Une danse, une musique typique du Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, le Bollo ou Bollo Super consiste à exécuter des pirouettes avec une accélération particulière de danseurs en couple sur une musique particulière. Elle est sans conteste, l’une des valeurs de la culture du groupe ethnique kroumen.
À la fois
mélodieux et des pas qui rappellent le rock et la valse des européens, le Bollo
est une danse colorée, un des pans de la culture Kroumen qui se pratique par
couple notamment, un homme et une femme, à hauteur de 8 à 12 personnes ou plus.
Le Bollo se danse dans un endroit spacieux, au cours des manifestations festives.
La chorégraphie Bollo est faite de figures circulaires, de pas et de gestes
variés, dirigés par un animateur principal.
Il s’est
modernisé avec le temps, mais garde toujours sa saveur. Le Bollo dit moderne se
joue avec de la guitare, les basses, le piano en plus des instruments de base.
Cette évolution temporelle a permis au Bollo d’entrer dans la World Music, dont
les promoteurs les plus connus sont les artistes chanteurs Kané Sondé, DjêGnafô
Joseph, BarouSebsy, Meiway entre autres.
Au départ
chanté lors des funérailles en raison de l’importance accordé au culte des
morts en pays kroumen, le Bollo s’intègre maintenant partout jusque dans les
Églises et les temples, en développant plusieurs thèmes dont la réjouissance,
la paix, les rapports entre les hommes et toutes les situations de la vie.
« C’est la
danse de chez moi, c’est mon identité culturelle », dit fièrement Mireille
Ouelepo, une koumen de Tabou.
Aujourd’hui,
la danse Bollo a subi une évolution dans son orchestration car, au départ, il y
avait un chanteur un choeur et une bouteille pour le rythme. Ce Bollo qualifié
d’originel s’enrichissant de l’accordéon, en plus de chants en langue « grebo »
prend alors le nom de Bollo traditionnel.
À l’origine,
les principaux instruments de l’exécution du Bollo étaient un tam-tam de
fabrication artisanale, un accordéon ou harmonica et des instruments de récupération
tels qu’une bouteille vide avec un petit morceau de fer et une scie de
charpentier avec également un petit morceau de fer.
Les
instruments rudimentaires, ci-dessus mentionnés, ont au fil du temps été
progressivement remplacés par ceux dits modernes.
Cette
modernisation ne change en rien, la rythmique et la cadence du Bollo.
Les Grebos,
ethnie du Liberia, ayant pratiquement des similitudes culturelles avec le
peuple Kroumen du fait de leur proximité, le Bollo traditionnel va faire son
entrée en terres ivoiriennes.
En effet,
les esclaves et les matelots Kroumen, maîtres des eaux se divertissaient après
les interminables besognes dans les plantations de canne à sucre, imitant la
danse de leur maîtres écossais, non pas dans de beaux habits mais dans leurs
désespérants haillons, leur seule protection contre ces nuits froides,
nostalgiques et au son des bouteilles vides d’eau de vie et chantant d’un seul
choeur leur détresse envers Gnessoa, le Dieu Kroumen.
C’est ainsi
qu’après leur libération au 18e siècle, beaucoup regagnent la Côte
ouest-africaine avec les marques de fouet sur le dos mais le coeur plein
d’espoir et les pieds riches d’une nouvelle danse. Ils enseignèrent alors aux
leurs, cette nouvelle danse « Bollo » en déformation de « Ball-round », en
faisant référence aux cercles formés au cours des danses écossaises, des expressions
nouvelles qui se transformeront avec le temps en langage tribal et surtout un
style vestimentaire « Highland ».
Les chefs
traditionnels revêtent désormais des chaussettes, au lieu de la jupe, un pagne,
une serviette au cou et un chapeau. Le Kroumen a donc digéré cette culture
étrangère, l’a formatée avec ses propres sentiments et l’a restituée au monde.
Maurelle Kouakou