Si Dieu, dans sa grande discrétionnalité, a voulu reconsidérer la splendeur de la paternité et de la maternité, c’est sûrement parce qu’elles se présentent indispensables à la réalisation de son unique projet : amour, vie et salut.
Il faut
avant tout rappeler le caractère universel de cette norme. Le quatrième
commandement, comme tous les autres, est adressé à chacun de nous et non aux
enfants comme il a été enseigné dans les catéchuménats.
« Ce
quatrième commandement, Dieu l’a ordonné et établi parce que ses enfants sont
mal éduqués et impolis envers leurs parents », nous expliquait l’une de nos
responsables à la catéchèse.
Heureusement,
la vraie rationalité de la norme a une fonction plus verticale qu’horizontale.
Ce commandement ne met pas en lumière le rapport horizontal que devrait avoir
chaque enfant vis-à-vis de ses parents mais plutôt la relation entre le créé et
le créateur, entre le généré et le générateur, entre la filiation et la
paternité
Il y a deux
choses à saisir. La première, c’est que Jésus-Christ veut susciter en nous un
désintérêt absolu et donc une renonciation aux titres dont nous avons
naturellement droit. La seconde, c’est qu’il veut nous rappeler que la vraie
paternité qui mérite le titre de père est celle divine : « Un seul est votre
père ».
On peut
refuser son père même sans l’avoir connu. Nous ne nous rendons pas compte que nous
suscitons dans le cœur des enfants le désir d’un Dieu qui n’existe pas, et le
désirant, ils finissent par le croire.
Une
expérience négative du père peut conduire au refus de faire l’expérience de la
paternité de Dieu. Le contraire aussi peut se produire. Pour preuve, l’exemple
de Saint François d’Assise.
Indépendamment
de notre expérience avec nos pères biologiques, nous devons nous mettre tous à
la recherche du visage et du cœur de ce Père céleste dont Jésus nous a tant
parlé.
Jésus vit
par le Père. Cela se traduit en attitudes et sentiments fondamentaux :
obéissance au Père, amour du Père, admiration de sa grandeur et joie de son
souvenir. Jésus est en effet la plus belle révélation de la paternité de Dieu.
Non seulement il en parle à l’aide d’image et de paraboles, mais aussi il
l’incarne et la personnifie.
« Je fléchis
les genoux devant le Père de qui toute famille tient son nom, au ciel et sur la
terre » (Ephésiens 3, 14).
ÊTRE PÈRE, C’EST PARTAGER LE TOUT DE DIEU
Les parents
sont les premiers interpellés par ce commandement parce que ce commandement jette
une lumière singulièrement joyeuse non sur le respect que vous devez recevoir
de vos enfants, mais plutôt sur le respect que vous devez vous-même avoir sur
la paternité et maternité de Dieu dont vous jouissez non comme droit mais comme
grâce, don et privilège.
« Honore
paternité et maternité » signifie être plus conscient de la grâce qui vous est
concédée. Être père et mère est la chose la plus belle qu’une personne peut
avoir parce que c’est partager le tout de Dieu.
Un homme
peut ne pas devenir père et une femme ne pas devenir mère. Aucun ne naît père
et mère, mais on devient père et mère non pas par initiative humaine mais par
volonté divine. Cela pour dire que la première attitude indispensable pour
honorer la paternité et la maternité est la vérité avec vous-même et avec Dieu
Père. Histoire de Jean-Paul Sartre. J’espère que simplement votre relation avec
Dieu est une relation transparente. Concrètement, cela signifie qu’il faut le
reconnaître comme votre père et le père de vos enfants.
La deuxième
attitude est la joie avec laquelle doit se vivre l’être père et mère. Même sur
ce plan, les deux couples nous donnent l’exemple. Dans le magnificat et le
cantique, on lit la joie d’avoir été élevé à la dignité de père et de mère.
Avec eux, vous devez exprimer votre stupeur, votre émerveillement.
Une
troisième attitude pour honorer la paternité et la maternité, c’est d’aimer ses
enfants comme Dieu nous aime. C’est vrai que Dieu nous veut meilleurs, mais
c’est aussi vrai qu’il nous aime tel que nous sommes. Dieu nous aime en
espérance. Comme Dieu, vous devez aimer vos enfants en espérance. Vous ne devez
pas seulement aimer le fils idéal mais aimer aussi le fils réel. Ecoutez les
paroles de Paul : «vous les pères, n’exaspérez pas vos fils pour ne pas qu’ils
se découragent» (Col 3, 18-21). C’est dire positivement soyez patients
compréhensifs, sachez attendre que les fils murissent, sachez excuser les
fragilités.
Une
quatrième attitude est de corriger les enfants. Manquer à ce devoir comporte de
grands risques. En corrigeant, il faut isoler la faute et ne pas porter un
jugement négatif sur la personne. C’est plus indiqué de commencer par faire
ressortir le positif bien avant de dénoncer certaines choses.
« HONORE TON PÈRE ET TA MÈRE » : UN DEVOIR POUR L’ENFANT
Il faut
honorer les parents non pas parce qu’ils nous ont donné la vie mais parce
qu’ils sont parents. Le respect est fondé sur la volonté de Dieu. Honorer les
parents est un acte d’hommage à Dieu Lui-même ; c’est une manière de
reconnaître être généré de son amour de Père et de Mère. Le catéchisme de
l’Église catholique le dit clairement en son numéro 2248 : « selon le quatrième
commandement, Dieu a voulu qu’après lui, nous honorions les parents et tous
ceux qui pour notre bien, ont revêtu cette autorité ». Nous ne devons pas
oublier le sens du mot autorité qui signifie étymologiquement faire croître,
aider à murir. Les parents doivent être honorés parce qu’ils sont au service de
notre bien.
La première
attitude est celle de l’obéissance. Lisons Col 3, 20 : « Vous les fils,
obéissez aux parents en tout comme le Seigneur le veut ». Il s’agit d’une
obéissance d‘amour. Aimer ses parents parce qu’ils sont des dons de Dieu. Cette
obéissance se révèle dans l’écoute et dans l’accueil de l’éducation qu’ils nous
donnent. Dans le livre de proverbes, nous sommes invités à ce devoir
d’obéissance. « Mon fils, observe le commandement de ton père, ne néglige pas
l’enseignement de ta mère » (Pr 6, 20).
La deuxième
attitude est : les secours naturel et spirituel que nous devons leur donner. Il
s’agit d’une assistance relative à chacune de leur réalité (maladie, âgés ou
pauvres). La Sainte Écriture nous appelle à ce devoir d’assistance soit de
manière négative soit de manière positive. Dans le premier cas, par exemple on
lit dans sir 3, 14 : « Celui qui abandonne son père est comme un blasphémateur ».
Dans Tim 5, 8 : « Si quelqu’un ne prend pas soin de ses parents, surtout de
ceux de sa famille, celui-ci a renié la foi et est pire qu’un infidèle ». Dans
le second cas, par exemple, en Sir 3, 12-13, on lit : « Viens au secours de ton
père dans sa vieillesse. Même s’il perdait démontre-lui ta compassion » ou
encore : « Honore ton père avec tout ton cœur et n’oublie pas les douleurs de
ta mère ».
La troisième
attitude est la gratitude. Honorer ses parents signifie être reconnaissant(e) à
leur endroit (anniversaire de naissance, de mariage), savoir leur dire merci.
Merci pour la vie, pour les études, pour l’amour dont nous avons été aimé(e).
L’Écriture nous rappelle ce devoir de gratitude. Rappelle-toi qu’ils t’ont
généré. Que leur donneras-tu en échange de ce qu’ils t’ont donné ?
Père
Yvonnick Dakoury