Elles sont nombreuses les télévisions africaines mais, le sont-elles autant pour la promotion des valeurs culturelles du continent ? Simple question. Le refus de l’aliénation de nos chaînes audiovisuelles, un pari à prendre.
1926 : l’écossais John Baird invente la télévision. Depuis, l’influence de cette technologie sur le monde occidental n’a cessé de s’accroître. Quand elle est introduite en Afrique dans les années 1960, elle modifie également les habitudes et le mode de vie de ses peuples. Un bouleversement qui va encore crescendo.
Style vestimentaire, goût musical, alimentaire et cinématographique,
opinion africaine de l’Europe, opinion africaine de l’Afrique surtout.
Tout passe à la trappe. La télévision phagocyte la
culture africaine avec presque, la bénédiction des Africains. On pourrait
penser à une nouvelle colonisation si ce n’est une aliénation.
Le constat est mitigé, pour certains, amer pour
d’autres, qui assistent, malgré eux, au renversement des valeurs, des us et
coutumes.
DE LA
SOUVERAINETÉ CULTURELLE
« Il est impératif de faire la promotion des valeurs
culturelles africaines, de présenter l’image de l’Afrique malgré les difficultés
et les crises qu’elle connait, car en dépit de ses maux, elle essaie de s’en
sortir. Il est indispensable de montrer l’authenticité de notre continent et de
refuser les standards européens, américains », propose le réalisateur de
cinéma, Olivier Koné.
De la même façon que les films américains véhiculent l’idéologie
américaine, l’Afrique devrait également véhiculer et promouvoir sa culture car
ce continent a beaucoup de trésors à explorer. La proposition de productions de
contenus locaux doit être mise en avant. Il faut surtout soutenir les acteurs
et cinéastes africains ou ivoiriens qui font de très belles choses plutôt que
de diffuser des télénovelas indiennes, mexicaines, brésiliennes ou des séries
américaines, renchérit-il. En Côte d’Ivoire, des séries télévisées comme Ma
Famille sont bien plus réelles et plus collées aux réalités ivoiriennes. En
effet, les affaires de cours communes, des rapports belles-mères et
belles-filles soulevés dans ce film reflètent beaucoup mieux les réalités
africaines et ivoiriennes.
Loin des télénovelas, avec les Novelas, qui expriment certainement
les réalités des pays brésiliens ou indiens.
Mais il n’y a pas que le cinéma. Les chaînes de
télévisions africaines sont beaucoup plus enclines à diffuser des informations
relatives aux Etats-Unis, à la France, au détriment d’informations intégrées
excepté quand surviennent des crises dans ces pays.
Nous informons nos populations sur des pays loin de
nous. Souvent nous en savons bien plus sur ce qui se passe en occident que ce
qui se passe au Burkina Faso voisin, au Mali ou même au Ghana.
« Qui est le premier ministre du Ghana ? Posez cette
question aux Ivoiriens et vous aurez une idée du niveau d’intérêt que les
chaînes africaines accordent à leurs États voisins », déplore Alphonse Botty,
entrepreneur ivoirien.
Combien d’Européens suivent-ils l’actualité africaine
? Combien regardent-ils nos séries ou nos rares téléfilms ? Le refus de
l’aliénation culturelle passe également par le refus de l’influence des médias
internationaux. Une télévision c’est avant tout l’image d’un peuple et le
reflet de sa culture. Il faut promouvoir notre richesse cinématographique
calquée sur notre culture et sur l’idée que nous voulons véhiculer au reste du
monde.
LA PALME
AUX SÉRIES AFRICAINES
Le cinéma nigérian, Nollywood, ainsi que de nombreuses
productions cinématographiques africaines, à l’instar de Ma Famille, présentée
sur la chaîne d’État, la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) ou encore
Les Coups de la Vie sur la chaîne A+ Ivoire viennent endiguer l’expansion de
cette aliénation et remettre les valeurs culturelles africaines au cœur de
l’exposition télévisuelle. La prolifération des productions africaines sera
certainement le ‘’salut’’ du développement de l’Afrique qui se sera
réappropriée sa culture et qui aura assumé son histoire.
La rédaction