« Allah est Le Plus Grand. J’atteste que nul n’est digne d’adoration si ce n’est Allah. J’atteste que Mouhammad est l’Envoyé d’Allah. Venez à la prière. Venez à la réussite. Levez-vous pour la prière. Allah est Le Plus Grand, Nul n’est digne d’adoration si ce n’est Allah. »
Comme s’il s’agissait de l’hymne qui bat le rappel des troupes pour le salut aux couleurs. « Al Iqama » ou appel à la prière : c’est de là que s’ouvrent les civilités pour marquer le début de l’audience avec le Roi de tous les rois, le Maître et Créateur de tous les présidents.
La prière
musulmane exige concentration, dévotion, immersion en soi pour l’élévation, la transcendance
et la communion avec le Suprême.
Son
exécution reste dès lors soumise à un corps de législation, qui sans l’enfermer
dans un coffre de codes qui réduisent le serviteur dans une complexité
gestuelle, indique les règles pour en faire un art de vie spirituelle.
L’Islam
accorde une place de choix à la bonne exécution de la prière, qu’elle soit
canonique ou surérogatoire, si bien qu’elle offre tout un champ jurisprudentiel
de réparation des erreurs pouvant affecter sa bonne exécution.
L’EXIGENCE D’UNE EXÉCUTION AFFINÉE
Tu ne feras
pas que de simples mouvements. Tu ne prononceras pas que des paroles
ordinaires. Tu n’accompliras pas un simple acte perçu comme une corvée. Tu ne
porteras pas un fardeau sur tes épaules, mais tu recevras plutôt dans tes
mains, un cadeau. La prière t’honore, elle te valorise et te propulse dans
l’arène de la grandeur et de la gloire, parce qu’elle est le cordon ombilical
qui te lie à l’intimité de la magnanimité divine.
Elle t’offre
une couronne de dignité en aidant ton âme et ton cœur à être le maître de leurs
désirs, en t’accordant la lumière spirituelle requise pour t’éloigner des
inconvenances comportementales.
« Accomplis
la prière, car elle empêche de commettre les turpitudes et les actes blâmables
». Sourate 29. V 46.
Mieux, il
s’agit là pour toi d’être reçu et servi à la table du summum des délices. Pas
l’invitation du Président de la République, mais Le Seul devant qui
s’agenouille et se prosterne le Président, l’Unique Détenteur de tout pouvoir.
L’Islam
conçoit qu’un tel moment ne peut s’accomplir que dans la concentration et
l’extase la plus exquise. Ce rendez-vous Honorable doit-être minutieusement
préparé à la fois physiquement, mentalement et spirituellement.
Se
débarrasser de toute souillure, porter des habits propres, observer une
purification symbolique à travers le rite des ablutions, dégager de la belle senteur,
choisir un endroit dédouané de tout tintamarre ou d’image quelconque, se mettre
sur un tapis de prière à l’hygiène irréprochable, ajuster correctement le
corps, prendre l’intention d’exécuter sa prière, se mettre en face de la Kaaba,
unique point culminant du regard de l’ensemble des musulmans à travers le monde
pour témoigner de l’unicité divine, les yeux concentrés sur l’espace de
prosternation, le cœur absorbé par la présence du divin, l’âme enveloppée par
le parfum de l’imploration.
Ni
distraction, ni écran de télévision devant soi, ni téléphone portable connecté
ou tout autre appareil pouvant distraire, la prière canonique est un
tête-à-tête avec Le Suprême et la règle qui gouverne ce moment d’intimité est
celle édictée par le Messager d’ALLAH, Mouhammad (saw) : « Adore Ton Seigneur
comme si tu Le vois, car si tu ne Le vois pas, sache que Lui Il te voit ».
L’Islam
parle ainsi de bienfaisance, le manteau de la piété, la conscience de la
proximité. Vider l’âme du bourratif du bas monde pour l’inonder et la fortifier
avec la lumière de la contemplation divine.
Toutes ces
dispositions à observer préparent à la bonne exécution de la prière, parce que le
serviteur sera devant Son Créateur, en toute humilité, mais prestige, puisque
c’est un honneur inégalé, la conversation avec Le Suprême. Cinq prières
canoniques, en dehors desquelles, il existe des espaces de prières
surérogatoires qui répondent également au même conditionnement jurisprudentiel.
Tu n’iras
pas à la prière comme s’il s’agissait d’un simple débarras, une corvée
quelconque, une tâche ordinaire, un champ de tubercules. Tu ne l’exécuteras pas
avec hâte, précipitation, haine, rage, rancœur, jalousie, hypocrisie,
dispersion des idées et de la pensée. Au salon des honneurs, on ne boude pas le
plaisir des délices.
Et lorsque
sur la natte de prière, le serviteur dit : « Allahou Akbar », il s’efface. On
voit de lui des gestes, mais son âme est en extase et son cœur en communion.
Les mains ouvertes au niveau des flancs du visage, un geste par lequel il dit
que son être entier est au Seigneur, loin de l’amour du bas monde qu’il indique
par le revers des mains avant de poser la main droite sur la gauche pour se
tenir en toute humilité.
Mais il peut
arriver que la dimension angélique de cet instant de communion soit troublée
par des suggestions quelconques, au point de faire vaciller l’attention de
l’officiant et de lui faire commettre des erreurs dans la prière. La jurisprudence
lui offre des moyens de réparation de ces impairs.
LA RÉPARATION DE LA PRIÈRE EN ISLAM
La
jurisprudence islamique de la réparation de la prière n’est pas enfermée dans
un seul coffre doctrinal. On trouve des éléments complémentaires dans les
quatre grandes écoles juridiques (l’École Hanafite, l’École Malékite, l’École Shâfi’ite
et l’École Hanbalite).
Au regard de
la technicité de la question qui relève non de sa complexité, mais des nombreux
détails et spécificités, il serait plus judicieux de mettre plutôt l’accent sur
quelques règles de la réparation de la prière. De toute évidence, la prière se
répare, parce qu’elle peut être entachée par des omissions ou des ajouts,
fruits de la distraction ou non du serviteur.
Ce qu’il
convient de noter de prime abord, c’est que juridiquement, une prière réparée a
plus de valeur qu’une prière reprise. Il n’est pas rare de voir certains
reprendre leur prière parce qu’ils ne savent pas comment rattraper les
manquements observés.
Cela pose
l’impérieuse nécessité de l’apprentissage des fondamentaux de la prière, de la
connaissance de ses éléments distinctifs, à savoir, identifier les actes obligatoires
des actes dits sunnah (recommandés et méritoires), des actes autorisés, de même
que les actes reprochables et les actes annihilant la prière.
Les actes
obligatoires de la prière comprennent la station débout pour l’exécution de la
prière, sauf cas de maladie, la formulation de l’intention en dehors de
laquelle toute œuvre est vaine, la récitation de la formule d’entrée (Allahou
Akbar), la récitation du premier chapitre du Saint Coran. À cela, s’ajoutent la
position d’inclinaison et de redressement, la position de prosternation et de
redressement, la pause à observer après l’inclination, la prosternation et la
position assise, le salut final (As Salam Aléikoum) et le respect de l’ordre de
ces différents actes. L’absence de l’une de ces étapes entache la validité de
la prière.
Pour les
actes recommandés, il s’agit de la récitation d’une sourate de plus après la
Fatihat, la récitation des formules de glorification lors des différents
mouvements ou positions, la récitation de prière (Tachahoud) avant le salut
final (As Salam AlékoumWarahmatoullah), la récitation à voix audible selon la
prière.
Les actes
méritoires portent sur l’invocation à l’entrée de la prière, la demande de
protection contre le Satan au début de la prière unité de prière, le fait de
lever les bras à la hauteur de la tête pour dire « Allahou Akbar ! », la
récitation de longues ou courtes sourates selon le moment, la manière de
s’asseoir, la récitation de la formule « Amine » après la Fatihat (le 1er
chapitre) etc...
En second
lieu, deux situations nécessitent une réparation de la prière, selon qu’il
s’agisse d’une omission ou d’un rajout à la prière. Lorsqu’il s’agit d’une
prière effectuée en groupe, entendu que la prière de groupe est meilleure que
celle de celui qui prie seul de 27 degrés comme l’a dit le Messager d’ALLAH
(SAW), la réparation, si elle devait se justifier, est faite en tenant compte
de la personne qui officie la prière.
Lorsque les
prosternations de réparation sont faites avant le salut final, le fidèle qui a
pris la prière en cours l’effectue au même titre que l’Imam. Lorsqu’elle est
faite par l’Imam après le salut final, le fidèle l’exécute au même titre, s’il
n’a pas des unités de prières (Rakats) à rattraper, ou achève les rakats
manquantes et procède à la sienne. Il n’est pas non plus tenu de procéder à la
réparation lorsqu’il entre en prière à la dernière prosternation alors que
l’erreur avait été faite auparavant.
Le fidèle
qui prie derrière l’Imam n’aura pas à faire une réparation individuelle s’il a fait
une erreur au cours de la prière en groupe, sauf si l’erreur porte sur un
pilier obligatoire de la prière. Il devra donc commencer la réparation à partir
de l’unité de prière suivante non altéré par une erreur. La rakat ou unité de
prière est considérée comme acquise, lorsque le fidèle rejoint le groupe avant que
l’Imam ne se lève de l’inclinaison (Roukou). Mais tant que l’Imam n’a pas
encore prononcé le salut final, même à la dernière rakat, le fidèle le prend en
cours et rattrape les rakats exécutées après le salut final, sans reprendre la prière
et bénéficie ainsi des mérites de la prière en groupe.
Pour ce qui
est des prières individuelles, le fidèle fera une prosternation de réparation
avant le salut final lorsque l’erreur est une omission qui porte sur un acte
sunnah de la prière.
Il fera une
prosternation de réparation après le salut final, lorsqu’il s’agit de l’ajout
d’un acte obligatoire qui ne fait pas partie de la prière indiquée, par
exemple, une salutation finale après deux unités de prières pour une prière qui
en comporte quatre, etc.
La démarche
la plus noble pour la maitrise des règles de la réparation est l’apprentissage
en présentiel surtout, au-delà de la simple littérature et lecture. Les détails
invitent le serviteur à s’accorder les moyens et le temps nécessaire pour
apprendre auprès de personnes instruites (imams, houstaz) ou à s’inscrire dans
des séminaires ou des programmes de formation développés dans les Mosquées ou
par les structures religieuses, afin de mieux maitriser les aspects avec la
pratique.
L’Islam met
un accent particulier sur la jurisprudence de la prière pour offrir au
serviteur toutes les règles d’art de son exécution parfaite, parce qu’elle est
la première porte d’entrée à la demeure sacrée de la communion divine par essence
et par excellence.
« L’Islam
est capital pour le musulman. Son pilier, c’est la prière… » a dit le Messager
d’Allah, Saw.
Prier ne
suffit pas. Savoir prier relève du domaine des obligations qui pèsent sur le
croyant. Mieux, la seule connaissance ou la maitrise de la technicité de la
prière ne suffit pas non plus.
Loin d’être
un simple coffre juridique et hermétique, la prière est un moment de délice et
d’extase. Au-delà de la gymnastique du gestuel, elle en appelle à l’adhésion
totale et intime du cœur.
Le respect
des conditionnalités ici mentionnées participe de la discipline du cœur et de
l’âme. La rencontre avec La
Source et
l’Essence de l’Amour ne peut se faire dans le biais et le désordre.
Tout comme
il ne reviendra à personne de porter des habits déchirés, des chaussures
trouées pour être présent à l’audience du Président de la République, la prière
qui permet de répondre à l’appel du Président de tous les présidents, Allah,
l’Unique sans associé, doit-être accomplie dans les règles de l’art.
El Hadj Diabaté
Fousséni, journaliste-écrivain