Au cours d’une causerie, il disait : « Ça doit être intéressant, cette chose ; le pied droit sur « une « ’ de teint clair, le pied gauche sur « une » autre de teint noir, la main droite sur « une » de forme généreuse, la main gauche sur « une » dernière de forme svelte, et toi, au milieu, comme un bon roi. »
Lecture
burlesque et caricaturale, la polygamie est ainsi baptisée par lui comme « une
chose intéressante ». Au-delà des contrastes paradoxaux nés de la croisée des chemins
du machisme, des stéréotypes culturels et du règne de l’instinct génésique chez
certains hommes qui en font une « simple chose intéressante », le chemin qui
mène à la polygamie est loin d’être aussi simpliste.
Nous sommes
ici en Islam. Et à chaque mot, son quintal. À chaque message, ses circonstances
et son contexte de révélation. À chaque enseignement, sa philosophie et sa
sagesse enfouie.
Si ailleurs,
le choix et la gestion de la polygamie restent attachés au cordon ombilical des
volontés éparses, en Islam, il répond à des restrictions imposées par la
révélation divine. Tout n’est pas que physique et matériel, le spirituel étant
le plus important. Car, à ALLAH, nous appartenons ; et à Lui, nous
retournerons.
LA
RÉGULATION DE LA POLYGAMIE
Que l’on se
le dise pour acquis, la révélation islamique n’est pas la mère de l’institution
de la polygamie, mais elle s’est voulue régulatrice d’une pratique courante qui
était partagée par tous les peuples et toutes les civilisations. Au cœur de la péninsule
Arabique, la femme n’avait de valeur que chosifiée et instrumentalisée. Les
hommes pouvaient en prendre à volonté sans restriction de nombre et sans
conditions quelconques.
On trouve
aussi des traces de la polygamie dans des textes antérieurs au Saint Coran,
comme l’Ancien Testament qui évoque les cas de plusieurs sommités du cycle
prophétique. D’Abraham en passant par Jacob, David et Salomon, (que le Seigneur
les agrée !), on réalise que la polygamie n’était pas une chose prohibée et
interdite. Comment cela aurait pu être possible alors que DIEU avait promis à
David d’augmenter le nombre de ses épouses si cela l’enchantait (2 Samuel 12,
8), là où il a été Et s’il n’existe pas de textes explicites interdisant la
polygamie, le Seigneur dans Sa Sagesse Immense Sait certainement ce que nous
ignorons, comme Il le dit avec éloquence : « En vérité, Je sais ce que vous ne
savez pas ! » (S2, V30).
Là où
ailleurs, les statistiques indiquent que le nombre de femmes est supérieur à
celui des hommes, et que dans les générations à venir, même si tous les hommes
mariaient plus d’une femme, il en resterait encore, que propose-t-on à ce «
reste de femmes » ? La prostitution ou une vie déshonorante de « femmes
maîtresses » ? C’est un paradoxe tout de même cuisant de voir certains se confondre
en chantres de la monogamie, tout en ayant plus de « maîtresses » que de chemises
qu’ils portent, vivant ainsi dans le mensonge, la duplicité, l’injustice, le
péché et tous les risques de maladies que cela comporte.
Même si la
polygamie peut apparaître dans bien des circonstances comme un palliatif, elle
n’est permise qu’à celui qui peut, et non à celui qui veut. Pouvoir, c’est
veiller à être juste envers ses épouses, s’engager à leur réserver la même
affection, le même respect, le même traitement, le même soutien moral, le même
élan de compassion ; c’est s’engager à parachever leur éducation au même titre,
à assurer leur épanouissement social.
Le Coran
indique toutefois que, sur le seul plan affectif, l’homme ne peut, certes, les
aimer au même titre, mais, jamais, cela ne doit se faire ressentir ni dans ses
propos, ni dans son comportement, à la même enseigne qu’un homme à l’endroit de
ses enfants. Il est presque impossible d’aimer ses enfants au même titre, mais les
parents ont le devoir de ne pas le laisser transparaître.
L’objectif
premier de la polygamie ne doit pas être celui visant la satisfaction de la
chair ou un choix de vengeance, mais celui d’offrir à des femmes, qui le
désirent, de vivre dans un cadre de protection et d’expression de l’amour. Le
Seigneur est juste dans Ses Lois.
En Islam, la
femme peut demander le divorce si l’homme se trouve dans une incapacité à faire
face à ses désirs physiques, du fait d’une maladie quelconque. Il a ainsi un an
pour se faire soigner ou pour la libérer si elle le désire. Nul grief par
contre si elle reste, car le divorce demeure la seule chose permise comme
ultime recours, mais non conseillé en Islam et désapprouvé par DIEU.
Que serait
aussi la part de justice d’un homme, du reste, sexuellement très actif qui se
retrouve dans une situation où, pour cause de maladie chronique ou incurable,
son épouse ne reconnut à Salomon d’avoir eu plus de 700 femmes (1 Roi 11, 3) ?
La Genèse ne
révèle-t-elle pas que « Lémec prit deux femmes » (as) (Genèse 4, 19). La
révélation islamique viendra ainsi non pour instituer, mais pour réguler et
réglementer la gestion de la polygamie, en la soumettant à des exigences
fermes.
LA PORTÉE
AFFECTIVE ET SPIRITUELLE
Le mariage
en Islam, en plus d’être un contrat social, est avant tout une adoration. La
sacralité des liens du mariage exige des deux partenaires une compassion plus
affermie, un respect mutuel, une présence chaleureuse. Le traitement de l’un
réservé à l’autre doit être révélateur d’une forte présence de foi et de crainte
divine. « Craignez ALLAH, qui vous a créés d’un même être » (S1, V1). « Et
parmi Ses signes, Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous
viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de
la bonté. Il y a en cela, des preuves pour des gens qui réfléchissent. » (S30,
V21).
Et s’il
n’existe pas de textes explicites interdisant la polygamie, le Seigneur dans Sa
Sagesse Immense Sait certainement ce que nous ignorons, comme Il le dit avec
éloquence : « En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas ! » (S2, V30).
Là où
ailleurs, les statistiques indiquent que le nombre de femmes est supérieur à
celui des hommes, et que dans les générations à venir, même si tous les hommes
mariaient plus d’une femme, il en resterait encore, que propose-t-on à ce «
reste de femmes » ? La prostitution ou une vie déshonorante de « femmes
maîtresses » ? C’est un paradoxe tout de même cuisant de voir certains se confondre
en chantres de la monogamie, tout en ayant plus de « maîtresses » que de
chemises qu’ils portent, vivant ainsi dans le mensonge, la duplicité,
l’injustice, le péché et tous les risques de maladies que cela comporte.
Même si la
polygamie peut apparaître dans bien des circonstances comme un palliatif, elle
n’est permise qu’à celui qui peut, et non à celui qui veut. Pouvoir, c’est
veiller à être juste envers ses épouses, s’engager à leur réserver la même
affection, le même respect, le même traitement, le même soutien moral, le même
élan de compassion ; c’est s’engager à parachever leur éducation au même titre,
à assurer leur épanouissement social.
Le Coran
indique toutefois que, sur le seul plan affectif, l’homme ne peut, certes, les
aimer au même titre, mais, jamais, cela ne doit se faire ressentir ni dans ses
propos, ni dans son comportement, à la même enseigne qu’un homme à l’endroit de
ses enfants. Il est presque impossible d’aimer ses enfants au même titre, mais les
parents ont le devoir de ne pas le laisser transparaître.
L’objectif
premier de la polygamie ne doit pas être celui visant la satisfaction de la
chair ou un choix de vengeance, mais celui d’offrir à des femmes, qui le
désirent, de vivre dans un cadre de protection et d’expression de l’amour. Le
Seigneur est juste dans Ses Lois.
En Islam, la
femme peut demander le divorce si l’homme se trouve dans une incapacité à faire
face à ses désirs physiques, du fait d’une maladie quelconque. Il a ainsi un an
pour se faire soigner ou pour la libérer si elle le désire. Nul grief par
contre si elle reste, car le divorce demeure la seule chose permise comme
ultime recours, mais non conseillé en Islam et désapprouvé par DIEU.
Que serait
aussi la part de justice d’un homme, du reste, sexuellement très actif qui se
retrouve dans une situation où, pour cause de maladie chronique ou incurable,
son épouse ne soit plus à même d’avoir des moments intimes avec lui ?
Que doit-il
faire ? Courir les jupons ou la répudier si toutes les tentatives de la soigner
n’ont pas abouti, ou encore analyser la possibilité d’épouser légitimement une
de plus pour se stabiliser si les moyens le lui permettent ?
LES
CONTRAINTES MATERIÉLLES ET FINANCIÈRES
Les
prescriptions du Saint Coran sont sans ambiguïté. Si vous craignez d’être
injuste dans le traitement réservé aux femmes, de ne pas avoir les moyens
financiers nécessaires pour répondre à leurs besoins élémentaires, de ne pas avoir
la possibilité d’assurer à leurs enfants une éducation saine et conséquente,
alors la polygamie ne vous est pas permise. « […] Il est permis d’épouser deux,
trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de
n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule […] »
(S4, V3).
Le Messager
d’ALLAH (saw) met d’ailleurs les musulmans en garde contre leur déviance dans
le traitement disproportionné réservé à la femme. N’a-t-il pas dit que le jour
de la résurrection, les polygames injustes viendront comme des porcs, marchant
inclinés à cause des traitements injustes réservés à leurs épouses dans le
cadre de la polygamie ?
La polygamie
doit toujours répondre à un besoin qui dépasse l’exigence de la chair. Le
Prophète Mouhammad saw n’a épousé d’autres femmes qu’après la mort de sa première
épouse, à un moment où il faisait face à plusieurs défis et adversités. Ces
mariages ont été ainsi motivés par l’exhortation divine pour des raisons
diverses. Et chacun de ces mariages a été un coup d’accélérateur majeur dans l’avancée
de sa prophétie et la réconciliation des différentes tribus et communautés, ou
dans la déconstruction de certains clichés à l’encontre de la femme.
Certains
mariages ont été d’ailleurs scellés avec des femmes qui n’avaient pas
d’intimité avec le Prophète Mouhammad saw, mais juste pour bénéficier de sa
protection et pour inciter ses contemporains à ne pas mépriser la femme veuve
comme cela résultait de la pratique. Il faut apprécier ces faits dans leur
contexte culturel où la polygamie n’était pas considérée comme une antivaleur.
Et tous les
mariages du Messager d’ALLAH (saw) ont été contractés avant la révélation du
verset limitant la polygamie à quatre épouses. Après ce verset, le SEIGNEUR lui
indiquait qu’il ne pouvait plus contracter un autre mariage en donnant
d’ailleurs la possibilité à ses épouses de demander le divorce ou de préserver
ses liens sacrés du mariage. En dehors de cette dérogation, toutes les personnes
qui se convertissaient à l’Islam et qui avaient plus de quatre épouses devaient
en limiter le nombre.
Dans le
cadre de la polygamie, les femmes ont droit à la même condition de logement.
Les jours doivent être répartis entre elles de façon équitable et consensuelle.
Tout cadeau
offert doit être le même pour toutes à la fois, et ayant la même valeur. La qualité
de la nourriture et de l’habillement doit être la même pour toutes. Elles
doivent bénéficier des soins de l’époux en cas de maladie et de son secours
pour toute autre urgence.
Même au plan
des loisirs, il ne peut privilégier l’une au détriment de l’autre. Il ne peut donner
satisfaction à l’une sur le plan de l’intimité conjugale au détriment de
l’autre. Il ne peut, sous prétexte de disputes avec l’une, accorder ses jours à
l’autre sans le consentement de cette dernière.
Si elles
désirent vivre sous abreuver quatre bouches à la fois », comme le disait l’Imam
CISSÉ Djiguiba. La polygamie n’est pas non plus la source des maladies
infectieuses, si les partenaires se sont mariés sains et vivent dans la
fidélité.
Toutefois,
loin d’être la promotion de la simple chair, la polygamie répond à des besoins
utilitaires et salvateurs où seules les valeurs de justice, de respect,
d’équité, d’amour et de crainte divine doivent triompher.
Il ne s’agit
pas d’épouser pour épouser, mais d’assurer et d’assumer.
À défaut, la sagesse recommande de se contenter d’une seule épouse. Car, demain, devant le Régisseur des cieux, « toute corne cassée d’une brebis lui sera restituée », a dit le Messager Mouhammad (saw).
El Hadj Diabaté Fousséni (journaliste-écrivain, contributeur)