Ils rêvent tous d’avoir des enfants prodiges. Aujourd’hui plus qu’hier, les parents sont exigeants vis-à-vis de leur progéniture. D’un côté, les résultats escomptés ; de l’autre, les actions de départ. Faire la police, instaurer la discipline... tout y passe, quand il s’agit d’éduquer des mômes. Sont-ils (les parents) pour autant en phase avec les nouvelles mœurs de leurs enfants ? Et si on les (enfants) infiltrait pour mieux les comprendre...
À la maison
comme à l’école, c’est chaud ! On interdit, on crie et, parfois même, on
pleure. L’éducation des enfants est un véritable parcours du combattant. Entre
le parent (l’éducateur) et l’enfant (l’élève), qui doit se mettre à jour ?
L’autorité des adultes est plus que jamais remise en cause. Pourtant, leur
responsabilité est engagée, de bout en bout. Il leur faut donc établir
l’équilibre et la confiance pour tirer le meilleur parti de la relation. À quel
prix ? Les temps passent vite et ne se ressemblent pas. Ce qui était (non) valable
ou (im)possible hier ne l’est pas forcément aujourd’hui, demain encore moins.
Pis, il n’y a pas de formule (universelle) qui marche à tous les coups.
En Afrique
et ailleurs, en famille et en dehors, l’enfant est à la fois une réalité
singulière et un cas différent. Qu’il faut appréhender avec tact, parcimonie et
raison. Ici, si vous n’avez pas d’enfant, vous avez toujours une bonne occasion
de vous exercer. Parce qu’un bébé, même celui du voisin, peut tout changer.
Priorités, perceptions, attitudes, habitudes... Entre ce que je peux et ce que
je veux, la frontière est quasi invisible. Au risque parfois d’user et d’abuser
de ses droits. Enfants et parents, autant que possible, sont sans concession.
Dans ce schéma, ne marche généralement que le Only you (seulement toi).
Leur
identité et leur personnalité sont à l’épreuve des nouvelles mœurs. Téléphone
mobile, Internet... et les réseaux sociaux. Ces nouveaux compagnons de nos
enfants ont pris le relais, voire le pouvoir. Un monde, quasi inaccessible aux
parents, est né ! Même quand ils pensent savoir, ce n’est vraiment pas le cas.
Dans les groupes privés Facebook, Skype, Snapchat, WhatsApp... les nouveaux
langages influencent les habitudes de nos enfants. Place à la new generation
(nouvelle génération) et ses mœurs !
LA «OLD SCHOOL» (VIEILLE ÉCOLE)
En Afrique,
l’éducation était collégiale. Elle impliquait la petite famille, l’entourage,
la collectivité. Et même l’inconnu, de passage, était prêt à recarder tout
écart de tout polisson au même titre que la famille biologique. Bien évidement
l’enfant avait des droits. Il était protégé et épargné de toute cruauté, sans
toutefois désubstantialiser l’autorité légitime de la famille.
On est bien
loin de cette réalité. Où l’enfant du voisin était aussi le nôtre. Ce qui nous
donnait le droit de le ramener à l’ordre, en tout lieu et en toute
circonstance. L’instituteur pouvait punir, voire chicoter son élève sans que
les parents ne bronchent. Tout ça, c’était avant. À l’époque des indépendances
et «bals poussières»... Aujourd’hui, les droits des enfants sont devenus encore
plus forts que ceux des parents. Désormais, toute correction est assimilée à un
supplice ou un châtiment pour lequel l’auteur devrait répondre de ses actes,
devant la société. Ce qu’il faut savoir...
DANS
L’ACTUALITÉ
À chaque
époque ses réalités. Et à chaque réalité ses prises de mesures. Le monde
évolue. Les mentalités aussi. Et, nos enfants ne sont pas en marge de ce
mouvement. Contraint de s’allier à cette liberté, dans un monde qui tend à se
globaliser, l’enfant subit les influences de toutes parts. La télé, la radio,
Internet... Les nouveaux médias contribuent à lui forger une éducation
déléguée, outre celle dispensée par son cercle familial.
L’enfant a
plus de droits. Plus d’autorité. Plus de moyens de s’affirmer. C’est bien
évident. Au point de trouver l’éducation africaine caduque et désuète. Face à
ce dilemme, il est bon de pouvoir trouver le champ d’actions de chacune de ces
générations qui semblent être opposées. Que non !
La société
est en crise. Les adultes aussi. Leur état d’esprit influence, sans qu’ils ne
s’en rendent compte, les choix qu’ils font au quotidien pour leur entourage.
Les enfants sont les plus affectés. Les parents sont fermés et agissent en
véritables tyrans. A contrario, ils ont démissionné ou sont totalement passifs.
Ils se remettent difficilement en cause. Ils n’ont pas la gueule de l’éducateur
nouveau et ils n’ont pas tort. Parce qu’il n’y a pas de tribune officielle pour
informer l’opinion. Le fameux « c’est nouveau » ou « ça vient de sortir » qui
implique une mise à jour, individuelle et/ou collective.
LA MISE À JOUR
L’éducation
africaine originelle mettait l’enfant dans un état perpétuel de vigilance. Car
chaque passant était un parent potentiel. Elle réduisait les zones d’ombre dans
lesquelles le vice pouvait se cacher pour appâter l’enfant. Légions sont les
cadres, qui, aujourd’hui, font la fierté au plus haut niveau de nos
institutions, et qui ont été forgés à l’éducation africaine. Ne dit-on pas que
les vieilles marmites font de bonnes sauces ? Autrement dit, «pourrait-on
réinventer la roue ?»
Mais combien
de personnes se sont arrogé ce droit d’infliger de terribles sévices corporels
à des enfants sans défense, avec pour excuse de mieux l’éduquer ? Combien
d’enfants ont dû abandonner l’école à cause de la pression sociale ? Les débats
sont encore ouverts. Pendant ce temps, les modèles occidentaux s’enracinent de
plus en plus. Il faut s’y adapter pour ne pas être marginalisé ou stigmatisé
par la société.
Ces parents
branchés l’ont tout de suite compris. Ils ont appris à s’abandonner totalement,
en consacrant du temps à l’éducation de leurs enfants. Ils savent tout (ou
presque) de ce que fait leur enfant. Ils sont parfois effacés, mais présents à
toutes les étapes. Absents, et parfois lorsqu’ils délèguent le pouvoir, ils
veillent scrupuleusement à ce que tout soit fait selon leur volonté. Des
super-héros qui savent manier la carotte et la sanction. Leur leitmotiv :
savoir-être et savoir-faire. Pour anticiper et s’adapter. Pour s’affranchir des
contraintes. Pour se laisser emporter vers les nouveaux horizons. Une véritable
révolution permanente !
La loi s’est
invitée au débat. Elle serait plus humaniste et plus protectrice. Contre quoi
et pour qui ? Nos enfants, les frondeurs ? Nos parents, les dictateurs ? Encore
faut-il qu’elle soit appropriée aux réalités africaines et qu’elle soit
appliquée à la lettre. C’est un tout autre débat ! La relation parent-enfant,
face aux nouvelles mœurs, n’est certes pas un long fleuve tranquille. C’est un
pèlerinage. C’est clair ! Ensemble donc, ils peuvent, tout de même, écrire un
livre avec des pages en couleurs. Au prix de concessions et de consensus
permanents. Vivement cela !
La rédaction