Mira, une jeune étudiante ivoirienne, entretient une relation amoureuse avec un bel Italien, Paolo. Très vite, ils décident de passer à une vitesse supérieure : se marier, vivre ensemble et avoir certainement de beaux enfants.
Le mariage traditionnel est célébré avec faste et couleurs, au rythme endiablé des pas de danse de la musique ivoirienne.
Les deux
tourtereaux se rendent donc comme prévu en Europe, précisément à Rome, tel un
conte de fées. C’est malheureusement là que commencera la tragédie de Mira.
Telle une descente aux enfers, le prince charmant, en réalité un redoutable
proxénète, la livre à la prostitution. Désormais, sans papier, elle appartient
à un réseau de prostitution.
Mira subira,
sans pouvoir broncher, l’enfer des damnés du sexe. Alcool, drogue, viol,
sodomie, partouze et même zoo-sexualité, font partie de son quotidien. Après
trois longs mois passés aux mains de ses bourreaux, Mira réussit, avec l’aide
de personnes généreuses, à s’échapper et à pénétrer le territoire français par
les Alpes. On y est ! Les Alpes ? Le récit se déroule comme un film.
Traverser
les Alpes ou mourir…
Ici,
l’auteur donne le meilleur de lui-même : il joue avec les mots, le son, et
projette des scènes. Le lecteur devient spectateur. La traversée des Alpes est
à la fois auditive, olfactive, visuelle, tactile. Un véritable chef-d’œuvre littéraire
et plastique !
Oumou, une
amie de mauvaise fortune de Mira qui espérait, elle aussi, goûter à ce paradis
français, succombera au cours de cette traversée…
« Et ses
(Oumou) lèvres se referment. Ses mains tombent, se tordent faiblement. La
petite fille de Kayes est étendue dans le noir, sur la neige, et j’entends
comme le chant d’une Kora siffler sur le Sahel, soulever le sable, et se
répandre dans le ciel nu du Mali d’où me vient l’appel lointain d’un muezzin, appelant
à la prière. Oumou ne tord plus les bras ; seul, entre les pierres nues, siffle
le chant de l’angoisse. Et Oumou ne gigote plus. » (p.63).
La France,
ce grand et beau pays tant recherché, tant convoité, avec ses belles avenues,
et la plus célèbre d’entre elles les Champs-Élysées. Ce pays pour lequel des
milliers et des milliers de Noirs africains meurent chaque jour sur des embarcations
de fortune.
Oui, Mira
réussira à se rendre à Paris. Mais à quel prix ? Et que lui réservera Paris la
superbe ? Le paradis français va-t-il se muer en enfer ?
Pour en
savoir plus, je vous exhorte à dévorer ce roman, qui, pour ma part, est l’un
des plus beaux romans de Maurice Kouakou Bandaman, l’actuel ministre de la
Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire.
Tout plaît
dans ce roman : la trame, le choix et la construction des personnages, le
style, la langue et même le traitement des espaces.
Très bonne
lecture et à très bientôt pour un ouvrage tout aussi palpitant.
Isabelle Kassi
Fofana (directrice de Massaya Editions)