Entre art et simple activité, l’on hésite à classer la photographie. Si une chose est tout de même évidente, c’est que capter un temps, une image, est tendance. Œuvre d’art, shooting photo, souvenir arraché à la volée ou selfie. La photo est d’abord l’expression d’une émotion. Un instant de vie. Reportage.
La photo prend une place inéluctable dans notre quotidien. Cette
tendance s’est davantage accrue avec l’avènement d’Internet et des réseaux
sociaux. En un clic, une image est captée puis partagée au monde entier. Le
numérique a véritablement révolutionné le domaine. La créativité n’est plus
limitée à la captation d’une scène de vie qui n’aura de vie que sur pellicule.
La photographie n’a plus de limites. Dans ce sens, les
photographes font montre d’une ingéniosité artistique. C’est certainement la
raison pour laquelle Henri Cartier-Bresson fait cette affirmation :
« Le temps court et s’écoule et notre mort seule arrive à le
rattraper. La photographie est un couperet qui dans l’éternité saisit l’instant
qui l’a éblouie. »
La photographie, une œuvre d’art
Paul Sika, « photomaker » ivoirien, a cette particularité d’allier cinéma et photo.
Rencontré dans le cadre exotique d’un salon de thé, il nous explique que l’art
est, avant tout, l’expression la plus aboutie d’une œuvre. La capacité à créer
le magnifique.
« Le magnifique est quelque chose qui dépasse le temps. L’art, en
photo, est ce qui change notre respiration à chaque fois qu’on l’observe. Qui
donne envie à chaque fois et qui est gravé dans un coin de la mémoire. Une
photo qui surprend toujours par sa beauté, sa luminosité. », souligne l’artiste.
Les plus belles prises de vue viennent de l’instantané, celles qui
sont impulsées par l’intuition.
Cela fait partie du travail de photographe de voir au-delà du
commun, de percevoir « la magie » dans une scène que l’on pourrait qualifier de banale, « garder en lui de la
réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois », comme le dit Bill Grandt, photographe
britannique. Pour notre photomaker, comme il préfère se faire appeler,
l’intuition en photographie s’appuie surtout sur l’expérience.
« L’intuition peut être parfois si développée que, lorsque vous
êtes dans l’action, vous sentez quelque chose dans votre dos et vous shootez.
Et là, vous savez que vous avez la photo. Et […] c’est juste magnifique !
Au-delà des grandes lignes de mise en scène, il y a de petits
détails, comme la forme des mains, tout ce qui est position, le regard, les
pieds. Tout cela est évalué pour pouvoir avoir une harmonie dans l’instantané.
Lorsque tout le monde (acteur, assistant lumière, photographe scénariste) est
inspiré, cela donne un résultat que l’on n’imagine pas. Il y a toujours une
place pour un merveilleux inattendu. », nous explique Paul Sika, le regard passionné.
La photographie, la
revendication d’une vision
La photo, œuvre d’art, n’est rien d’autre que la captation d’une
scène. Une façon de figer, dans l’esprit, un moment, une image, une entité.
Elle peut être également une sorte de revendication. Une façon d’être. C’est le
cas du top-modèle Laetitia Ky, jeune Ivoirienne et « passionnée d’art sous
toutes ses formes ».
Cette femme, au teint noir ébène, a choisi la photo comme moyen d’expression.
Une originalité dans ses poses et dans sa scénarisation qui alloue un effet
excentrique à la photo.
« Pourquoi la photographie ? L’Homme est une créature visuelle. La
quasi-totalité des informations qui l’entourent sont perçues avec les yeux. Les
images qu’il ne comprend pas au premier coup d’œil attisent sa curiosité. Une
image sans légende peut être comprise de la même façon sur toute la planète et
transcende la barrière des langages. C’est l’une des raisons qui font dire : ‘‘
Une image vaut mille mots’’. En plus de tout cela, les images provoquent des
émotions fortes, des sentiments et font rêver. Elles restent facilement ancrées
dans la mémoire »,
explique-t-elle.
Photographie et réseaux sociaux
Laetitia Ky a trouvé le moyen de toucher le monde par la photo, à
travers les réseaux sociaux. Sur l’un d’eux, dédié à la photographie, Laetitia
publie des photos d’elle, mises en scène avec un style « décalé ».
« La photographie est aujourd’hui à portée de main. On peut tous
en faire avec nos smartphones (un peu comme dans mon cas) et il ne faut pas
beaucoup de moyens pour produire une image créative. J’adore Internet, les
réseaux sociaux. Grâce à ces canaux, je découvre de nouvelles personnes. Des
artistes qui m’inspirent et m’influencent d’une façon ou d’une autre. Mes types
de photographies favorites sont le surréalisme, mais sans photomontage (je suis
une grande rêveuse et voir des mises en scène incroyables faites avec des
éléments existants me fascine), la photographie vintage avec les couleurs assez
spéciales, le grain, l’univers bien particulier », s’emballe notre top-modèle, à l’évocation de la
question de la relation entre la photographie et les réseaux sociaux.
La
photographie se réinvente à chaque époque. Une photo, qu’elle soit à un niveau
d’excellence ou dans sa forme d’expression la plus basique, n’a pour magie que
l’arrêt sur image.
Selfie
Lorsque Koffi Olomidé, dans sa chanson «
Ékotité », tonne « Zanga photo ! », on parle des selfies. Ces autoportraits
réalisés avec les caméras frontales des smartphones. À la portée de tous, ce
sont des milliers de selfies qui sont postés par jour sur les différents
réseaux sociaux. Facebook, Instagram, Snapchat, etc. Et, dans ce domaine, les
internautes ne manquent pas d’imagination.
Toutes
les postures sont exploitées. L’idée étant d’être vu(e). La photo est désormais
instinctive. Elle est ancrée dans nos habitudes. Heureux(se), triste, ou
ennuyé(e), tous les moments sont bons pour un selfie. Zanga photo ?
CD