« Reines d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire » de Sylvia Serbin, journaliste et historienne, est un ouvrage qui met en lumière 22 femmes qui ont marqué l’histoire de l’Afrique ainsi que sa diaspora…
« Comment se
fait-il que tous les autres pays ont des femmes célèbres et pas des gens comme nous…
? », peut-on lire dès les premières lignes de l’avant-propos de « Reines
d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire ». Voici planté le décor.
En effet,
alors que l’on entend souvent parler de personnages importants de l’histoire
africaine, mais rarement de personnages féminins ayant marqué l’histoire de
l’Afrique. Laissant ainsi croire que les femmes africaines n’ont eu aucun rôle
important dans la construction de l’Histoire.
En
compulsant des archives militaires françaises du 19ème siècle, Sylvia Serbin
découvre un document faisant cas d’une région du Sénégal où la reine d’Atéyala s’opposait
à la pénétration coloniale française. Mais, comme plusieurs des héros
africains, son existence a été ignorée par l’Histoire officielle.
Sur ces
constats, Sylvia Serbin se lance dans des recherches. Elle confronte la
tradition orale et les sources écrites des bibliothèques des anciennes puissances
coloniales. Résultat, Sylvia Serbin publie chez MeduNeter, « Reines d’Afrique
et héroïnes de la diaspora noire ». Une fresque historique de 416 pages qui
s’étend de l’Antiquité au début du XXe siècle.
Avec un
talent de conteuse, elle croise les portraits de 22 femmes d’influence, de
reines, de résistantes, de prophétesses, de guerrières… en tant qu’actrices historiques.
Ce sont notamment Zingha, Abla Pokou, Ranavalona III, Madame Tinubu, la
Mulâtresse Solitude, Harriet Tubman, Yaa Asantewaa, Sarraounia Mangou, la prophétesse
Kimpa Vita et Saartjee Baartman.
A travers le
parcours édifiant de ces personnages, l’auteure souligne à grands traits la
contribution de ces Reines d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire à l’Histoire
universelle. Des femmes d’exception dont les Noirs devraient se réclamer avec
fierté.
Comme on le
voit, l’ouvrage de Sylvia Serbin va à l’encontre des stéréotypes sur « la femme
africaine ». « …Les femmes étaient considérées différemment. Elles étaient des
reines, des guerrières, de grandes commerçantes, etc. Elles avaient un réel
pouvoir et étaient respectées. C’est lorsque l’Afrique a été enrobée dans des
liens religieux et culturels des autres civilisations qu’elle a relégué la
femme à un rôle de mère », nous apprend-elle.
L’ouvrage,
subdivisée en huit parties, dévoile également des facettes inexplorées de
certaines sociétés de l’Afrique précoloniale qui ont connu une incontestable vitalité,
mais bien trop souvent ignorées.
Reines
d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire est donc un ouvrage de référence. Il
rend un hommage appuyé aux femmes Noires qui ne furent pas que des « femmes au
foyer ». Soumises et bâillonnées. Un livre qui indique, au contraire, qu’elles
ont bel et bien joué un rôle prépondérant de pouvoir et d’influence dans l’humanité.
Reines
d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire, MeduNeter, 416 pages.
Serge Grah (Journaliste,
écrivain-contributeur)