Exigence d’introspection intime, il existe dans le creux de chaque regard, une part de ‘‘paille’’ et de ‘’poutre’’ dénoncée et décelée avec zèle opiniâtre chez autrui. Autrui, l’autre moi qui n’est pas si différent de moi. Inexorablement, chacun de nous, en s’observant dans le tribunal et le miroir de sa conscience, devait comprendre qu’il n’est pas à l’abri des ruses de l’âme, des maladies qui la courtisent parce que très souvent, la vermine ne vient que d’ailleurs.
Le tort que nous commettons, lorsqu’un vice ou une insuffisance comportementale est mise à nu, c’est de ne chercher à l’identifier que chez les autres, en étant convaincus que nous sommes hors de la mêlée, une attitude qui frise parfois la suffisance et l’orgueil, qui sont aussi des maladies de l’âme.
Croire que
notre âme est à l’abri de toute maladie est certainement la preuve première
d’un diagnostic avorté, l’expression d’un malaise certain. Mais comment en
guérir si le mal est inévitable ? Un exercice périlleux au regard des ruses de
l’âme, elle-même.
« Et par
l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ». « Et lui a inspirée son
immoralité de même que sa piété ! ». « A réussi, certes, celui qui la purifie
».
« Est perdu,
certes, celui qui l’a corrompue » s 91 v 6 à 9. Le croyant est sans cesse
invité à l’exercice de purification de son âme. Il est invité à trouver des
remèdes à ce qui la rend malade, et c’est en cet effort que revient sa part de
mérite.
GUÉRIR DE NOS MALADIES DANS NOS RAPPORTS AVEC ALLAH
La
corruption de l’âme du croyant en l’espèce, se manifeste par la duplicité dans
l’adoration, l’éloignement de la mention du Seigneur, la négligence dans les œuvres
de dévotion, l’oubli des faveurs divines dans les moments d’aisance ou de
difficultés. Toutes ces situations dépouillent la foi de sa meilleure
substance. Mais fort heureusement que l’enseignement coranique et la pratique
prophétique offrent une kyrielle d’œuvres et de pratiques spirituelles, comme remparts
à ces maladies.
La première
recette est la prière, dans le sens de la demande permanente de l’assistance
divine. Le croyant est invité sans cesse à demander à ALLAH dans ses prières
quotidiennes obligatoires ou surérogatoires, de lui accorder Sa Guidance. En
vérité, ‘‘celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer, et celui que Allah a égaré
personne ne peut le guider ». Ne jamais se lasser d’implorer cette clémence
divine en toute circonstance, comme bouclier à la tentation de l’âme.
La
fréquentation des assemblées musulmanes où la notion de Dieu intervient
systématiquement protège également l’âme de la désinvolture et de la
banalisation des prescriptions divines. « Celui qui recherche à ressembler à un
peuple en fait partie ». « Celui qui augmente les rangs d’un peuple en fait
partie », a dit le Messager d’Allah saw. La compagnie de personnes pieuses
affecte toujours positivement la santé de l’âme.
Sois avec
celui qui te rappelle Ton Seigneur et qui de par sa qualité comportementale,
t’attire vers Lui et non celui qui t’invite sans cesse à l’abrutissement moral
et spirituel.
La recherche
de la connaissance et l’application des préceptes religieux fortifient l’âme et
participent aussi du rapprochement au Seigneur, comme remèdes aux maladies
spirituelles. L’âme se bonifie toutes les fois où cette connaissance est
traduite dans le vécu quotidien. Pour atteindre une station élevée dans la spiritualité
et garantir la bonne vitalité de l’âme, le tout n’est pas d’apprendre ou de
savoir, mais d’être modelé par le savoir reçu, d’avoir un comportement agréable
qui rapproche de Dieu et qui participe de la bonne socialisation du croyant. La
foi se nourrit du savoir-vivre, du savoir-être et il faut encourager les
croyants aujourd’hui à aller à la recherche du savoir, en intégrant des groupes
d’apprentissage de la religion.
Au nombre de
ces maladies de l’âme, l’on peut citer la négligence et l’oubli qui froissent
de même, nos rapports avec Allah. L’invocation permanente et la méditation sur
les merveilles de la création divine aident dès lors notre âme à se fortifier
dans le souvenir divin. Dieu ne se limite pas aux carrés des clôtures de nos
Mosquées.
Le souvenir,
l’invocation et l’évocation doivent-être permanents. C’est cela, la crainte
divine, la conscience permanente de Dieu en toute situation et circonstance.
Évoquer avec
la langue, invoquer avec le cœur. Les exemples de maladies susmentionnées n’ont
de mérite que d’affecter spirituellement le croyant et exigent de lui, une
démarche conséquente qui consiste à manifester constamment sa reconnaissance à
ALLAH en Lui demandant toujours Son aide. Reconnaître son insignifiance, ses
faiblesses face aux incessantes tentations de l’âme et l’oubli qui conduisent
dans les ravins du péché. Même s’il lui arrivait de chuter, le Seigneur lui
ouvre toujours une porte radieuse tel qu’illustré par ce Hadith qoudssi (de source
divine) du Prophète Mouhamad saw, rapporté par Muslim et qu’il tient d’Abû
Dharr Al-Ghifari (R.A) où Allah dit « …O mes serviteurs ! Tous vous êtes
égarés, excepté ceux que J’ai guidés : alors cherchez-la guidée auprès de Moi
et Je vous guiderai ! O mes serviteurs ! Tous, vous êtes affamés, excepté ceux que
j’ai nourris : alors cherchez votre nourriture auprès de Moi et Je vous
nourrirai ! O mes serviteurs ! Tous, vous êtes nus excepté ceux que j’ai vêtus
: alors cherchez votre vêtement auprès de Moi et Je vous vêtirai ! O mes
serviteurs ! Vous péchez nuit et jour, et Je pardonne les péchés : alors,
recherchez votre pardon auprès de Moi, et Je vous pardonnerai ! »
C’est dans
le souvenir permanent que la foi se forge et se vivifie et cela constitue un
frein aux susurrements sataniques et toutes les ruses perfides de l’esprit
malin. Le diable échoue à égarer l’âme de celui qui s’engage dans la quête de
la proximité divine dans la sincérité du cœur et de la foi. S15 (Al-Hijr) V42 :
« Sur mes serviteurs tu n’auras aucune autorité, excepté celui qui te suivra
parmi les dévoyés ».
L’âme peut
parfois trahir l’individu dans ses rapports avec les autres, un état de fait
qui nécessite un effort de discipline Permanente.
CAS DES MALADIES DANS NOS RAPPORTS AVEC LES HOMMES
Pour ne pas
être le prisonnier de sentiments haineux, petits et aigres vis-à-vis des
autres, il est important de méditer sur ses faiblesses et sur les raisons de la
chute du diable, par rapport aux sentiments de supériorité et à l’orgueil. Le
diable n’a pas péri par ignorance, mais à cause de son orgueil :
« Je suis
meilleur que lui (Adam) dit Iblis. Tu m’as créé de feu et tu l’as créé
d’argile. » S 38 v79. Chaque fois que vous voulez vous comparer aux autres pour
en tirer un satisfécit béat, dites en vous-mêmes, que le peu dont vous disposez
ne vient que d’ALLAH, et qu’il y a plus méritants que vous. Il s’agit d’exiger
de soi, plus de rendements et de résultats.
Pour les
sentiments néfastes comme la jalousie, l’envie démesurée, qui font naître la
cupidité, l’une des recettes pertinentes existe dans la prière secrète au
profit de la cible de notre vilain sentiment. En effet, selon un enseignement prophétique,
les Anges répondent par « Amine », au profit du croyant qui prie intimement et
sincèrement pour son prochain et demandent donc à Dieu de lui accorder les mêmes
faveurs.
Pour se
libérer du carcan de la jalousie maladive ou de la rancœur, il suffit de prier
discrètement pour la personne, en demandant à Allah de lui accorder sa
guidance, d’augmenter ses bienfaits et de lui épargner tout mal.
Même si
autrui est dans une dynamique d’adversité maladive et maladroite, une telle
prière faite avec sincérité et amour suffit comme protection pour étouffer
toute nuisance venant de lui. Quoi de plus normal d’ailleurs, quand le Seigneur
nous enseigne qu’on ne fera Miséricorde à celui qui ne pardonne ? « Que Celui
qui veut que Le Seigneur Qui est là-haut lui fasse Miséricorde, qu’il fasse
Miséricorde à ceux qui sont sur la terre et qui sont les fruits de la
Miséricorde de Celui Qui se trouve là-haut », a dit le Messager d’Allah, saw.
La jalousie
maladive et haineuse doit-être combattue avec toute la force de l’âme, parce
qu’elle perverti la foi et compromet les efforts de rapprochement du serviteur
à Son Créateur. « Ne convoitez pas ce en quoi ALLAH a donné aux uns d’entre
vous en excellence sur les autres... ». « Vont- ils être jaloux des gens de ce
qu’ALLAH leur a donné de par sa grâce ? » S 4 v 32,54.
Un homme
vient trouver le Messager d’Allah et lui dit : « O Envoyé d’ALLAH, indique-moi
une œuvre qui, si je l’accomplis, me fera aimer d’ALLAH et des hommes »
Le Prophète
répondit : « Renonce à ce monde et ALLAH t’aimera, ne convoite pas ce que les
hommes possèdent et les hommes t’aimeront. »
Le musulman
doit lutter également contre la médisance, considérée en Islam comme du
cannibalisme. C’est une maladie de l’âme que de catégoriser ou juger des
individus à partir de la simple apparence sans les connaître. D’ailleurs, dans
bien des cas, le juge n’est que la photocopie conforme de l’image incriminée
chez les autres. Alors, ce qu’il faut faire en pareille circonstance, c’est
d’apprendre à se mettre à la place des autres. « Et s’il s’agissait de moi ? Et
si je surprenais autrui en train de manger ma propre chair de la sorte ? Il
faut ensuite s’exercer à ne parler et ne retenir que du bien des autres. Leur
apporter assistance en cas de nécessité et n’espérer que d’ALLAH en sachant que
cela est un acte de grandeur et non une faiblesse : Abû Hurayra (R.A) rapporte ces
propos du Messager d’Allah (B&S sur lui) : « Un serviteur ne cèlera pas les
défauts d’un musulman sans qu’Allah ne cèle les siens le jour du jugement »
(Muslim).
À la clé de
tous ces remèdes contre les maladies de l’âme, se trouvent trois (3) recettes
en dehors desquelles, nos efforts dans le cheminement spirituel resteront
vains. L’humilité, la sincérité et l’amour d’autrui qui aident non seulement l’âme
à guérir, mais qui la protège des parasites spirituels.
Heureux,
celui qui chaque jour, essaie de se parfaire et de se rapprocher d’ALLAH.
L’amour effréné du bas monde et de ce que possèdent les autres, la distraction
qui naît de la course aux richesses éphémères exposent l’âme à la dictature de l’ivresse
et de la jouissance éphémère.
Aimer la
compagnie des pauvres, partager leur quotidien, permet aussi de relativiser la
vie. Le fait de visiter régulièrement des endroits tels que les cimetières, les
hôpitaux, les orphelinats et les personnes vulnérables, aide le cœur à se
dépouiller de ses artifices pompeux, tel le rang où le statut social.
La lutte
pour la victoire de l’âme est permanente. Elle n’est jamais gagnée ou perdue
d’avance, les mieux logés étant ceux qui craignent Dieu, qui traduisent leur
foi dans leur quotidien comportementale et procèdent à un repentir sincère
lorsqu’ils commettent des péchés. Les désirs et les passions sont des poisons
pour l’âme.
Le jeûne
surérogatoire, les prières nocturnes, la lecture constante et permanente du
Saint Coran aident à sa purification. Et dans cet enseignement prophétique, il
y a une suite de solutions dynamiques à la haine et la jalousie.
« Nul n’aura
le paradis, s’il n’a la foi en Allah. Nul n’aura la foi s’il n’a de l’amour
pour les autres. Voulez-vous que je vous dise une chose qui si vous la
pratiquez, vous aurez l’amour, les uns pour les autres ? Répondez le Salam (la
salutation, la paix entre vous) » et dans un autre enseignement, « offrez-vous »
des présents, car cela répandra l’amour notre vous ». Seigneur mon Dieu, purifie
notre âme, pardonne nos errements et protège-nous de toute déviance à même d’attirer
ta colère. Amine
El Hadj Diabaté
Fousséni, journaliste-écrivain