« Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la Salāt (prière) du jour du Vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez ! Puis quand la salât est achevée, dispersez-vous sur terre et recherchez [quelque effet] de la grâce d’Allah, et invoquez beaucoup Allah afin que vous réussissiez. » S 62, V 9 et 10.
Ils sont ainsi près de deux milliards de musulmans à travers le monde à déferler chaque vendredi sur les lieux de prière, les cœurs enveloppés par l’extase de la communion intime avec la divinité, les regards absorbés et les faces prosternées vers l’Unique Horloger et Maître du multivers, ALLAH. Vendredi, jour de ferveur spirituelle et fraternelle, jour de fête et de réjouissance, jour d’exhortation inspirationnelle.
Tout y est
dans un bloc savant et harmonieux où le sacré, le juridique, le jurisprudentiel,
le spirituel et le sublime s’entremêlent, où le folklore et les brouhahas n’ont
en principe et dans le principe aucun droit de citée. Fondre la petitesse du serviteur
dans le vaste horizon de la Ouma (communauté), non pour le noyer, mais pour le
fortifier dans l’immense fleuve de la communion collective. Un jour de prière
comme tout autre, mais un jour particulier.
LA FORCE DE LA REVELATION
Sur base des textes scripturaires, la prière du vendredi revêt un caractère exceptionnel en Islam. Cette dimension reste imputable au vendredi lui-même du fait de la sacralité que lui confère la révélation qui creuse le nid de sa démarcation avec les autres jours. « Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la Salāt (prière) du jour du vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. » S 62 V 9. Le vendredi est pour le musulman, ce que le samedi représente pour le juif et le dimanche pour le chrétien. Mieux, au-delà de l’aspect cultuel collectif, il est perçu comme un joyau et un présent divin. Une porte glorieuse d’accès au grenier fécond de la Miséricorde inouïe du Détenteur de toute Majesté Suprême, ALLAH.
Le Messager
d’ALLAH, Mouhammad saw a dit : « Certes, le vendredi est le meilleur des jours,
le plus important auprès d’ALLAH. Il est même plus important que le jour du
sacrifice et le jour de la rupture du Ramadan. Cinq choses s’y sont déroulées :
Allah y a créé Adam, y a fait son âme, y a placé une heure pendant laquelle Il
ne refuse rien au fidèle qui Le sollicite, à moins qu’il ne s’agisse d’un
interdit, l’heure de la fin du monde y sonnera et il n’y a ni Ange rapproché,
ni ciel, ni terre, ni montagne, ni mer qui ne redoute le vendredi »
L’authenticité de cet enseignement prophétique est attestée par le Savant émérite
Albani.
En termes de
degré et de valeur, la prière de vendredi demeure de loin, la plus importante
et constitue une opportunité de rappel pour vivifier la foi du musulman, pour consolider
le tissu de fraternité entre les membres de la communauté et susciter en eux,
l’élan de fraternité et de solidarité agissante. Elle offre à l’Imam,
l’occasion de dénoncer les tares de la société, de garder une hauteur d’esprit
par rapports aux prises de positions biaisées par des appartenances à des
obédiences et courants politiques. Elle est un rendez-vous de socialisation de l’individu
à travers le contact avec les autres membres du corpus communautaire pour
toucher du doigt leurs peines, leurs préoccupations, leurs soucis, leurs
problèmes examinés à la lumière des canons des principes juridico-religieux.
Hormis la
dimension spirituelle qui lui est inhérente, le vendredi est considéré comme un
jour de réjouissance et de fête, à l’instar des deux fêtes agréées en Islam qui
sont l’Aïd-el Fitr (la fête de Ramadan) et l’Aïd-el Ad’ha (la fête de Tabaski).
Dans un hadith rapporté par Abu Horayra, le Messager saw a dit : « Le jour du
vendredi est un jour de fête. Ne faites donc pas de votre jour de fête un jour
de jeûne, sauf si vous jeûnez également le jour précédent ou le jour suivant ».
Il a dit également : « Ce jour est un jour de fête que DIEU a établi pour les
musulmans. Celui qui va à la prière de vendredi, qu’il fasse ses grandes
ablutions, s’il possède du parfum, qu’il en mette et je vous commande le siwâk
(un cure-dent qui était le moyen de se curer les dents pour avoir une haleine
agréable). » Les savants ajoutent toutefois que pour la femme, la discrétion
est de mise au niveau des senteurs pour ne pas attirer les regards impudiques
des hommes. Pour ceux qui font des travaux salissants, le Messager d’ALLAH saw
a préconisé d’avoir des habits de rechange afin d’être présentables et beaux le
jour du vendredi.
UN RENDEZ-VOUS D’EXTASE INEDITE
Véritable
fontaine de jouvence spirituelle, la prière du vendredi offre au croyant,
l’opportunité d’un ressourcement spirituel avéré et d’une communion intime avec
la divinité.
C’est la
marche glorieuse de l’escalier qui le guide de manière hebdomadaire au sommet
de l’extase spirituelle.
Elle lui
permet de faire sa provision pour la semaine, comme le jeûne du Ramadan lui
permet de faire sa provision annuelle. Certains pays musulmans ont fait du
vendredi un jour de repos, pour permettre aux fidèles de jouir à profusion de
ses mérites incommensurables. Les enseignements prophétiques sont éloquents en
la matière.
En effet,
dans un hadith mis en évidence par Bukhari et Muslim, deux grands rapporteurs
des faits, des gestes et des dires authentiques du Messager d’ALLAH saw, il est
mentionné que : « le jour du vendredi, les Anges prennent place aux portes de
la Mosquée et notent dans l’ordre des arrivants. Quiconque se lave le vendredi
comme il le fait pour la janaba (grande ablution) et se rend à la Mosquée à la
première heure, fait une bonne œuvre de la valeur d’une offrande d’un beau
chameau. S’il se rend à la deuxième heure, il aurait la valeur d’une vache
offerte, à la troisième heure, un bélier, à la quatrième une poule et à la
cinquième, un œuf. Lorsque l’Imam se présente et monte en chaire, les Anges
rangent leurs registres et écoutent le rappel. »
La présence
des Anges et le sermon de l’Imam qui ouvre une bonne parenthèse de glorification
du SEIGNEUR, imposent au fidèle d’observer une discipline et un silence absolu
à l’intérieur de la Mosquée et pendant le sermon. Une fois l’Imam établi dans
sa chaire, le fidèle devra s’interdire du moindre geste ou du moindre propos à
même d’importuner autrui. Les invocations sont en ce moment interdites, les salutations
également, de même que les quêtes et les appels téléphoniques ou tout autre
propos ou geste qui seraient de nature à troubler l’ordre. En la matière, le
Messager d’ALLAH saw faisait cette mise en garde : « Si vous dites à votre voisin
: « taisez-vous » au moment où l’imam est en train de prononcer le prêche du
vendredi, vous aurez proféré une vaine parole ». Echanger avec autrui pendant
le sermon de l’Imam, téléphoner, saluer son voisin, enjamber les fidèles pour
se frayer une place, faire des dons ou des quêtes financières à un moment où
les Anges délégués par le SEIGNEUR ont fermé leurs registres et suivent
attentivement le sermon, cela dénote d’une ignorance coupable ou d’un mépris
des enseignements coraniques et prophétiques.
A
l’intérieur de la Mosquée, le musulman est plongé dans une atmosphère de gaieté
qui lui procure de la quiétude et la sécurité. Et même sur le plan mystique, le
diable et ses suppôts n’ont point accès à la Mosquée.
Lorsque
ceux-ci possèdent l’âme ou le corps d’un individu, ils ressortent de lui dès
l’instant où il veut affranchir le seuil de la Mosquée. Tout comme le mois du
Ramadan qui contient un seul jour meilleur que tous les jours du Ramadan où
toutes les prières pieuses sont acceptées, (la nuit de la destinée), il existe
une période, également le vendredi, où le SEIGNEUR agrée toutes les prières qui
lui sont adressées.
En effet,
selon Abou Hourayra, Raa, le Messager d’ALLAH saw a mentionné le vendredi en
disant : « Il est en ce jour un moment au cours duquel tout serviteur musulman
se tenant en prière et demandant quelque chose à DIEU sera exaucé. »
Certains
savants situent ce moment entre l’établissement de l’Imam sur sa chaire jusqu’à
la prière, d’autres soutiennent que c’est juste après la prière de Asr (celle
de la fin de l’après-midi).
C’est pour
permettre au fidèle de bénéficier du mérite de ces jours qu’il est invité à
ouvrir son cœur, à faire preuve de largesse et à persévérer dans les œuvres de
bienfaisance le vendredi. Au nombre des œuvres méritoires, en dehors des
aumônes à l’endroit des pauvres et non des mendiants qui prennent les d’assaut
Mosquées, la mendicité étant interdite en Islam, il existe aussi des œuvres
spirituelles qui lui apportent faveurs et mérites. Il s’agit entre autres de la
prière sur le Noble Messager saw et la lecture du chapitre 18 du Saint Coran
dans la langue de révélation. L’Envoyer d’ALLAH swa a dit : « Quiconque récite
la sourate Al-Kahf (18) le jour du vendredi, ALLAH l’éclaire entre les deux vendredis
», rapporté par An-Nassaï.
Non
seulement le vendredi est une opportunité d’expiation de péchés ; « les cinq
prières et la prière du vendredi expient les fautes commises entre deux
vendredis, pourvu qu’on évite les péchés majeurs », mais du point de vue eschatologique,
« Allah protège contre l’épreuve de la tombe tout musulman qui meurt dans la
journée ou la nuit du vendredi » comme l’a indiqué le Messager d’ALLAH dans un
hadith rapporté par At-Tirmidhi.
On le voit
clairement, la prière du vendredi est une mine de diamant à perte de vue. Ses
mérites sont indéchiffrables et elle constitue pour le musulman, une
opportunité de renaissance, de régénérescence, de réjouissance et d’élévation
spirituelle. La prière du vendredi lui offre le loisir de réactualiser de
manière hebdomadaire, son pacte de soumission et de communion avec la divinité,
de faire un avec l’UN.
Il y a dans
le vendredi, une bonne portion de l’âme de la prière du musulman. Le sevrer de
ce rendez-vous d’intimité, c’est lui arracher une tranche du bonheur, une
racine profonde de sa spiritualité. Même dans un pays dit laïc, cela ne devrait
nullement être d’actualité dans la mesure où cette prière est la source de son
inspiration, de son esprit de créativité et de sa motivation. D’ailleurs, la
liberté de pensée et de religion est un droit inviolable.
A tout égard
et dans tout domaine professionnel, l’on doit lui garantir cette part de ressourcement
spirituel qui ne prend que moins d’une heure et qui dans le fond, ne fera que
profiter à tous. L’en sevrer est une source de frustration et le dispose à agir
dans l’amertume et la rancœur, en le confinant dans la médiocrité et la contre
productivité.
L’éloignement
de la prière du vendredi obscurci l’âme et le cœur, conformément aux
enseignements prophétiques : « Que les gens ne laissent jamais la prière de
vendredi, sinon, ALLAH mettra un sceau sur leurs cœurs, puis ils seront
inscrits parmi les distraits ».
El Hadj Diabaté
Fousséni, journaliste-écrivain