Le triomphe de la société capitaliste a largement contribué à faire décliner les formes de solidarités mécaniques traditionnelles au profit d’un individualisme omniprésent.
DANS UN MONDE DE PLUS EN PLUS INDIVIDUALISTE…
De plus en
plus, tout est fait par soi pour soi-même. Et, même les « actes de générosité »
en vertu desquels on aurait pu croire en la vitalité des valeurs d’entraide et
de partage ne sont jamais réalisés avec un esprit désintéressé. Rien n’est fait
par l’Homme qui ne soit dénué de tout intérêt pour lui prioritairement, donnant
ainsi sens au dicton populaire qui prescrit que la charité bien ordonnée
commence par soi-même.
Le mot est
lâché ! La charité.
Ce concept
hypocritement présenté comme une vertu valorisante et valorisée, ne représente
rien d’autre qu’une attitude pieuse bonne à évoquer les vendredis et les dimanches
au cours des prêches dans les lieux de culte.
Dans la
‘’vraie vie’’, l’individu, engagé dans une compétition sociale où il doit posséder
autant de biens sinon plus que les autres, est davantage sensible à tout ce qui
relève de la gestion rationnelle, voire égoïste de ceux-ci. Rechercher des richesses
pour soi, les accumuler pour soi et les consommer tout seul, tel semble être le
leitmotiv de l’Homme moderne.
Dans ce
contexte, pourquoi donc offrir aux autres une partie des ressources acquises ?
…IL NOUS FAUT CULTIVER LA CHARITÉ POUR OFFRIR DU BONHEUR À
SOI-MÊME ET AUX AUTRES
Question légitime certes, mais uniquement si on ignore les avantages à cultiver la charité. En effet, au-delà des conceptions religieuses qui présentent la charité comme une exigence partielle pour l’obtention du salut, donner de ses biens ou de son temps aux autres comporte des avantages indéniables. De prime abord, contrairement à ce que l’on pourrait penser, être charitable envers les autres ne renvoie pas à un inutile auto-dépouillement, mais plutôt à un investissement sur le bien-être personnel et collectif. Il y a, en effet, toujours de la joie à offrir aux autres, surtout si cela découle de notre volonté propre. Nul besoin d’évoquer également la joie que pourrait éprouver le bénéficiaire d’une action charitable.
De plus, d’un point de vue relationnel la charité améliore la qualité des rapports à autrui, car plus nous exprimons notre générosité vis-à-vis des autres, plus nous sommes appréciés par ceux-ci. En outre, la charité manifestée à l’endroit des autres peut favoriser chez eux une redevabilité sociale qu’ils pourraient manifester à notre égard en cas de besoin.
Par ailleurs, considérant que nous évoluons dans un monde marqué de
plus en plus par les inégalités sociales, il apparait nécessaire d’être
charitable envers les personnes moins nanties. Et ce, afin de minimiser les
risques de frustrations sociales qui, elles-mêmes, constituent l’une des principales
sources de la violence et de la criminalité.
Serge Gohou
(sociologue, contributeur)