S’il est une histoire à partir de laquelle on pourrait mettre en évidence l’importance de la courtoisie, c’est bien celle de la parabole des porcs-épics du philosophe allemand, Atrhur Shopenhauer.
Par une froide
journée d’hiver, raconte-t-il, un troupeau de porcs-épics s’étaient mis en
groupe serré pour se garantir contre la gelée par leur propre chaleur. Mais
tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit
s’écarter les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eut
rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu’ils étaient
ballotés de ça et de là entre les deux maux jusqu’à ce qu’ils eussent fini de
trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable.
Comme dans
le cas des porcs-épics le besoin des autres, né du vide et de la monotonie de leur
vie intérieure pousse les hommes, les uns vers les autres. Mais leurs
nombreuses manières d’être antipathiques et leurs insupportables défauts les
dispersent de nouveau.
Les
différences de culture, d’expérience, de sexe, de tempérament, d’opinions etc.
couplées à l’avènement d’une société de plus en plus individualiste se
hérissent souvent comme de véritables obstacles à une relation cohésive avec les
autres. Injures, mépris, railleries, incivilités meublent au quotidien les
rapports entre les hommes constituant ainsi, de puissants facteurs de conflits
interpersonnels. Dans ce contexte, la « distance moyenne » que les hommes
finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible est la
courtoisie au sens de politesse.
COMMENT ET POURQUOI CULTIVER LA COURTOISIE ?
La
courtoisie consiste à reproduire des comportements jugés appropriés dans des
lieux ou circonstances spécifiques et qui permettraient, telle une synovie du
corps social, de faciliter le contact et l’interaction avec les autres. Un
simple « bonjour » lancé ici, un « merci » prononcé là, sur le bon ton et au
bon moment peut s’avérer être une clé magique qui déclenchera chez l’autre de
l’enthousiasme et une bonne réceptivité à nos sollicitations. Ainsi,
contrairement à ce qu’on pourrait penser, la courtoisie n’est pas une faiblesse
qui rabaisserait son pratiquant. Elle dénote plutôt d’un esprit supérieur capable
de sacrifier ses desideratas sur l’autel de la coopération, du vivre ensemble
bref, de la cohésion sociale.
Serge Gohou
(sociologue, contributeur)