publique. Toutefois, cet élan est quelque peu freiné, puisque la mère
travailleuse est toujours hantée par la sécurité, le bien-être et la santé de
ses enfants en bas âge dont elle doit se séparer durant la journée.
Maurelle KOUAKOU