C’est à croire que ce bourg ne dort jamais. Sans jeter dans l’exagération, l’on pourrait affirmer que Blockhaus vit au même rythme que de grandes villes occidentales (ou asiatiques).
Sur ce
chapitre, ce village Ébrié, 63e du genre à Abidjan, a une longueur d’avance sur
le reste de la capitale économique ivoirienne.
À toute
heure, l’on y trouve une âme active. Le commerce tourne 24h sur 24. Des
boutiques, des restaurants, des bars, des maquis et un marché. Tout y est.
C’est la singularité de ce village, au pied de l’impressionnante tour du
Sofitel Ivoire, prêt à accueillir les amateurs de bonne ambiance.
Au-delà du
tableau festif des traditionnelles fêtes de génération, il faut compter avec
les us et coutumes. Très présents dans le quotidien des Ébriés.
LA PÊCHE ET L’ATTIÉKÉ
C’est le
classique. On ne peut pas parler de Blockhaus sans aller en pirogue sur ce qui
fait la réputation de ce village : L’attiéké et la pêche. Si la fabrication de
l’attiéké « Abodjama » est encre présente dans les habitudes, la pêche quant à
elle a considérablement baissé, du fait de l’urbanisation galopante et de la
pollution des eaux.
Néanmoins,
les bons (et gros) poissons ainsi que les crustacés ne manquent pas sur les
tables des vendeuses des restaurants et maquis (africains) de Blockhaus. Faites
un tour au Nandjelet, à Adoumin ou dans les 123 maquis du forum. Vous en
sortirez la langue et les doigts « aiguisés ».
UN STYLE DE VIE
Ce
territoire authentique a vu grandir Abidjan. Ses habitants se sont acclimatés à
la mutation urbaine et aux mœurs. Blockhaus s’en est enrichi. Çà et là, dans
les couloirs de ces habitations généralement peinturées (en extérieur), des
jeunes (scolarisés pour la plupart), toujours en groupe, à l’affût
d’opportunités professionnelles. Les jeunes femmes, branchées, ne sont pas en
reste.
Certaines
tiennent de petits magasins de chaussures, des salons de coiffure, etc.
D’autres font le commerce classique : vente d’alloco poisson, d’attieké poisson
(ou poulet), etc. Ces activités, les unes comme les autres, démontrent la
convivialité et le savoir-être légendaires de celles que l’on surnomme les «
tchabias » (la femme chez les Ébriés, ndlr).
LA PROPRÉTÉ ET LA SÉCURITÉ
Blockhaus
est une zone quasi-sécurisée, à cause – à la base – de sa police villageoise.
Son chef et son conseil (de sages) participent à faire en sorte qu’il y règne
le bon voisinage. La propreté (de proximité) aussi. Chaque (grande) famille a
la lourde responsabilité de veiller à la propreté de la cité, en imposant
quotidiennement – au moins - le nettoyage de sa devanture. Il suffit de voir la
seule et grande voie bitumée, qui traverse tout le village pour en avoir
l’illustration. Ce n’est pas forcément le cas en bordure de l’eau, mais le
village devrait profiter prochainement du projet d’aménagement de la baie de
Cocody.
DIEU ET LES AÎNÉS
Les vieillards
font partie des gardiens de cette culture. Très présents, ils servent de repère
dans toutes les décisions qui touchent à la vie de la communauté. Les soirs, on
peut les voir, assis ou se baladant, avec leur grand pagne (autour de la
hanche) et la canne à la main (pour certains) dans les rues de Blockhaus.
Le respect
des aînés est une institution. Ici, les rituels et prières aux ancêtres
prononcés par les doyens du village. Bien qu’ancré dans leur tradition
(africaine), le christianisme est devenu la seconde religion des Ébriés. La
grande église catholique et les temples de prière de Blokosso sont envahis tous
les dimanches matin. À l’unisson, hommes, femmes et enfants sont parés pour
aller rendre grâce au Seigneur.
Le détour à
Blockhaus en vaut la chandelle. À pied, 45 minutes suffisent pour partager les
rêves et les aspirations de ce village dans la ville, riche de son identité
culturelle.
La rédaction