Parfois courts ou longs, frisés, en dreadlocks… les cheveux crépus, la tendance du moment. Les femmes d’origine africaine arborent leur crinière sans aucun complexe et tabou. La réappropriation de l’identité africaine commence par la tignasse de ces dames. Elles sont Nappy et alors ?
Fini, les
gammes de produits défrisants à vous décaper le cuir chevelu, les fers à lisser
et autres appareils qui ont servi des décennies durant à entretenir un complexe
chez la femme d’origine africaine ! Les cheveux longs, soyeux et naturellement
démêlés de personnes de type caucasien passaient pour le critère de beauté. Il
fallait rentrer dans le moule, sinon les cheveux crépus, c’est folklorique,
voire un peu sauvage.
À défaut d’avoir la chevelure des femmes occidentales, les femmes se déguisent alors avec des perruques et autres mèches. Elles se fondent dans le moule, se conforment aux idées reçues, même impérialistes, jusqu’à ce qu’elles décident de revenir à ce qu’il y a de plus naturel et ce qu’elles ont de beau : les cheveux crépus. La femme africaine s’assume jusqu’au bout du cheveu ! Plutôt dire qu’elle est bien dans ses cheveux…
NAPPY, UN MOT QUI FAIT SA RÉVOLUTION
Contrairement
aux idées reçues, en particulier au sens plutôt enjolivé que revêt le terme
Nappy sous nos tropiques, être Nappy n’avait jusque-là rien de gratifiant. Le
mot fait partie du champ lexical de ces termes qui ont pour triste gloire de
marquer les personnes d’origine africaine. Nappy et nègre font partie de la même
sémiotique. À ceci près que lorsqu’un magazine français en a fait son sujet, « Nappy
hair : à vous les beaux cheveux naturels », du côté des États-Unis, ça grince
les dents. « Nappy comme un terme a une histoire enracinée dans la subordination
de la beauté noire. Pendant des siècles, il a été craché avec la même intention
que l’autre N-mot que nous connaissons si bien. »
Ce qui apparaît comme un effet de mode est une position des Afro-américains, c’est un symbole de la lutte contre la ségrégation raciale qui a marqué au fer rouge l’Histoire des États-Unis. Dans les années 1960, les cheveux afro naturels ont pris l’allure d’une revendication identitaire, à partir d’une simple expression de style Nappy - une expression pour le moins sectaire. Une fois encore, tout comme le mot N…, pour la communauté afro-américaine, il a fallu se réapproprier le mot Nappy et en faire un style de vie fun, positif mais surtout un symbole de fierté.
PLUS QU’UNE QUESTION IDENTITAIRE, UNE ATTITUDE !
Pour les
femmes africaines, qui n’ont pas forcément la même sensibilité culturelle que
les Afro-américaines, en tenant compte du fait que l’esclavage remonte plus
loin que la ségrégation, ou qu’elles ne soient pas dans un même contexte
démographique à dominance blanche, être Nappy, c’est avant tout un état
d’esprit. C’est de cultiver la positivité, c’est d’être soi-même et en être
heureuse.
La culture
de la positivité dans ce sens n’est pas d’espérer des choses grandioses, de
rêver d’être ce qu’on n’est pas, comme d’avoir une chevelure aussi longue et
fluide que celle des femmes de types européen ou latino. La positivité ici,
c’est justement d’apprécier et de valoriser le cheveu (comme on le dit) gros
grain, le cheveu très frisé. Être une femme « Nappy », c’est un état d’esprit
qui ne s’encombre d’aucun complexe.
Si des
décennies durant, il s’est opéré une autocensure du beau à l’africaine, de par
l’Histoire, les grandes migrations et l’esclavage, ce n’est certainement plus
le cas. Être naturelle et heureuse, c’est un état d’esprit que la femme
africaine a adopté. Peu importe la nature indomptable de sa chevelure !
La rédaction