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Les autres et moi

La blemmophobie : Apprendre à affronter le regard des autres

Ai-je la forme physique ou le niveau requis de culture, de revenus, d’élégance, etc., pour m’engager dans une relation amoureuse, m’intégrer dans un groupe de pairs, échapper à certaines formes de discriminations ? Serai-je à la hauteur de la tâche que les autres attendent de moi au travail ? Que faire pour plaire aux autres ?... Ce genre de questions, nous nous les posons quotidiennement. Elles nous tracassent et nous amènent dans le même temps, à réaliser l’influence du regard des autres sur notre bien-être.

il y a 1 an

L’INFLUENCE DU REGARD DES AUTRES

Le regard des autres peut être déterminant dans nos vies. Ce regard, c’est celui de la famille, des connaissances, de la communauté religieuse, de l’Etat, voire de Dieu lui-même. Ce regard nous suit partout et nous contraint à tenir compte de son jugement. Sous ce rapport, le regard des autres peut avoir une vertu socialisante, car il permet d’apprendre des valeurs ou d’adopter des comportements admis dans la société.

Par exemple, c’est généralement pour conserver une bonne réputation auprès des autres que nous nous gardons de nous impliquer dans des activités illicites. Cependant, dans bien des cas, le regard des autres peut apparaitre inquisiteur et nous contraint au conformisme.

Or, en agissant selon la volonté les autres, il devient difficile, voire impossible d’affirmer notre singularité et de participer à la transformation positive de la société. Il n’y a qu’à voir l’influence positive de l’anticonformisme de Rosa Parks dans ce bus de Montgomery sur le mouvement des droits civiques en 1955 aux Etats Unis, pour s’en convaincre !

RECETTES POUR DOMPTER LE REGARD DES AUTRES

Affronter le regard des autres n’est pas souvent aisé. Mais l’on pourrait le faire en pratiquant ce qu’on peut qualifier de conformisme d’innovation. Il s’agit ici d’accepter les objectifs proposés par la société, sans forcément en partager les moyens pour y parvenir.

De ce point de vue, la réussite sociale correspondrait, par exemple, au fait d’avoir beaucoup d’argent sans forcément utiliser la corruption qui, dans la plupart des sociétés humaines, est devenue un moyen « normal »’ d’accès et d’accumulation de capitaux économiques.

Cette approche a le mérite de faire baisser la pression contraignante du regard des autres, puisqu’on apparait moins différent d’eux, tout en gardant une certaine singularité.

Dans une autre perspective, on pourrait essayer de développer une grande confiance en soi sans forcément tomber dans la suffisance, lorsqu’on a la conviction d’être dans le vrai ou le juste, la probabilité d’avoir une oreille attentive aux opinions et pratiques des autres est faible. Par contre, on devient plus enclin à demander conseil ou à faire comme tout le monde, lorsque nous sommes dans l’incertitude ou que nous doutons de nos propres capacités à gérer sereinement la réalité.

En définitive, au-delà de ses qualités socialisantes, le regard des autres peut être stressant et invasif dans nos vies. Cependant, adopter le conformisme d’innovation et développer la confiance en soi, pourrait permettre d’y faire face, sans être mis au ban de la société.

Serge Gohou (sociologue, contributeur)