A ma mère de Kapa Sanogo raconte les péripéties de la vie d’un adolescent d’un quartier précaire et l’amour dévoué qu’il a pour sa mère décédée alors qu’il n’avait que huit ans. Cette tragédie marque le début d’une période sombre pour le petit Papou et sa famille. Une enfance et une adolescence marquées par la misère.
Immigrés, Papou, son frère et son père sont constamment menacés d’arrestation en raison de documents administratifs frauduleux… Excédé par cette vie, le père tente une aventure en Lybie. Seul et confronté ainsi aux difficultés de survie, Papou est contraint d’abandonner ses études en classe de quatrième, alors même qu’il avait promis à sa mère de les poursuivre jusqu’à l’université.
Au fil du récit, une atmosphère de violence tant morale que physique se met en place : humiliation, rébellion, guerre civile... Des expériences qui poussent Papou et son grand-frère à se faire enrôler dans la rébellion. Malheureusement, son grand frère décède lors d’une bataille. A la fin de la guerre, dans le cadre du désarmement, Papou est démobilisé, sans possibilité de réinsertion sociale. Dépourvu de ressources, l’adolescent tombe dans la délinquance et se retrouve plusieurs fois derrière les barreaux.
Cette œuvre romanesque souligne, comme on l’a rarement lu, le lien inextricable à la mère. Cette présence, telle une boussole, qui oriente et inspire le jeune Papou. Il y tire la force de croire en la vie. Le plus remarquable réside sans doute dans la sincérité de la construction de ce récit. L’auteur insiste sur les différents obstacles que Papou a dû surmonter pour arriver à se reconstruire. Le lecteur les vit intensément.
Grâce à une ONG, Papou trouve enfin une lueur d’espoir. Une éclaircie dans sa vie. Le jeune homme reprend ses études. Il s’engage désormais dans des activités sociales visant à aider les jeunes en difficultés des quartiers précaires. Papou honore ainsi la mémoire de sa mère.
À la réflexion, Kapa Sanogo nous donne à lire un texte qui nous parle. Un texte qui donne la possibilité à chaque lecteur de questionner sa relation avec sa mère. En somme, À ma mère est un roman sympathique. Une intrigue simple, mais bien ficelée. A travers une écriture agréable et fluide. Sans fioriture. Indiquant que « la force de vouloir » reste la clé de voûte de toute réussite dans la vie.
Plaidoyer pour une meilleure prise en charge des enfants soldats, ainsi que ceux en conflit avec la loi, A ma mère apparaît comme un texte thérapeutique, un hommage non seulement à sa mère, mais également à toutes les mères.
Serge
Grah (Journaliste et
Ecrivain)
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à ma mère,
Vallesse Editions, 136 pages