LES STEREOTYPES, QU’EST-CE QUE C’EST ? Les stéréotypes sont des images quasi consensuelles, figées et simplifiées qui sont créées en généralisant le comportement de quelques individus à un groupe entier. Ils s’insèrent dans une logique essentialiste dans laquelle on tente d’expliquer ce que les gens font (comportements) par ce qu’ils sont (ethnie, genre, profession etc.).
Quand ces stéréotypes sont positifs ou servis avec humour, ils
sont généralement acceptés et parfois perçus comme valorisants même si leur
véracité n’est pas rigoureusement établie. Ainsi, un habitant de la commune de
Cocody, dans le District d’Abidjan, aurait tendance à accueillir positivement
des stéréotypes qui établiraient que : « Les gens de Cocody sont riches », même si lui-même vit dans des conditions de vie
précaires. Idem pour la plupart des gens d’ethnie Bété qui pourraient être
prompts à valider la vision stéréotypée qui voudraient que les individus
appartenant à ce groupe soient tous hospitaliers et ennemis de l’hypocrisie. La
théorie est belle mais la réalité est beaucoup plus nuancée. Face à cette
réalité, certaines personnes qui continuent de croire aux stéréotypes
pourraient être incrédules ou déçues. Elles seraient assurément et davantage
moins heureuses s’il s’agissait de stéréotypes négatifs les concernant
elles-mêmes. Pas sûr, en effet, que la gent féminine (ivoirienne surtout)
apprécie ou acquiesce le stéréotype qui les construit comme « vénales » ou encore
que tous les Noirs acceptent le qualificatif dépréciatif de « paresseux » dont ils sont souvent affublés. Personne n’aime
être systématiquement indexé et jugé surtout si cela se fait sur la base d’une
supposée appartenance à un groupe de genre, racial, ethnique,
socioprofessionnel etc.
Les conséquences des stéréotypes
Être victime d’un stéréotype peut saper la confiance en soi et
surtout exposer à une marginalisation sociale qui peut prendre des formes
dramatiques. Il ne faut pas oublier que la construction et l’utilisation de
stéréotypes, surtout négatifs, sur certains groupes sociaux peut servir à nier
leur humanité et à justifier des dérapages ainsi que des monstruosités commises
contre eux. Ce fut le cas des Africains traités de « sauvages » et de « sous-hommes » avant d’être réduits en esclavage et de subir le racisme. Ce fut
également le cas des juifs d’Europe ou des tutsi du Rwanda qui ont été
considérés comme des « usuriers » et des « barbares » avant d’être animalisés en « rats »
ou en « cafards » puis de connaître une quasi extermination.
Ce qu’il faut pour y faire face
La dangerosité des stéréotypes provient du fait qu’ils sont
considérés comme des axiomes, c’est-à-dire des informations qui n’ont jamais
été vérifiées objectivement mais qui sont considérées comme vraies. Il faut
donc sortir de l’enchantement des stéréotypes. Qu’on en soit utilisateur ou
victime, il est important de savoir que les stéréotypes ne cessent pas d’être
des catégorisations a priori de l’autre même si on est convaincu de leur
véracité. Hitler était certes un nazi allemand, mais tous les Allemands
n’étaient pas des nazis. D’ailleurs, de nombreux Allemands ont été qualifiés de
« justes parmi les
justes » car ils ont
risqué leurs propres vies pour sauver celles de plusieurs juifs. Partant, il ne
faut pas accorder plus d’importance aux stéréotypes qu’ils n’en ont. N’ayant
objectivement aucune valeur scientifique, les stéréotypes devraient perdre tout
le crédit qu’on continue malheureusement de leur accorder. Tous nous devons
davantage construire nos représentations et notre relation aux autres sur la
base du contact et de l’interaction au lieu de se fier uniquement à ce qui se
dit d’eux.
Serge GOHOU
Sociologue