Chaque jour, l’expérience de l’interaction avec les autres nous fonde à les considérer soit comme des prédateurs, soit comme des acteurs-clés de notre épanouissement. Evidemment, cette vision binaire ne correspond pas à la réalité qui doit davantage être vue dans une perspective dialectique considérant l’altérité comme un mélange instable de tares et de qualités parmi lesquelles figure la capacité de ladite altérité à être une source d’énergie pour nous. Cependant, faire des autres une source d’énergie ne va pas de soi. Il s’agit d’une quête parfois difficile dont la réalisation doit obéir à des préalables.
RECONNAITRE SES PROPRES FAIBLESSES ET S’APPROPRIER LES FORCES DES
AUTRES
Avant
d’envisager les autres comme une source d’énergie face aux challenges quotidiens,
il est indispensable que nous reconnaissions nos propres faiblesses. En effet,
chacun de nous devrait normalement posséder les ressorts psychologiques d’une
auto-motivation. Il s’entend, dès lors, qu’avoir besoin des autres comme
modèles d’inspiration devrait nous faire admettre nos faiblesses. Bien entendu,
la reconnaissance de nos propres faiblesses ne peut se faire sans une opération
de comparaison avec les autres.
En clair,
c’est parce que la société globale a défini les caractéristiques de ce qu’on appelle
faiblesses que nous parvenons à les reconnaitre. De même, c’est en observant
les autres et en communiquant avec eux que nous pouvons identifier les forces
qui nous manquent et essayer de nous les approprier.
Mais capter
les forces des autres est loin d’être d’une banale opération de mimétisme. Il
faut d’abord analyser leurs systèmes de valeur et leurs codes de conduite puis
essayer de les adapter à nos propres schèmes de pensées et d’actions.
Concrètement, si un individu reconnait par exemple qu’il a du mal à s’exprimer
en public et souhaite y remédier, il doit lui-même reconnaitre sa glossophobie,
identifier des modèles d’éloquence dans son environnement et mettre tout en œuvre
afin de recevoir une formation adéquate en art oratoire.
AIMER LES AUTRES
Mais tout
cela est difficilement réalisable sans amour. Le concept d’amour pourrait
paraitre subjectif, mais il est central ici. En effet, généralement, nous nous
battons ou avons envie de nous battre et de réussir notre vie parce que nous
aimons les autres (familles, amis, etc.) et souhaitons les rendre heureux.
L’amour agit
alors comme un moteur générant l’énergie nécessaire à l’accomplissement des exploits
favorisant le bonheur de ceux qu’on aime.
Evidemment,
la haine aussi peut permettre d’aboutir au même résultat. Mais restons dans un esprit positif ! Dans une autre
perspective, faire des autres une source d’énergie suppose que l’on s’identifie
à eux.
Or, s’identifier
à autrui au point d’en faire une source d’énergie ne peut se faire que si l’on
éprouve, à minima, quelques sentiments affectifs vis-à-vis de lui.
Il nous faut
donc beaucoup d’amour et un peu d’humilité pour espérer tirer le meilleur parti
des autres. Le sacrifice peut paraitre grand surtout à l’époque actuelle
caractérisée par l’individualisme triomphant et l’égocentrisme décomplexé. Mais
le jeu en vaut bien la chandelle.
Serge Gohou
(sociologue, contributeur)