Deux mois à peine… Deux drames insoutenables. Deux jeunes vies brisées, toutes deux issues de l’Institut national de formation des agents de santé (INFAS).
Ce mardi 7 octobre 2025, à Abengourou, aux environs de 5h50, une étudiante inscrite en première année à l’INFAS a été poignardé à mort à son domicile.
Le principal suspect n’est autre que
son petit ami.
Selon les premières informations,
après son acte, il aurait tenté de se donner la mort avant d’être conduit
d’urgence au CHR d’Abengourou, où il se trouve actuellement sous surveillance
policière.
Deux mois plus tôt, le 8 septembre
2025, un autre drame similaire secouait le pays.
Tra Lou Grâce, étudiante en deuxième
année à l’INFAS d’Abidjan, était poignardée mortellement par son compagnon à
Port-Bouët.
Deux histoires, un même schéma :
l’amour transformé en tragédie.
Des jeunes femmes victimes de la
jalousie, de la possessivité et du contrôle d’hommes incapables de gérer leurs
émotions autrement que par la violence.
Ces drames révèlent une urgence :
parler, sensibiliser et éduquer sur les dangers des relations toxiques, même
dans les milieux jeunes.
Ces deux jeunes femmes, pleines de
rêves et de promesses, n’auront pas eu le temps d’embrasser le métier qu’elles
préparaient avec passion : celui de sauver des vies.
Des chiffres qui
interpellent
Les enquêtes menées par des ONG
locales apportent un éclairage alarmant sur la situation :
CPDEFM (2019 2020), Citoyennes pour la
promotion et défense des droits des enfants, femmes et minorités, fondée par
Sylvia Apata, a documenté cinq formes de violences : mariage forcé, viol,
excision, pédocriminalité et féminicide.
o L’étude
a couvert six communes d’Abidjan et interrogé 5 556 personnes.
o Résultat
: 416 féminicides recensés sur deux ans, avec Abobo comme commune la plus
touchée (125 cas). Le rapport souligne que beaucoup de ces crimes restent
invisibles ou sous-déclarés, alimentant le silence autour des violences faites
aux femmes.
ORAF (2022 2024), Organisation pour la
réflexion et l’action féministe, a présenté un monitoring médiatique lors d’une
conférence à Cocody en février 2025.
o 46
cas de féminicides recensés sur trois ans : 12 en 2022, 18 en 2023, 16 en 2024.
o La
majorité des victimes étaient âgées de 20 à 30 ans (30,4 %).
o 44,7 %
des crimes ont été commis avec des armes blanches, illustrant un continuum de
violences pouvant mener à la mort.
o Abidjan
reste la ville la plus touchée, avec Yopougon en tête des communes concernées.
Ces chiffres montrent que les
féminicides ne sont pas des faits isolés mais le symptôme d’un problème
systémique, nécessitant une prise de conscience collective.
F.B