Au nombre des choses pour lesquelles l’esprit humain a développé une intolérance des plus prononcées, les critiques figurent indubitablement en pole position. Au travail, dans le couple ou dans n’importe quel cadre social, les critiques, ces jugements de valeur que l’on subit ou porte sur l’autre, sont parfois mal acceptées et peuvent se transformer en destructeurs des liens sociaux et en multiplicateurs du mal-être individuel.
Pourquoi les critiques posent-elles problème ?
Si les critiques, qu’elles soient formulées de bonne
foi ou non, sont parfois mal perçues par les hommes, cela est dû au fait
qu’elles touchent à leur ego. En effet, les hommes ont généralement une haute
estime d’eux-mêmes et de leur manière d’appréhender le monde. Ainsi, ils
s’attendent généralement à ce que leurs visions des choses et leurs actions
soient validées par leurs amis, collègues, conjoints... Or, les critiques
remettent parfois en cause ces manières de penser et d’agir, provoquant chez
leurs destinataires des sentiments de rejet, d’injustice voire d’humiliation
surtout lorsqu’elles sont souvent formulées de manière véhémente ou dans des
contextes inappropriés.
Comment tirer profit des critiques
Autant mieux l’intégrer, les critiques ne
disparaitront jamais. Elles font partie de l’ordre normal des interactions
humaines marquées par la divergence ou les antagonismes des points de vue. On
pourrait donc se demander comment les gérer et en faire un élément positif pour
soi-même et pour les autres.
En la matière, deux approches sont possibles selon que
l’on soit l’émetteur ou la cible de la critique. Pour l’émetteur, il peut y
avoir davantage de bénéfices à présenter la critique comme une proposition
alternative et non comme une réprobation totale de la vision ou des manières de
faire du destinataire. En outre, il serait également plus judicieux de placer
les critiques d’une manière qui ne puisse pas amener le destinataire à les
percevoir comme une menace, une insulte, une raillerie, etc. Cela étant
possible, par exemple, en adoptant un langage respectueux et en privilégiant
les critiques en privé plutôt qu’en public. En ce qui concerne la cible de la
critique, il y a chez elle un travail d’introspection et de décentration à
réaliser. Ce travail d’introspection consiste à entrer en soi-même, à évaluer objectivement
la pertinence de la critique, à prendre de la distance par rapport à son propre
point de vue et à se mettre à la place de l’émetteur afin de le comprendre et d’être
moins braqué.
En définitive, les critiques possèdent un formidable potentiel
de dégradation des rapports sociaux et peuvent, à ce titre, constituer un
facteur de mal-être chez l’homme.
Toutefois, personne ne devrait avoir peur de les
formuler ou de les recevoir, car il est possible d’en minorer la nocivité en
les formulant dans la courtoisie et en les acceptant grâce à un dépassement de
soi.
Serge Gohou (sociologue)