Fin 2017, dans la presse et sur les réseaux sociaux, des jeunes gens se plaignaient d’avoir été rasés de force-parce qu’arborant des coiffures jugées extravagantes-ou affirmaient avoir été raflés par les forces de l’ordre uniquement sur la base de leurs styles vestimentaires.
Avérés ou
non, ces faits contribuent à réactualiser le débat sur l’existence de modèles
de styles vestimentaires que devraient adopter l’ensemble des membres du corps
social et spécifiquement les plus jeunes.
LES RAISONS DE BIEN SE VÊTIR
En matière
vestimentaire, il existe des codes et des normes sociales qui font que l’habit
ne se réduit pas à une simple couverture pour le corps et n’est pas
exclusivement assujetti à nos choix personnels. Contrairement à ce que l’on
croit, on ne s’habille pas uniquement pour se faire plaisir. Le plaisir de
mettre un vêtement ne s’épuise pas dans la satisfaction de notre ego, mais
provient du sentiment qu’il plaira aux autres et qu’en conséquence ces deniers
nous porterons en estime.
Les
vêtements constituent, à ce titre, des artifices sémiotiques, c’est-à-dire des
objets qui peuvent être vus et interprétés comme des indices d’un statut social
et d’une image que l’on veut présenter aux autres.
Ainsi, si en
dépit du climat tropical et des températures caniculaires locales, un individu
choisit de s’habiller en complet veste pour se rendre à un entretien d’embauche,
c’est plus par soucis de présenter une image de lui favorable aux recruteurs
que par indifférence à la chaleur. Dans ce contexte, on pourrait dire que même
si l’habit ne fait pas le moine, le port de la soutane permet de se voir attribuer,
à priori, le statut de moine.
Pour autant,
l’interrogation sur l’apparat idéal ou le bon style vestimentaire demeure. En
clair, qu’est-ce que bien se vêtir ?
CE QUE BIEN SE VÊTIR VEUT DIRE
Définir ce
que pourrait être le bon style vestimentaire revient à s’intéresser aux
questions relatives au goût. Or, l’art du bon goût peut se comprendre comme une
imitation des manières de personnes à qui l’on attribue une valeur positive.
Partant, on pourrait postuler que bien s’habiller correspond au mimétisme des
pratiques vestimentaires de personnalités jouissant d’une grande notoriété. Il
n’est donc pas étonnant que les styles vestimentaires d’acteurs sociaux tels
que les artistes, les hommes politiques, les sportifs soient perçus comme les
meilleures formes d’apparats. Mais, la référence au mimétisme du style
vestimentaire des personnalités dotées de valeurs positives comme indicateur de
l’apparat idéal est problématique et rend encore plus floue la notion de bon
style vestimentaire chez les jeunes. Et pour cause, en tant que catégorie
sociale distincte, la jeunesse forme une sous-culture dont les membres sont non
seulement dans un processus d’apprentissage des normes et valeurs sociales,
mais en plus, cherchent à se différencier en se distinguant au moyen de
marqueurs identitaires parmi lesquels figurent les vêtements. Comment alors
concilier une certaine obligation de conformisme social tout en se distinguant
individuellement ?
ADOPTER LE BON STYLE VESTIMENTAIRE
Comme nous
l’avons montré, parler de ce que doit être le bon style vestimentaire fait
intervenir le concept de goût qui lui-même désigne, avant tout, une capacité à
percevoir des différences, c’est-à-dire à préférer une chose à une autre en
ayant repéré une différence entre les deux avant de les étiqueter comme bonne ou
mauvaise. Choisir le bon style vestimentaire pour les jeunes consistera donc à
adopter le modèle d’apparat qui convient au contexte et aux enjeux du moment.
Enfin, notons que le goût est également affaire de socialisation, d’apprentissage, ce qui revient à dire qu’on ne nait pas en détestant tel ou tel style vestimentaire ; on apprend à préférer certains styles par rapport à d’autres. Ainsi, les jeunes devraient pouvoir adopter les styles vestimentaires socialement valorisés afin de minimiser les risques de conflits et d’exclusion et, partant, de réussir leur intégration sociale.