Le fameux retard qu’on prête à l’Afrique avec une certaine dose de condescendance existe seulement si on adhère à l’idée que le continent noir doit suivre le même chemin que l’Occident. Or, au-delà de la singulière arrogance qui consiste à prôner que le capitalisme occidental et son mode de vie sont les formes les plus avancées de la raison humaine, je retrouve au cœur même des difficultés économiques et sociales présentes en Afrique, plusieurs infirmations de ce que nous font croire les médias.
Le « retard
» dont on parle est surtout l’expression d’une autre manière de concevoir les
relations humaines, les relations avec la nature, notamment avec ce que nous
n’avons pas créé et aussi la façon singulière dont il faudrait que les
richesses soient réparties.
Ce refus,
malgré des siècles de colonisation et d’aliénation, de se résigner à rentrer
dans le moule de la mondialisation forcée, en embrassant les termes dictés par
un groupe de personnes est interprété comme un archaïsme ou pire comme une tare
congénitale dont la plupart des Africains seraient frappés.
Pourtant, si
on acceptait humblement de regarder à ce qui fait la particularité de beaucoup
de populations Africaines, le monde pourrait s’enrichir d’une critique saine de
son mode actuel de fonctionnement. Au moins, elle pourrait considérer cette
autre alternative.
Mais comment
se développer, pas seulement en Afrique, mais bien sur la planète tout entière,
quand tout ce qui gouverne sur terre n’est qu’apologie de la raison du plus
fort, du plus riche, du plus outillé en technologies et du mieux armé ?
Nous le
voyons bien, le monde rendu vulnérable, incertain, complexe et ambigu suggère,
à qui accepte humblement d’ouvrir les yeux, que nous nous sommes lancés dans
une course que nous ne maitrisons plus, qui nous conduit droit dans le mur.
Encore,
faut-il comme je l’écris pour le voir un peu d’humilité, sinon juste un peu de
bon sens. Pour nous, il est grand temps de construire cette masse critique
d’Africains décomplexés qui entendent ce qu’ils savent au fonds d’eux-mêmes depuis
longtemps. Ceci leur a été enseigné.
Malheureusement,
quelque part nous avons mis ce savoir de côté, ou bien nous l’avons oublié et
tristement, nous imitons sans questionner, des modèles dont nous voyons bien
qu’ils nous mènent à notre ruine collective.
Sachons le
bien : l’humanité n’a pas survécu à tout ce qui aurait pu déjà la détruire
depuis des siècles, parce qu’il y avait une poignée de surhommes pour la
protéger, mais bien parce que, face au danger qui les menaçait, les hommes ont
su faire face ensemble.
Ensemble,
grâce à un esprit de solidarité, de coopération, de compassion, avec en toile
de fond, la conscience aigüe de leur destin commun.
Et sur ces
quelques points, l’Afrique peut enseigner beaucoup de choses à l’Occident et au
monde. Aujourd’hui telle que l’humanité est embarquée, son salut peut venir de
l’Afrique. Et Dieu sait que je ne pense ni à son sol et encore moins à son sous-sol.
Ce que l’Afrique
a, à offrir, va bien au-delà. Je crois humblement que l’Afrique peut aider l’Occident
et sauver le monde. Il faut trouver les moyens pour que les uns fassent entendre
raison aux autres, pour la survie, le bien et l’épanouissement de tous.
Gilles A. Atayi (directeur
associé de G&A Africa Consulting)