Pas encore réconcilié(e) ? Avec les autres ou avec vous-même ? Les répercussions de vos actes n’ont pas fini de se faire sentir. Serait-ce le résultat des influences sociales et/ou politiques ? En Afrique, le rendez-vous de la confiance ne serait pas près d’arriver d’aussitôt. Surtout que les causes de divergences, des principaux acteurs de la société, sont multiples et complexes. Pour rétablir (ou renforcer) le lien social, que faut-il donc faire ?
Mesdames et
messieurs. La porte est ouverte, fermez-là ! Vous aurez tout de même des antagonistes,
en train de discuter sur le sort des autres. Dans le viseur, ces éternels
contestataires qui s’agitent comme des marionnettes. Ils sont prévisibles. Avec
eux, le principe de la roue tourne toujours a tout son sens. De jour comme de
nuit, pour un oui ou pour un non, ils déblatèrent. Avec des mots (dé)mesurés
pour raisonner le voisin, l’adversaire devenu ennemi juré.
Chacun
tente, à sa façon, de réduire la frontière des velléités de son voisin. Encore
faut-il qu’elle existe déjà. Quand c’est le cas, il faut croire que l’opinion
de l’autre est encore entendue, et prise en compte. Il y a désormais toutes
sortes de voies et moyens, pour se passer des autres. En apparence et pour une période.
Le temps que l’autre prenne véritablement conscience de son ineptie et revienne
à la charge. Soit pour reprendre toute sa place. Soit pour inverser la
tendance. Le second cas est plus fréquent. Parce que les équilibristes, ça
existe mais, ils sont rares.
L’heure du
rapprochement. Celui de l’avis des autres, vu à travers les yeux du petit
garçon, est orchestré par une oligarchie « sourde ». Loin du feu de bois, dans
la grosse marmite des intérêts personnels (claniques). Voilà pourquoi s’exprime
de plus en plus le désamour entre les uns et les autres. Entre le petit peuple
et les chefs de la cité. Entre les ouvriers et le contremaître. Entre la mère
et la fille. Entre les frères, d’une
même famille. D’un même village. D’une même nation. C’est une véritable
équation de vouloir revendiquer l’adhésion de l’autre, d’autant qu’il est très
peu pris en compte. Nelson Mandela ne dit-il pas à cet effet que : « Tout ce
qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi » ? Ceux qui ont essayé de
porter insidieusement la chaussure de l’autre ont fini par déchanter.
Les
illuminés ont payé cash leur excès, et leurs abus. Y aura-t-il une trêve ? Que
s’est-il passé ?
DES
PALABRES
Loin, là-bas
entre eux, les éléphants se battent. Et des gardiens de la République repartent
comme ils sont arrivés. Au rythme des vents de la marée. Les premiers
revendiquent le fauteuil.
Clamant,
urbi et orbi, que c’est le leur. Les autres l’ont conquis par la force, des
arguments. Et comme leur adversaire, ils ont tenté de le conserver. Pour jouir
des privilèges et hypothèques du pouvoir.
Il n’y a ni
paix, ni répit, ni rémission. Il n’y a que des moments de basses tensions, en
attendant que les hostilités reprennent.
C’est
pourquoi, comme le dirait l’autre, il faut toujours se préparer à la campagne,
des idées et des opinions. Non pas pour la faire, mais pour suffisamment
dissuader l’autre de ne pas y aller. Cela nécessite d’être
guidé par l’objectivité, l’ordre et la justice, de chaque côté de la ligne.
C’est valable pour l’arbitre (le juge) aussi.
Et pourtant,
ils vivaient dans une ambiance fraternelle. Au nom de cette solidarité
légendaire. À cette époque, la n’y avait qu’un point cardinal dans les relations,
entre les enfants, et entre les familles. On ne se posait pas la question de
savoir d’où venait l’autre. Ce qu’il était. Et ce qu’il voulait. Ce qui était
important, c’était que l’on puisse partager sa différence et surtout sa
richesse, sociétale et culturelle. Ah, le bon vieux temps !
DU CONSCENSUS
Les scènes
de ménage, constantes, entre le oui et le non, qui devaient plutôt animer et
enrichir les relations, entre les membres d’une communauté, sont devenues une
plaie. Les gardiens de la cité sont sans boussole. Ils sont, eux aussi, contestés
et accusés de tous les maux. Il n’est donc plus utile de courir à la recherche
de la seule vérité.
C’est
pourquoi d’ailleurs, les antagonistes s’accordent désormais qu’il faut d’abord
qu’ils se réunissent. Après cela, ils discutent, longuement et âprement.
Ensuite, ils (s’) écoutent. À la fin, ils tranchent. En essayant de satisfaire
le plus de monde ou plutôt de trouver ce qui fera le moins de divergences.
Parce que les mécontents, il y en aura toujours. Mieux vaut, au moins, qu’ils
soient peu d’une part et convaincus de leur minorité d’autre part. À ces deux
conditions, la vie de la communauté s’en porterait mieux. Son unité ou son
équilibre ont alors plus de chance d’être préservés.
C’est ce que
tentent de faire ces panacées : les commissions de vérité, de justice et de
réconciliation nationale. Partout sur le continent africain, la mayonnaise de
chaque pays a sa saveur.
DU PARDON
Permettre
aux victimes de s’exprimer et aux bourreaux d’hier d’être jugés afin d’espérer
être pardonnés. Un exutoire ou un réquisitoire ? Une sorte de thérapie qui
tranche avec la justice « moderne » et qui permet – à tous - de repartir sur de
nouvelles bases. Après avoir imploré la clémence des dieux et des ancêtres. En
versant par goutte, par terre, l’eau ou le vin.
Avec les
mots adéquats. Sous le regard bienveillant des autres. Là-bas, sous l’arbre à
palabres. Le fromager. Le baobab... Il faut sortir des émotions. Du
nombrilisme. Des prismes déformants du systématiquement pro (ou contre). De ce
fossé profond qui s’est creusé, d’une part entre votre conscience et votre
raison, d’autre part entre vos convictions et vos ambitions. Ce serait une
satisfaisante victoire à la fois pour l’élève et le maître. Et une cinglante
défaite pour la graine de la division qui a fragilisé le tissu social.
Il faut se réconcilier pour éviter le spectacle moribond et désolant qu’il a été donné de voir, ces dernières décennies, sous les tropiques. En abordant chaque sujet de la nation avec plus de profondeur et de recul. Cela appelle surtout, chacun, à un engagement à l’inclusion des autres et à l’acceptation de leur différence.