Parce qu’il « n’est pas bon que l’homme soit seul » et qu’il lui faut « une aide qui lui correspondra » (genèse, chapitre 2, verset 18), le Seigneur dans sa volonté pédagogique ne pouvait que l’instruire et le soumettre aux lois sacrées du mariage. « Et parmi Ses signes, Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela, des preuves pour des gens qui réfléchissent. » Sourate 30, verset 21.
Beaux et
féériques ces envols de ‘‘tourtereaux’’ au rythme d’un vent paisible et
doucereux, mais parfois mouvementé, dans le ciel mielleux de la volupté
partagée, où il ne devrait y avoir de frontière. L’homme et la femme, un chemin
de vie, un chemin pour la vie qui devrait pour certains, transcender toutes les
frontières. La chanson est même connue : « l’amour n’a pas de frontière ».
Au-delà même
des contingences socio anthropologiques, le mariage tire sa sève vivifiante des
recommandations divines. Or, là où apparaît le sacré, il n’est un secret pour
personne que toutes les frontières ne peuvent voler en éclat.
Là où
ailleurs, le mariage entre certains groupes sociaux endogamiques et
héréditaires relève du surréel, qu’en est-il des mariages interreligieux ? Sur
la question, l’Islam n’a pas observé la politique de la chaise vide.
CRITERES D’UNE INJONCTION DIVINE ET PRATIQUE PROPHETIQUE
Faisant une
analyse sociologique sur la conception du mariage, le Messager d’ALLAH saw a
indiqué qu’en général, les hommes tiennent compte de quatre (4) critères
essentiels pour le choix de leurs conjointes.
Il s’agit de
la beauté de la femme, de la noblesse de sa lignée, de sa richesse ou de sa
piété. Et il a invité les membres de sa communauté à ne priser que le critère
de la piété, gage d’une communauté de croyants modèles, exemplaires et d’une
société stable, car l’éducation des enfants commence par le choix du conjoint.
La femme est aussi exhortée à accorder la primauté à la religiosité et le bon comportement
de son prétendant. Enfreindre cette injonction ne fait pas endosser un péché quelconque,
mais cela éloigne nécessairement l’individu d’une pratique prophétique dans
laquelle, il n’y a que grâce et miséricorde.
Le mariage
est une institution divine et une pratique adorative, soumis à des principes
dont la sagesse pourrait échapper à la doxa. Cela ne fait l’ombre d’aucun
doute, le mystère de la science divine commence là où s’achève celui des
mortels.
Le
Législateur Suprême ALLAH s’est voulu plus éloquent : « En vérité, Je sais ce
que vous ne savez pas ! » S 2 V 30…
Pour
orienter le choix de l’homme, le Coran énonce : « Pour ce qui est du mariage,
il vous est permis de vous marier aussi bien avec d’honnêtes musulmanes qu’avec
d’honnêtes femmes appartenant à ceux qui ont reçu les Ecritures avant vous,
(les juives et les chrétiennes) à condition de leur verser leur dot, de vivre
avec elles en union régulière, loin de toute luxure et de tout concubinage »
Coran 5 ; 5 ».
Les
différents tafsirs (commentaires) du Saint Coran ayant une portée d’autorité
s’accordent sur le fait que ‘‘l’honnêteté’’ ici mise en exergue est en lien avec
la chasteté, l’excellence comportementale, voire la piété. Et, comme cela
transparaît également, le musulman a la possibilité d’épouser une femme juive
ou une chrétienne.
D’ailleurs,
aux premières heures de l’Islam, il existait des unions entre les musulmans et
les païens jusqu’à la révélation du verset coranique l’interdisant : « Et n’épousez
pas les femmes associatrices tant qu’elles n’auront pas la foi… même si elles
vous enchantent. Et ne donnez pas d’épouses aux associateurs tant qu’ils
n’auront pas la foi…même s’ils vous enchantent. Car ceux-là [les associateurs]
invitent au Feu ; tandis qu’Allah invite, de par Sa Grâce, au Paradis et au
pardon. Et Il expose aux gens Ses enseignements afin qu’ils se souviennent ! »
S 2V 221.
Le mariage
ne se dissocie pas du corpus général de l’adoration. Il allie à la fois
dimension culturelle et spirituelle, ce qui pourrait justifier certaines
restrictions qui lui sont imputables.
DE L’EXCEPTION DECOULE UNE SAGESSE
S’il est
indéniable de reconnaître au mariage sa dimension spirituelle et adorative
au-delà de la simple convenance sociétale, cela va de soi qu’il soit encadré
non pas fondamentalement avec des barbelés ou des couperets visant à le réduire
à l’intérieur d’un seul environnement religieux et socio-culturel, mais pour
lui donner une orientation convenable aux antipodes de la fermeture systématique.
Même à
l’intérieur de la communauté musulmane, il n’est pas fait table rase des
critères et des exceptions. Le musulman pieux devra épouser la femme pieuse et vice
versa, afin de perpétuer l’excellence au sein de la communauté musulmane. Une
communauté de foi, où les valeurs de pudeur et de chasteté contribuent à la dignité
de l’homme et participent de l’équilibre sociétal.
Le Saint
Coran le décline clairement : « Le fornicateur n’épousera qu’une fornicatrice
ou une associatrice. Et la fornicatrice ne sera épousée que par un fornicateur
ou un associateur ; et cela a été interdit aux croyants. » S24 V 3. Un mariage
du genre qu’indiquent les savants et suivant les enseignements prophétiques, ne
peut être encouragé que lorsque le fornicateur ou la fornicatrice fait un
repentir sincère avec un engagement résolu de ne plus commettre un tel péché.
De toutes
les religions, l’Islam est l’une des plus ouvertes dans le cadre du mariage. Là
où ailleurs, on demandera une conversion totale au musulman ou à la musulmane avant
de contracter un mariage, en Islam, il existe une ouverture considérable envers
les autres religions, par la possibilité faite à l’homme de pouvoir épouser une
juive ou une chrétienne, si cela l’enchante.
Il devra
tenir aussi compte de certaines orientations. En Islam, l’homme et la femme
sont complémentaires. Leur nature leur confère les mêmes droits et les mêmes devoirs,
mais avec des spécificités. Le tutorat est accordé à l’homme, sans que cela ne
soit de la prédominance.
Juste une
question de responsabilité. Ainsi, la juive ou la chrétienne ne devra
entretenir une foi ou une conviction qui reconnaitrait à DIEU une dimension
anthropomorphique quelconque. Elle ne doit souscrire qu’à l’idée d’une divinité
unique qui n’a point engendré et qui n’a point été engendrée. Ensuite, elle ne
devra pas remettre en cause la croyance de l’homme. Elle doit donc croire à
l’unicité d’ALLAH et en la prophétie du Messager, saw, tout comme le musulman
est tenu de croire à la prophétie de tous les autres Prophètes et Messagers.
Par
ailleurs, même si le contrat de mariage ne l’énonce pas de manière expresse,
les enfants doivent suivre la religion de celui qui détient l’autorité
parentale. Ce principe est irrévocable en Islam. Par ricochet, un homme ne
partageant pas la pratique religieuse islamique ne peut-être le tuteur légal de
la femme musulmane. Le tuteur pris ici dans le sens de l’époux. On lit
d’ailleurs dans la Bible cette injonction : « Eh bien ! Si l’Église se soumet
au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari.
» Lettre de Saint Paul aux Ephésiens - Chp 5 V 24. La soumission au sens
islamique est une obéissance dans ce que le Seigneur agrée et non une
soumission esclavagiste à l’homme. Bien sûr, certains savants indiquent que les
musulmans ont le devoir d’épouser d’abord les femmes musulmanes et de ne
scruter d’autres cieux qu’en cas de rareté ou d’insuffisance de celles-ci.
Il y a des
pratiques prophétiques qui confèrent au mariage sa sacralité et qui doivent
être observées dans le cadre du mariage. Par exemple lors des noces, l’homme
doit observer une prière de deux rakkats (unités de prières), poser sa main
droite sur le front de la femme et réciter des bénédictions certes pour le
bonheur du couple, mais à la gloire du Seigneur. Il le fait en étant en
ablution. Ces unités de prière ne sont exécutées que par un musulman pratiquant.
Le musulman a la responsabilité d’enseigner l’Islam à ses enfants. Il ne peut
consommer ni de l’alcool, ni manger de la viande interdite. Que ferrait la
femme si son époux non musulman lui demandait de lui offrir de l’alcool ou à
autrui, ce qui ‘‘islamiquement’’, n’est guère possible.
Elle
refuserait certainement et cela ne ferait que porter une entorse à leur union.
Mieux, le détenteur du tutorat doit s’engager au cours de la célébration du
mariage à se référer au Coran et à la Sounna (pratique prophétique) comme
référentiels pour la gestion du mariage. Comment y parvenir si ce tuteur légal
n’est pas un musulman, sachant qu’à ces référentiels, il doit allier la
pratique religieuse ?
Le matériel
et la recherche de gloire conduisent de plus en plus certains religieux à torde
le coup à la révélation divine en induisant certaines musulmanes en erreur. Ils
disent officier de telles unions, mais le font dans la cachette et loin des
Mosquées, parce que certainement le prétendant ou la femme elle-même est d’une
situation financière aisée ou vient d’une famille ayant un statut social
reluisant.
Et ils
n’osent point en parler sur l’espace public. Ceci est un parjure que nul ne
peut justifier avec le Coran ou la pratique prophétique. « Ils troquent à vil
prix les versets d’Allah (le Coran) et obstruent Son chemin. Ce qu’ils font est
très mauvais ! » S 9 V 9.
L’Islam est
sans nul doute l’une des religions les plus ouvertes sur les questions de
mariage. Parmi tant d’autres illustrations, comment réagirait par exemple
l’évangéliste, lorsque le musulman veut épouser une évangéliste ou lorsqu’un
évangéliste est épris d’une musulmane ? Et même à l’intérieur de l’église, nous
savons que dans bien des égards, nonobstant des seuils de tolérance, d’une obédience
à une autre, l’on demandera une adhésion et un ralliement de tel prétendant
avec tel autre avant d’accepter de célébrer le mariage.
Par exemple,
l’évangéliste ne se mariera pas systématiquement avec le catholique sans ralliement
à fortiori avec un musulman.
De la
dimension sacramentelle mise en évidence par l’Eglise catholique à celle de la
bénédiction avec les protestants, force est de reconnaitre que le mariage transcende
la sphère de l’institution sociale. Il est aussi du point de vue islamique, une
porte d’adoration divine.
Ce que l’on
appelle ici interdiction d’union entre individus pratiquant des religions
différentes ne l’est pas en réalité. Il s’agit plutôt d’orientation, de
régulation.
ALLAH est
Plus Sachant et tout ce qui relève de sa science contient inexorablement une grande
dose de sagesse qui peut bien paraitre amphigourique au regard du mortel. Et
dans le fond, l’Islam demeure l’une des religions les plus flexibles en matière
d’ouverture faite aux autres.
Si l’homme
reconnaît qu’il est le fruit de la création divine, qu’il est à DIEU et qu’à
Lui Seul il retournera pour rendre compte de sa part de mission sur terre, ce
qui relève de la révélation et de la croyance ne devait pas emporter sa révolte
métaphysique.
Le musulman
n’adore que DIEU et n’est soumis qu’à la loi de DIEU, éternelle, immuable et
parfaite. Du respect de la volonté divine, reste tributaire le bonheur de
l’homme. En vérité, notre liberté n’aura de valeur que lorsqu’elle s’arrêtera
là où commence celle déclinée par la divinité.
El Hadj Diabaté
Fousséni, journaliste-écrivain (contributeur)