Célébration d’une union sacrée entre deux personnes de sexes opposés, le mariage coutumier obéit à des règles, des principes, un processus parfois rigoureux, imposé à l’homme qui aspire à demander la main de sa dulcinée. Immersion chez les Malinké d’Odiénné.
Elle s’est récemment
mariée. Nafissatou Koné, originaire d’Odienné, une ville située au nord-ouest de
la Côte d'Ivoire raconte dans les moindres détails le processus de son mariage.
Première étape : la demande de la main.
Elle se fait
chez les oncles de la jeune fille, en présence de l’imam, du frère du père du
marié qui représente son père ce jour, où la liste de la dot leur est donnée.
Celle-ci s’élève à 30 000 F CFA, accompagnée de pagnes pour les mamans, des
bazins pour le père avec un peu d’argent.
« Une somme
de 50 000 F CFA m’a été remise pour que je me prépare avant de rentrer dans le
foyer. Chez nous les Malinkés, les parents biologiques ne sont pas impliqués dans
le mariage de leurs enfants. Ils sont représentés par un de leurs frères »,
explique Nafissatou, ajoutant que c’est son oncle paternel que sa future
belle-famille a rencontré, avant d’être convoqués elle et son futur époux afin
de demander leurs avis.
Autre étape
: une troisième visite de l’oncle et de l’imam revenus avec les trois premiers
colas et trois lots différents avec 10 600 F CFA.
« La dot, ce
sont des choses symboliques. Donc quand on remet ça, cela veut dire que vous
êtes déjà fiancés. Quand les parents prennent les colas, ils les partagent à tous
les membres de la famille », poursuit-elle.
C’est la
confirmation, le « oui, je le veux ». À ce stade, tout est accepté. Les jours
suivants font place aux mamans pour des rencontres. Il s’agit particulièrement
des tantes de la mariée et celles de l’époux, afin de parler des effets qu'il
faut envoyer pour le mariage, le menu, la danse.
Ici, le
mariage se fait sur trois jours. Le mercredi est consacré à la mise en chambre
de la jeune fille, jeudi pour le mariage religieux à la mosquée et puis
dimanche, la sortie de la mariée.
Pour la mise
en chambre, elle affirme que très tôt le matin, l’on fait coudre un pagne
qu’elle doit porter avec un mini-foulard pour cacher son visage. C'est un
rituel un peu islamique avec des paroles rituelles. Après que l'on a fini
d'installer la nouvelle mariée dans sa chambre, le matin, les beaux-parents
ramènent des sceaux, des poulets, des pagnes.... C'est l’étape festive car, des
griots font des chants élogieux. À partir de ce moment, la mariée ne peut plus
sortir de la chambre. Sauf si les toilettes n’y sont pas.
Le même
soir, se fait la pose de henné. C’est une pratique de cette culture qui
consiste à faire des tatouages sur les mains et les pieds de la nouvelle
mariée. Son entourage peut s’immiscer dans cette pratique sous le rythme du tam-tam.
Jeudi. Le
mariage religieux. Au préalable, un entretien est tenu avec l'imam qui pose des
questions aux amoureux sur le mariage, une des exigences de la religion.
Les « Dim-ba
» sont les marraines de la mariée qui ont pour rôle de l'accompagner à la
mosquée. Quant à l’époux, il se fait accompagner par son père biologique, ses
oncles ou amis. Ayant chacun deux témoins, l'imam leur pose alors des
questions. La fin de la cérémonie est marquée par un déjeuner.
Le «
koumkoli » est une autre cérémonie dédiée au lavage de tête, où l’on fait
prendre des ablutions à la mariée. Elle est lavée, puis lui est remis un
boubou. C’est une étape signée par des éloges des deux familles.
Dimanche.
Jour de sortie consistant à ramener la mariée chez ses parents. Les mamans font
une cérémonie de partage des pagnes. Le soir, la mariée se fait une belle
coiffure. Elle est maquillée et habillée en tenue traditionnelle sous le chant
des griots. C’est la dernière étape, symbolisant ainsi la fin du mariage.
Maurelle Kouakou