Elle cherche encore ses marques. Entre systèmes politiques, orientations sociétales, modèles éducatifs et économiques importés la plupart du temps, elle se construit …à petits pas, en dents de scie parfois. Pourtant, les clefs de son développement semblent être à sa portée. Développement de l’Afrique : Et si nous privilégions nos cultures !
« Un peuple
qui ne connait pas son passé, ses origines, sa culture, ressemble à un arbre
sans racines », affirmait Marcus Garvey. Conséquence : il ne produit aucun
fruit ; il est dépourvu de feuillage et livré aux ‘’vents’’ amers ainsi qu’aux
intempéries de la nature et à la fourberie des âmes de petite vertu. L’Afrique est
une bibliothèque de connaissances à la fois ethnosociologiques, philosophiques,
technologiques, scientifiques et artistiques.
Un continent
riche de potentialités humaines et d’opportunités encore logées aux vestiaires.
SANTÉ
L’une des
fiertés de ce continent, contrairement aux clichés reçus, c’est sa science,
notamment une médecine pointue. La pharmacopée traditionnelle. Une autre
identité culturelle africaine. Un secteur qui attend d’être développé et
valorisé. Car l’Afrique, c’est aussi le seul continent à ne pas avoir
d’industrie pharmaceutique. « La Chine et l’Asie ont leur industrie
pharmaceutique. Il en est de même de l’Occident et l’Amérique », affirme Décaird
Kouadio, phytothérapeute, docteur en philosophie et enseignant à l’Université Félix
Houphouët-Boigny d’Abidjan.
« En Côte d’Ivoire,
il n’y a que cinq produits ivoiriens qui sont vendus en pharmacie, notamment des
alicaments, alors que cette médecine guérit des maux sur lesquels la médecine
dite moderne bute encore à l’instar du diabète ou même de l’hyper-tension etc.
», renchérit-t-il.
Une
meilleure appréciation, de cette activité, selon lui, offrirait à ce pays et au
continent une industrie pharmaceutique intéressante et une économie forte avec
des emplois durables, solides.
ÉDUCATION
Le
développement, c’est également un état d’esprit. De ce fait, le continent
africain gagnerait à développer une conscience de sa propre situation.
C’est-à-dire commencer à se reconstruire là où elle s’est perdue en se
réappropriant ses coutumes et traditions.
Révolutionner
le système éducatif africain à travers son oralité (perdue). En effet, le conte,
par exemple, avait, entre autres, la grande fonction d’éduquer l’enfant
africain, de lui ouvrir l’intelligence pour qu’il sache la différence entre la
bonté et la méchanceté afin d’opter pour le bien et s’abstenir du mal.
Le conte
apprenait à l’enfant le sens de la collaboration, de l’amitié, de la solidarité
et du patriotisme. Ainsi, cela créait-il chez l’enfant, la stabilité qui
éveille en lui le sens de l’esprit de famille.
L’enfant
africain apprenait à côté de ses grands-parents, le savoir-faire et le savoir parler
afin de pouvoir mieux vivre partout où il se trouverait, aussi bien chez lui
qu’à l’étranger.
C’est
pourquoi en Afrique, les règles de conduite sont presque les mêmes partout. Cette
unité de conduite, de compréhension, prend appui, en grande partie, sur le
conte qui est un canal servant à véhiculer des messages là où la civilisation
dite moderne a du mal à « communiquer ».
L’Afrique,
c’est aussi des valeurs. Ses valeurs ! Le respect de l’aîné, les règlements de
conflits à l’amiable, l’arbre à palabres géré et dirigé par le chef du village
ou par les anciens ayant suffisamment de maturité et une sagesse reconnues par
la communauté. Des alliances inter-ethniques permettaient et permettent encore
de fraterniser et de désamorcer de graves crises entre groupements humains. Un ensemble
de traditions qui ont donc, pendant longtemps, évité des crises à de nombreux pays
et qui lui ont fait faire l’économie de conflits entre communautés.
ÉCONOMIE
Plusieurs
secteurs d’activités, à l’instar de la pharmacopée traditionnelle, peuvent constituer
des leviers importants pour les économies africaines dont l’artisanat. L’art, en
tant que savoir-faire des tisserands, à titre d’illustration, constitue une
véritable mine d’or. Aussi, pour les tenues scolaires et académiques, la Côte
d’Ivoire pourrait opter pour des vêtements tirés du coton des tisserands dans
une perspective de commerce responsable et équitable et de consommation bio.
Les tenues vestimentaires traditionnelles Yacouba et Sénoufo, pour ne citer qu’elles,
soigneusement coupées et bien cousues pourraient non seulement valoriser la
culture ivoirienne et africaine, mais aussi concourir à booster
l’industrialisation de ce secteur et à éviter des sorties massives de nos
capitaux.
L’Afrique de
demain sera celle tissée par la génération d’aujourd’hui et son développement dépendra
de sa vision présente.
La rédaction