« N’est-ce point par l’évocation d’ALLAH que se tranquillisent les cœurs ? » S 3 V 28. La question est toute directe, mais elle consacre un mot et révèle tout un univers de délice spirituel.
L’expression qu’utilise la révélation coranique « Zikr » est traduite littéralement par ‘‘évocation’’ et met ici en évidence, tout ce qui relève de l’ordre de l’imploration, l’invocation, la glorification, la louange, le souvenir et de manière dynamique, l’adoration.
Les
enseignements prophétiques le considèrent comme le carburant du cœur, car il
marque la différence entre un cœur mort et un cœur vivant. De nombreux hadiths éloquents
(pris ici dans le sens de dires prophétiques) mettent en évidence, l’importance
capitale de certains zikrs, prescrits suivant des circonstances ou besoins quelconques.
Le zikr fait
partie du quotidien du musulman, peu importe la forme utilisée, que cela se
fasse dans la solennité ou pas, de même qu’individuellement ou collectivement.
Si ce n’est la cerise sur le gâteau, il représente à n’en point douter, l’arôme
qui apporte au plat spirituel, toute sa belle senteur.
Parfois trop
mystifié, exagérément marchandé, mal exploré et exécuté.
LES CATÉGORISATIONS DES ZIKRS
Tel que
susmentionné, le zikr prend l’allure d’une formule à prononcer, dans le sens de
l’invocation ou de l’évocation divine. L’invocation fait appel aux doléances et
l’évocation à la glorification. Le zikr épouse donc ces deux dimensions, pour en
être un instrument au service de l’adoration exclusive d’Allah.
Les
enseignements prophétiques permettent de faire une classification du zikr. Le
meilleur zikr, qui demeure inégalé à tout point de vue et sur lequel s’accorde
les pieux prédécesseurs est naturellement, la boussole du musulman, le Saint
Coran, « le Livre au sujet duquel il n’y a point de doute » et qui « est un
guide pour les pieux » Sourate 2 v2. Chaque verset du Saint Coran peut être récité
comme un zikr et les mérites de sa lecture ont une valeur supérieure à toute
autre forme d’invocation et d’évocation. L’imam An-Nawawi disait à cet effet :
« Sachez que
la récitation du Coran reste le meilleur des zikrs. Ce qui est demandé, c’est
que la lecture soit accompagnée de méditation ». La preuve d’une telle
assertion réside également dans un enseignement prophétique où le Messager
d’ALLAH saw indique qu’une seule lettre lue vaut dix (10) bénédictions. Que
dire alors de la lecture de l’ensemble du Saint Coran ?
Bien
évidemment, la lecture du livre Saint dans les langues d’essai de traduction
s’inscrit dans le cadre de la recherche de la science et de l’effort de
compréhension.
Celui qui
lit la traduction a donc les mérites de la recherche de la science, non les
mérites de la lecture coranique, le Saint Coran lui-même étant révélé dans un style
particulièrement différent de celui de l’arabe usuel.
Il devient
un zikr toute fois qu’on le lit de manière régulière et dans la méditation ; et
exhale toute sa dimension d’adoration, lorsque que ses enseignements sont mis
en œuvre par le musulman. Lu avec méditation, le Saint Coran s’impose comme une
source de quiétude pour l’âme et le cœur, un bouclier contre les turpitudes et
les actes blâmables, une protection contre le mal venant de toute créature
visible et invisible. Aucun satanisme ne résiste à la lumière que dégage la
lecture permanente du Saint Coran, si celui qui le lit constamment et
régulièrement s’éloigne des péchés.
Après la
lecture méditée du Saint Coran, les savants conviennent que les meilleurs zikrs
sont ceux qui glorifient le Seigneur, ensuite la prière sur le Messager saw et
les zikrs d’imploration du pardon divin. Tous les autres zikrs sont considérés
comme ayant une valeur inférieure à ceux-là. Le premier type de zikr après la
lecture du Saint Coran est lui-même tiré du Coran. Il s’agit de l’attestation de
foi, un zikr qui attire la lumière divine sur le croyant, purifie son âme des
immondices morales et stabilise sa foi, à savoir La Ilaha Ila Lah (Il n’y a de
dieu que DIEU).
Dans le même
ordre, suivent les zikrs de la glorification, Soubhanallah (pureté à ALLAH),
Alhamdoulillah (Lounages à Allah), Allahou Akbar (Allah est le Plus Grand). Il
s’agit des invocations qui sont récitées après chaque prière obligatoire, qui
restituent la divinité dans toute sa plénitude et qui peuvent-être récités pour
tout besoin, exclusivement spirituel ou non.
Dans le
petit livret ‘‘ la citadelle du musulman’’, accessible à tous dans la
quasi-totalité des librairies et des Mosquées à moindre coût, ou même
gratuitement sur Internet, il est fait mention d’un ensemble de zikrs légiférés
et reconnus authentiques, conseillés par le Messager d’ALLAH, saw, suivant les
problèmes spécifiques. L’exécution du zikr obéit aussi à des règles.
LES DISPOSITIONS POUR L’EXÉCUTION DU ZIKR
Le zikr
intervient dans la vie du musulman comme un code ou une clé d’accès à la
présence divine et nécessite de l’aspirant, une bonne prédisposition intime et
une disposition physique conséquente. Sans en faire l’otage du formalisme des
écoles spirituelles, comme toute forme d’adoration, le zikr n’agit
véritablement que lorsqu’il est prononcé par une langue décente et qu’il
provient d’un cœur pur. La purification de l’intention contribue donc à la
fondation de la validation du zikr. Le musulman ne doit convenir qu’à la seule recherche
de l’agrément divin en l’exécutant. Même s’il s’agit d’invoquer Dieu pour
l’obtention d’une chose mondaine, il ne doit l’inscrire que dans le but de la
recherche exclusive de la
Face
Éclairée du Seigneur. Ainsi, celui qui invoque Dieu pour avoir une opportunité
d’affaire, aura intégré en lui en amont, le fait que les biens issus de cette
faveur doivent - être utilisés licitement en vue de la recherche de l’amour
divin.
Le zikr ne
peut pas-être prononcé également dans le but de faire du mal à autrui ou pour
acquérir un bien illicite, ou poser un acte de malveillance et échapper à la
rigueur de la justice. Le zikr ne peut donc être fait pour le mal. Il ne doit
pas être associé à des noms d’Anges ou d’esprits, notamment des djinns ou
autres démons. Il n’est pas admis de mettre le Seigneur sur le même piédestal
que Ses créatures. Allah a enjoint aux Anges de se prosterner devant l’ancêtre
des hommes, Adam as, les hommes ne sauraient donc les mettre sur le même
piédestal que DIEU. Seul Allah doit-être Invoqué et Loué.
Sur le plan
physique, le zikr ne doit-être pas prononcé dans des endroits insalubres comme
les toilettes. Allah est Beau et Pur et Il aime le beau. Sans être obligatoire,
le musulman doit-être en état d’ablution avant d’exécuter son zikr. Mais il peut
prononcer toute parole de glorification sans être en état de purification. À
partir du moment où il veut accompagner son zikr avec toute la solennité, il
est mieux d’être en état d’ablution. Il doit porter également des habits
propres et surtout licitement acquis, condition d’exaucement de prière.
Même si les
habits portés sont offerts, il doit se rassurer du respect de ces principes. Il
peut être exécuté de préférence après des unités de prières (rakkats) ou sans.
Le zikr ne doit pas être monnayé pour des préoccupations mondaines ou pécuniaires.
Il doit-être exécuté avec recueillement, parce qu’il constitue également un
moment de communion avec ALLAH. Il est donc mieux ainsi de l’exécuter loin des
bruits et de la distraction, chez soi discrètement, ou même à la mosquée dans
le silence méditatif. Se parfumer également apporte du bonus à son zikr y
compris pour la femme, si elle est dans l’espace familial ou un espace privé,
étant donné qu’il ne lui est pas autorisé de dégager du parfum qui attire quand
elle est dans l’espace public et tout cela participe de sa décence et sa pudeur
et contribue à la protéger des regards voraces. Elle peut utiliser tout élément
pouvant aspirer les odeurs corporelles sans que cela ne soit une odeur forte ou
attirante.
Hormis cet
aspect solennel, le zikr peut être prononcé de manière permanente et en toute
circonstance. Point n’est besoin d’être sur une natte de prière ou avoir un
chapelet en main. D’ailleurs en Islam, le chapelet ne fait pas partie de la prière.
Il n’est pas non plus obligatoire au zikr. Le chapelet ne sert qu’à compter
simplement et le meilleur zikr est celui où l’on compte avec les doigts, parce
que cela attire la lumière divine sur la main et met la miséricorde dans les
actes du croyant. Voilà pourquoi, ayant aperçu un jour son épouse Aicha (raa)
en train de faire du zikr en utilisant des cailloux pour compter, le Messager
d’ALLAH saw lui indiqua qu’il serait plus avantageux, si elle le faisait avec
la main, car cela attirerait sur elle, la miséricorde divine.
Le zikr peut
être constamment récité sans formalisme des chiffres, mais la meilleure
invocation est celle qui est faite de manière constante et régulière. Dans le
cadre de la spiritualité, l’aspirant peut décider de faire tel zikr un nombre de
fois à sa convenance par jour, et la meilleure option, est de choisir un
chiffre impair. La raison est que le chiffre impair fait intervenir l’unicité
divine (1) et dégage plus de vibration spirituelle. C’est déjà bon d’exécuter
le même zikr après chaque prière obligatoire, pendant les moments de prières nocturnes,
avant de dormir ou de sortir de chez soi.
Il peut être
prononcé dans toutes les positions, à savoir assise, couchée, debout, lors d’un
voyage, d’un déplacement, au travail, mais en toute discrétion. Il peut se
passer de l’articulation auditive des mots et se faire intimement dans le cœur
ou l’esprit, sans ostentation. Ainsi, le cœur est avec Dieu, l’âme absorbée par
la communion, sans que nul ne le sache, un moment de sincérité et d’intimité
profonde avec l’UN.
La
mystification du zikr n’obéit dans bien des cas, qu’à des aspirations
mercantilistes et populistes. La science qui permet au musulman d’atteindre
Dieu, dans toute sa dimension de perfection a été enseignée par le Messager
d’ALLAH, saw. Il existe des domaines de spiritualité non accessible à l’homme ordinaire
et qui nécessitent une initiation ou une grâce divine spécifique, mais les
recettes pour atteindre un degré de spiritualité optimale sont enseignées et
vulgarisées par le Saint Coran et la pratique prophétique (Sounnah).
Si tant est
que le Saint Coran est le meilleur des zikrs, il ne devait plus avoir de ruée
vers le diamant spirituel, si ce n’est par ignorance ou fainéantise, certains
voulant récolter la manne céleste sans mouvoir les mains. Tout au plus, il
s’agira pour le musulman, de faire un programme rigoureux de lecture du Saint
Coran dans la langue de révélation, s’il tient à cette connexion permanente
avec Dieu, à travers ce qu’Il aime le plus, Sa Parole incréée.
La recherche
justement de recette dite miracle a égaré beaucoup de musulmans de nos jours.
Pour mieux les appâter, il leur a été dit qu’ils ne devaient nullement révéler tel
zikr, parce qu’il serait un nom secret et caché de Dieu, mais qui en réalité,
n’est qu’un nom d’esprit maléfique (djinn mécréant ou égaré) qui finira par
l’asservir et lui arracher sa force mentale. Ces zikrs sont secrètement donnés
à la populace pour avoir une certaine renommée et aux personnes nanties pour se
faire du pouvoir et baigner dans le luxe. Le loup est dans toutes les
bergeries.
Il n’est pas
rare d’entendre des paroles blasphématoires indiquer qu’exécuter tel zikr tel
nombre de fois serait meilleur que la lecture du Saint Coran, au point où
certains ont été convaincus de remplacer des actes obligatoires, tels la prière
et le jeûne du Ramadan par le zikr, acte non obligatoire, mais méritoire. Nous
sommes manifestement ici dans le sectarisme et l’innovation blâmable. De telles
déviances conduisent au châtiment divin, choses que le musulman se doit
d’éviter.
El Hadj Diabaté
Fousséni, journaliste-écrivain