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INFRASTRUCTURES PUBLIQUES NUMERIQUES

Faire de la Côte d’Ivoire un hub regional

Faire de la Côte d’Ivoire un hub regional © Esprit Magazine

Les infrastructures publiques numériques sont des approches de la transformation numérique qui mettent l’accent sur les solutions ouvertes. C’est un tremplin pour la Côte d’Ivoire pour accélérer la prestation de services publics numériques, catalyser l’innovation du secteur privé et stimuler son développement durable.

 L’économie numérique africaine vaudrait 712 milliards $ d’ici 2050, soit 8,5 % du PIB continental. Ce secteur vient ainsi justifier la mise en œuvre des initiatives pour la transformation numérique dans plusieurs pays d’Afrique, parmi lesquels la Côte d’Ivoire, qui accélère son processus.

En effet, la Côte d’Ivoire a amorcé un vaste chantier de transformation numérique. Porté par le ministère de la Communication et de l’Economie Numérique, ce chantier regroupe plusieurs réformes, dont l’adoption de la Stratégie Nationale Numérique, avec pour objectif de faire de la Côte d’Ivoire un hub numérique régional. Cette stratégie repose sur sept piliers stratégiques identifiés : les infrastructures numériques ; les services numériques ; les services financiers numériques ; les compétences numériques ; l’environnement des affaires ; l’innovation et la cybersécurité. 

A cet effet, le ministre de la Communication et de l’Economie numérique, Amadou Coulibaly, a initié plusieurs assises visant à assurer la couverture du territoire en réseaux à haut débit, promouvoir l’accès à l’Internet à haut débit, renforcer l’infrastructure numérique de l’administration et promouvoir l’accès aux services postaux.

Dans cette course à la digitalisation, le pays s’adosse sur les Etats-Unis d’Amérique. Le 27 juin 2023, Amadou Coulibaly a procédé à la signature de deux mémorandums d’entente avec le consortium américain Cybastion Institute of Technology. Ces accords ont pour but d’accompagner la Côte d’ivoire dans la réalisation de deux projets numériques majeurs, notamment la création d’une cité administrative et la construction d’un centre de données.

A travers ces engagements, la Côte d’Ivoire formalise un partenariat qui vise, dans le cadre de la souveraineté numérique, à rassembler sur un seul site, toutes les structures de l’Etat qui interviennent dans le domaine de l’économie numérique et à sécuriser les données de l’administration dans un centre de données de secours. Cependant, pour réaliser son programme d’infrastructures numériques, des investissements s’imposent. A ce propos, le ministre Amadou Coulibaly a déclaré, le 28 octobre 2022, lors de la 10ème édition de la CGECI Academy, que la Côte d’Ivoire a besoin de plus de 2 000 milliards FCFA (3 milliards $).

La somme indiquée par le ministre est destinée à la construction du Centre national de données et à l’achèvement du projet de développement du réseau national de fibre optique. Ce projet permettra de regrouper, en un seul endroit sécurisé, l’ensemble des services publics que dématérialise actuellement le gouvernement, et garantira leur efficacité. De plus, deux autres projets sont prévus pour 2025. Ils s’ajouteront à ceux qui sont prévus dans le cadre de la réalisation de la stratégie nationale de développement du numérique et qui contribueront à soutenir le développement économique national.

Ces projets s’inscrivent dans la stratégie nationale de développement du numérique à l’horizon 2025, élaborée sous la houlette du ministère chargé de l’Economie numérique et adoptée lors du Conseil des ministres du 22 décembre 2021. La stratégie va amener le gouvernement à engager 32 réformes et à réaliser 96 projets, sur la période 2021-2025, pour cet investissement de 2 000 milliards FCFA, rappelle We Are Tech.

 Selon la Banque mondiale, si les investissements annoncés parvenaient à être mis en place, l’économie numérique pourrait rapporter à la Côte d’Ivoire plus de 5,5 milliards $ d’ici à 2025 ; et plus de 20 milliards $ d’ici à 2050.

Le déploiement de la 5G, un signal fort 

Cette année, l’Etat ivoirien a adopté une feuille de route pour un déploiement sécurisé de la technologie 5G dans les cinq villes qui abriteront la CAN 2024, notamment, Abidjan, Bouaké, Korhogo, San-Pedro et Yamoussoukro. Selon le gouvernement, la 5ème génération de réseaux mobiles, dite 5G, annonce des avancées technologiques majeures. Il s’agit d’une révolution fulgurante du numérique dans les secteurs de l’énergie, des médias, de l’industrie et de la santé. Toute chose qui en fait un enjeu stratégique et qui permettra d’améliorer la compétitivité de l’économie ivoirienne, de renforcer l’innovation technologique et de favoriser la transformation des services. Par ailleurs, cette feuille de route émane d’une réflexion collective, initiée depuis 2019 par l’Autorité de régulation des télécommunications (ARTCI), et dont l’apogée s’est déroulée dans le cadre du forum sur la normalisation des Télécommunications/TIC. Elle fixe quatre grands objectifs stratégiques. Premièrement, réaménager, libérer et attribuer des fréquences radioélectriques (définition des conditions techniques d’usage et de répartition des bandes de fréquences), avec l’appui technique des structures publiques dédiées et la collaboration des opérateurs privés de télécommunications. Deuxièmement, susciter une dynamique de l’écosystème numérique autour de la 5G. Ensuite, créer un environnement propice au développement de la 5G et enfin, accompagner le développement des infrastructures 5G. Annoncé depuis 2021, la 5G n’est pas encore effective.  En attendant, un LAB a été mis en place pour permettre aux entrepreneurs de tester toutes les potentialités offertes par cette 5e Génération.

Dans sa volonté de développer les infrastructures publiques numériques, la Côte d’Ivoire enchaîne les rencontres internationales avec des investisseurs et des acteurs du secteur public et privé. Le ministre Amadou Coulibaly les encourage constamment à saisir des opportunités de rencontrer et de collaborer avec les entreprises étrangères leaders dans le domaine, afin de faire de la Côte d’Ivoire, un hub régional de l’industrie numérique.


Témoignage

Yena Kignaman-Soro

Manager Cybersécurité (Ciberobs Consulting)

« Depuis 2021, la Côte d’Ivoire a renforcé son positionnement dans le secteur des infrastructures numériques, à travers la Stratégie nationale de développement numérique, qui se termine en 2025.

Cette stratégie, axée sur le renforcement de la cybersécurité et de la confiance numérique, s’articule autour de sept piliers ; dont deux d’entre eux se distinguent. Il s’agit du Cyber Africa Forum, qui est une plate-forme d’influence qui réunit les leaders des secteurs publics et privés, et qui les invitent à discuter de stratégie de cybersécurité dans la sous-région. Ensuite il y a le CI20, une autre plate-forme, qui rassemble tout l’écosystème des startups et qui essaie d’éclore et de donner une impulsion régionale à cette initiative ; afin qu’elle embrasse la vision de développement économique, sociétal et de formation envers la population.

A travers ces deux évènements dédiés, la Côte d’Ivoire se présente déjà comme un hub digital, qui rassemble les acteurs du secteur. Ceux-ci pourront ainsi discuter, échanger, prendre les décisions, qui permettront d’avoir un impact sur la sécurité de l’information et sur la manière de profiter du numérique aujourd’hui. C’est un point non négligeable dans l’environnement dans lequel on se trouve. De plus, cela montre que la Côte d’Ivoire reste un espace de rencontre essentiel pour les acteurs de la sous-région. Dans une dynamique de perpétuelle évolution, le secteur privé, premier à évoluer dans le numérique, à travers ses services bancaires ou encore ses industries, est constamment à la recherche d’un environnement d’innovation continue. C’est la raison pour laquelle, il y contribue largement. D’autant plus qu’il a les moyens financiers conséquents pour le faire ! »

 

Maurelle KOUAKOU

 

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