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Dossier
Afrique et développement

Les vents de la décentralisation

La décentralisation, une réalité ancienne en Afrique. Remise en cause par des soubresauts sociopolitiques ou réévaluée par des crises économiques. Qu’a-t-elle apporté et où en est-elle sur le continent ?

il y a 5 mois

Sans conteste, la décentralisation s’inscrit au pinacle de la démarche démocratique. Il aurait fallu que le principe de l’autonomie voire de l’indépendance des pouvoirs ait été acquis au sommet des États africains pour que sa mise en œuvre ne souffre pas au plan local. Cet acquis aurait permis de mieux jauger les effets de la démocratie, à la base, sur le transfert des compétences et des ressources.

Au regard de ce qui précède, le processus de décentralisation et le degré des synergies d’actions sont dès lors imputables au contexte politique et économique. Face à la faiblesse de l’assiette fiscale et la force de la dépendance au gouvernement central, peu sont ces États à avoir réussi le challenge de la décentralisation.

Les motivations

La décentralisation, est-ce une volonté de prendre en compte les réalités sociologiques pour mieux réussir ou bien, celle de s’en servir pour maintenir le statu quo ?

L’enracinement institutionnel (pouvoir politique central), dans la mobilisation des ressources, continu de fragiliser un processus, pas validé par les populations cibles et auxquelles elles ont du mal (in fine) à adhérer. Un canevas emprunté pour une meilleure interaction entre l’État, la société civile et le secteur privé mais aussi parce que le concept était conditionné par l’aide internationale au développement.

Par ailleurs, les politiques de décentralisation sont à l’épreuve des jeux de pouvoir et à des incohérences, d’une région à l’autre du continent. De tout cela, le principal défi reste la gouvernance.

La gouvernance

Si le continent s’est approprié le concept, chaque pays y est allé à sa façon et à son rythme pour améliorer l’offre de biens et de services publics, ainsi que la gouvernance locale.

Néanmoins, les collectivités locales sont restées peu efficaces parce que ne disposant pas de ressources financières et humaines nécessaires pour assurer les compétences qui leur sont désormais conférées. À cela, il faut noter l’absence d’un statut juridique clair qui devrait régler les diverses incohérences, ainsi que les problèmes fondamentaux - en matière de gestion et de structure d’organisation - au niveau décentralisé.

Aujourd’hui encore, le statut des collectivités décentralisées ne garantit pas une autonomie véritable. Les textes créent plutôt des chevauchements - entre les acteurs - préjudiciables au bon fonctionnement des acteurs locaux de développement.

Paradoxalement, même lorsqu’elles sont élues, les élites locales, n’assument encore pas la plénitude de leurs responsabilités.

L’un des enjeux de la décentralisation se trouve dans l’arrimage entre démocratie représentative et démocratie participative. Au-delà de la vision, la décentralisation impose une démarche claire, transparente et inclusive. Les efforts consentis par certains États plaident en leur faveur.

Les acquis

La décentralisation a permis d’instaurer une compétition saine entre les collectivités décentralisées. Chaque acteur, avec un budget accru, a ainsi la possibilité, de gouverner selon les priorités des administrés. Cela a engendré une meilleure implication des acteurs locaux dans le processus électoral (régional, municipal, législatif et même présidentiel).

La décentralisation a aussi encouragé la recherche et l’innovation sur le continent, par la réalisation d’infrastructures socioéconomiques. Néanmoins, il faut noter que ces systèmes appliqués tiennent plus à la déconcentration qu’à la décentralisation. Une architecture que l’on serait tenté d’appeler la « décentralisation à l’africaine ». À l’arrivée des courses, il y a encore des attentes fortes.

La rédaction