LE CONCEPT DE KHALIFAH : UNE RESPONSABILITÉ DIVINE
Le Coran établit clairement le statut de l’être humain comme khalifah (vicaire) sur Terre : « C’est Lui qui a fait de vous les successeurs sur terre » (Sourate Al-An’am, 6 : 165).
Cette position privilégiée s’accompagne d’une immense responsabilité. Nous ne sommes pas propriétaires, mais intendants, chargés de préserver et de gérer sagement la création divine. Allah dit : « C’est Lui qui vous a établis sur terre et vous a élevés les uns au-dessus des autres, en rangs différents pour vous éprouver en ce qu’Il vous a donné » (Sourate Al-An’am, 6 : 165).
L’ÉQUILIBRE COSMIQUE (AL-MIZAN)
Le concept d’équilibre est central dans la vision islamique de l’environnement. « Et le ciel, Il l’a élevé, et Il a établi la balance (l’équilibre) » (Sourate Ar-Rahman, 55 : 7). Cet équilibre naturel, minutieusement créé par Allah, est aujourd’hui menacé par l’activité humaine. Le Coran met en garde : « La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains » (Sourate Ar-Rum, 30 : 41).
LA SACRALITÉ DES RESSOURCES NATURELLES L’EAU (AL-MA’)
L’Islam accorde une importance particulière à l’eau, source de toute vie : « Et nous avons fait de l’eau toute chose vivante » (Sourate Al-Anbiya, 21 : 30). Le Prophète (SAW) interdisait formellement son gaspillage, même pour les ablutions rituelles. L’imam Ahmad (6768) et Ibn Madjah (419) ont rapporté d’après Abdoullah ibn Amr ibn al-As que le Prophète (SAW) passa à côté de Saad qui faisait ses ablutions et lui dit : « La préservation de la terre et sa cultivation sont considérée comme des actes d’adoration ». Le Prophète (SAW) a dit : « Toutes les fois qu’un musulman plante un arbre et qu’un être humain, une bête ou un oiseau en mangent, il se voit inscrire autant d’aumônes jusqu’au jour de la Résurrection ». [Muslim, riyad as-salihin n°135] (Bukhari). Il encourageait également la revivification des terres mortes : « Celui qui fait vivre une terre morte en devient propriétaire » (Abu Dawud).
Le noble Coran confirme : « Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des diables ; et le diable est très ingrat envers son Seigneur ». (Coran, 17 : 26.27)
LA BIODIVERSITÉ
L’Islam reconnaît la valeur intrinsèque de toutes les créatures : « Il n’y a pas de bête sur terre ni d’oiseau volant de ses ailes qui ne forme des communautés semblables aux vôtres » (Sourate Al-An’am, 6 : 38). Le Prophète (SAW) interdisait de tuer les animaux sans nécessité et encourageait la bienveillance envers toutes les créatures.
PRINCIPES ÉCOLOGIQUES ISLAMIQUES POUR NOTRE ÉPOQUE
La modération (Wasatiyyah)
L’Islam prône la modération dans tous les aspects de la vie : « Mangez et buvez, mais ne commettez pas d’excès » (Sourate Al-A’raf, 7 : 31). Ce principe s’applique parfaitement à notre société de surconsommation actuelle.
La préservation (Hifz)
L’un des objectifs majeurs de la Charia est la préservation de la vie sous toutes ses formes. Cela inclut la protection de l’environnement comme condition nécessaire à la survie des espèces.
Applications pratiques pour les musulmans d’aujourd’hui :
1. Conscience environnementale comme acte d’adoration
• Intégrer la dimension écologique dans notre pratique religieuse
• Considérer la protection de l’environnement comme une forme de gratitude envers Allah
• Développer une « éco-spiritualité » islamique
2. Actions collectives
• Promouvoir des mosquées vertes et écologiques
• Organiser des campagnes de nettoyage et de plantation d’arbres
• Sensibiliser la communauté aux enjeux environnementaux
3. Responsabilité individuelle
• Adopter un mode de vie sobre et durable
• Réduire notre empreinte carbone
• Éduquer les nouvelles générations aux valeurs environnementales islamiques.
La crise écologique actuelle appelle à un retour urgent aux principes islamiques de gestion environnementale. Le Coran nous rappelle : « La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains, afin qu’Allah leur fasse goûter une partie de ce qu’ils ont œuvré, peut-être reviendront-ils (vers Allah) » (Sourate Ar-Rum, 30 : 41).
Cette vision islamique de l’écologie, fondée sur le respect, la modération et la responsabilité, offre un cadre éthique complet pour faire face aux défis environnementaux contemporains. Elle nous rappelle que la préservation de l’environnement n’est pas simplement une option, mais une obligation religieuse (fard) qui témoigne de notre gratitude envers le Créateur et de notre engagement envers les générations futures.
Comme le dit si bien le Coran : « Et craignez Allah. C’est Allah qui vous enseigne » (Sourate Al-Baqarah, 2 : 282). Cette crainte respectueuse devrait nous pousser à agir de manière responsable envers Sa création, car nous serons interrogés sur notre intendance de la Terre au jour du jugement.
Abdala Koné