Parlons sexualité. Mais, que vient chercher la religion dans une histoire de sexe ? Une question elle-même sèche ; et pourtant, il faut sortir de l’étroitesse des fenêtres cloisonnées, pour mieux apprécier la dynamique d’une pratique qui transcende les frontières de l’art. Ce n’est donc pas qu’une question de sexe.
La
sexualité, osons en parler, loin des récits mythologiques imaginaires, des
tabous et des clichés des ritualisations restrictives.
La
jurisprudence islamique n’a pas observé la politique de la chaise vide sur la
problématique. De la fonctionnalité instinctuelle et reproductive à celle du comportement
social relatif au sexe, tout a été minutieusement défriché, examiné, labouré.
À la base,
tout part de l’éducation pour transiter par le comportement social afin
d’engendrer, en dernier ressort, l’épanouissement sexuel de l’individu.
L’ÉDUCATION SEXUELLE EN ISLAM
Si
l’éducation s’invite dans le discours de la sexualité, c’est certainement pour
offrir à l’homme la bonne fortune pour la vivre avec un sublime doigté en vue
de son épanouissement. Une vie sexuelle harmonieuse n’est que le fruit d’un processus
de maturation, dans un domaine qui exige chaque jour de la créativité, mais
aussi de l’humanité.
La sexualité
de l’homme pensant ne saurait ainsi s’identifier à celle de l’animal dominé par
l’instinct. La religion ne vient pas étouffer la sexualité dans une espèce de ritualisation
morose et sectaire ; tout au moins, elle ouvre le champ large vers ce qui
correspond le mieux à la sainte nature de l’homme. L’islam s’inscrit dans la
même logique et dynamique que toutes les religions révélées qui orientent le
besoin sexuel vers ce qui le rend plus élevé. La noblesse et la beauté de la
sexualité tiennent compte de l’ensemble des principes majeurs qui régulent la
vie de l’homme vers ce qu’il lui convient au mieux pour son épanouissement.
Il est écrit
dans les dix commandements : « Tu ne commettras point l’adultère ». Mieux : «
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point l’adultère, mais moi
je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un
adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit est pour toi une occasion de
chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car il est avantageux pour toi qu’un
seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la
loin de toi, car il est avantageux pour toi qu’un de tes membres périsse, et
que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne. » (Mathieu 5, verset 27-30).
L’orientation
est donc donnée, non pour bâillonner l’homme, mais pour mieux l’éclairer. Et le
Coran n’est pas muet sur la question : « Et n’approchez point la fornication.
En vérité, c’est une turpitude et quel mauvais chemin ! » (Sourate 17, verset 32).
Ainsi, le
musulman est tenu non seulement de s’éduquer, mais aussi d’éduquer ceux qui
sont sous sa responsabilité à exprimer leur sexualité dans le sens de ce que Le
Créateur du sexe agrée. Il existe en islam, toute une législation et une jurisprudence
qui aident à cette éducation qui indique les voies à suivre pour préparer la
vie sexuelle.
Les parents
sont invités à apprendre à leurs enfants la connaissance de leur corps, à leur
inculquer les valeurs qui les aideront à sublimer leur instinct en vue d’une
vie sexuelle ordonnée. Ils doivent donc, à l’image du Messager Mouhammad saw,
briser les barrières des tabous, créer des cadres d’échanges avec leurs
enfants, être leurs confidents et leur offrir les réponses à leurs inquiétudes.
Les parents
doivent leur enseigner les valeurs de décence, de pudeur et tout ce qui
préserve leur dignité. En cela, le Messager d’Allah saw disait que chaque
parent est un berger pour sa famille, et il rendra compte de l’éducation inculquée.
Ce n’est ainsi qu’il permettra à ses enfants de vivre un jour, dans le cadre du
mariage, une vie sexuelle pleine, décente, où la frivolité et toutes ses
conséquences néfastes pour l’équilibre sociétal n’auront pas droit de citer.
LA
SEXUALITÉ DANS LE MARIAGE
S’il existe
toute une jurisprudence qui oriente la sexualité en islam, c’est parce que le
Messager d’Allah, saw a abordé sans tabous ni faux-fuyants, toutes les
questions qui lui ont été posées dans ce sens.
Le mariage
est par excellence le lieu de l’expression de la sexualité. « Et parmi Ses
signes, Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en
tranquillité avec elles et Il a mis entre vous, de l’affection et de la bonté.
Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent. » (Sourate 30,
verset 21)
Est-il
cependant possible de vivre en tranquillité dans un foyer où le sexe est absent
ou devient une corvée ? Que de couples ne sont brisés aujourd’hui à cause de
cette absence de chaleur dans l’expression de la vie sexuelle !
Bien sûr,
tout n’est pas qu’une question de chair, mais un couple sans vie sexuelle
harmonieuse est un jardin sans fruit.
L’homme et
la femme sont sans cesse invités à s’offrir des marges de créativité pour
encenser leur quotidien sexuel.
Pour
preuves, lorsque les premiers musulmans chassés de leur Mecque natale sont
arrivés à Médine, les interactions culturelles leur ont permis de remarquer que
les habitants de Médine possédaient leurs épouses en se mettant par derrière
elles. La communauté juive d’alors, vivant à Médine, considérait que cette
position était proscrite. Lorsque le Messager d’Allah saw fut interrogé, Allah
lui révéla ce verset : « Vos épouses sont pour vous un champ de labour ; allez
à votre champ comme vous le voulez… » (Sourate 2, verset 223). Ainsi, il est
permis au musulman d’user de tous les tacts, toutes les créativités et les
imaginations les plus insoupçonnés pour arroser chaque jour sa pratique
sexuelle.
Et parlant
de tact, le Messager d’Allah saw, à la suite des plaintes formulées par des
femmes qui se plaignaient de l’attitude de leurs époux, fustigeait le
comportement de ces derniers à ne pas tenir compte du plaisir de leurs épouses lors
des rapports sexuels. En sus des enseignements du Coran qui indiquent «
qu’elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles »
(Sourate 2, verset 187), il disait à ses compagnons : « Que l’un de vous ne
tombe pas sur sa femme comme le font les bestiaux. Qu’il y ait entre eux un
messager… » Il définit alors le messager comme l’ensemble des préliminaires qui
permettent d’enflammer le désir du partenaire pour le préparer aux ébats
amoureux des plus romantiques et ensorcelants.
Et la
jurisprudence met en exergue toutes les pratiques aidant à une vie sexuelle
pleine. De l’hygiène corporelle, buccale, capillaire et vestimentaire à celles
morales (paroles plaisantes, flatteuses, séduisantes pour charmer son
partenaire) ou spirituelles (état d’ablution, invocation du Seigneur avant
l’acte sexuel pour se mettre à l’abri des démons profiteurs et bénir sa semence
en cas de grossesse), tout est révélé et enseigné.
Mieux, le
comportement joue également une place importante. Être aimable avec l’autre,
avoir du respect pour lui, lui offrir souvent des présents, le complimenter,
trouver des cadres licites de loisir, faire le sport ensemble, tout est passé
au peigne fin de l’enseignement islamique.
Mais, tout
cela se fait dans la fidélité de l’un à l’autre, dans le respect des liens
sacrés du mariage et de la sacralité de l’acte sexuel qui n’est pas que
physique ou bestial.
LES INTERDITS
Cela va de
soi, la sexualité en islam ne s’exprime que dans le mariage. Et l’islam met à
nu tout ce qui est nuisible à l’homme dans le cadre de cette vie sexuelle. Le
Coran en fait un point d’honneur dans le même verset où les partenaires sont
considérés comme « des champs de labour les uns pour les autres » : « Craignez
Dieu et sachez que vous le rencontrerez… » (Sourate 2, verset 223).
Il est ainsi
interdit formellement à l’homme de posséder son épouse par voie anale (rapport
sodomique) ou pendant les menstrues et les lochies après accouchement. Tout au plus,
en de telles périodes, l’homme et la femme peuvent procéder par toute sorte
d’attouchement physique et de câlins, exception faite de la partie intime de la
femme, jusqu’à leur fin, et après la purification symbolisée par la grande
ablution. « Et ils t’interrogent sur la menstruation des femmes. Dis : ‘‘C’est
un mal. Eloignez-vous donc des femmes pendant les menstrues, et ne les
approchez que quand elles sont pures. Quand elles se sont purifiées, alors cohabitez
avec elles suivant les prescriptions d’Allah…’’ » (Sourate 2, verset 222)
L’éloignement
ici ne concerne que le rapport sexuel. Les grands savants de hadits Tirmidhi et
Ibn Majah (raa) rapportent du Messager d’Allah saw que : « Dieu Tout-Puissant
ne regardera pas un homme avec un œil de Miséricorde quand l’homme a des
rapports sexuels avec un homme ou une femme par voie anale. »
Le Seigneur
Qui sait ce que nous ignorons sait la sagesse qui s’y cache. Si certains
satanistes utilisent les menstrues des femmes pour des pratiques démoniaques,
c’est parce qu’elles dégagent des vibrations et des énergies qu’il ne convient
pas à l’homme de côtoyer. Et Il accorde son pardon aux repentants : « Allah
aime les repentants qui reviennent sans cesse vers Lui ; Il aime ceux qui se
purifient. » (Sourate 2, verset 222).
Il n’est pas
permis également au couple de s’inspirer des films ou images pornographiques,
mais ils peuvent enrichir leur expérience avec des lectures explicatives où il
n’existe pas d’images illustratives qui poseraient un problème de pudeur.
Certains savants interdisent la fellation, et d’autres l’autorisent si, toutefois,
cela est fait avant toute pénétration ou sécrétion de liquide et si les deux
partenaires le consentent. Toujours est-il que le Messager d’Allah saw a dit :
« Délaisse ce qui provoque en toi le doute pour ce qui ne suscite en toi aucun
doute. »
Dans le
mariage, la vie sexuelle se nourrit de fidélité, de chasteté, mais aussi de
discrétion. Attendre devant la maison des nouveaux mariés pour vérifier la
virginité de l’épouse ou refaire son hymen après des rapports avant le mariage
sont loin d’être des pratiques islamiques. Pour le second cas, certes, l’idéal
est de parvenir au mariage en conservant sa virginité par Amour pour le
Créateur, mais comme sus-indiqué, les pécheurs ne doivent pas traîner le
fardeau de leurs péchés telle une gibbosité dorsale, s’ils décident de mettre
de l’ordre dans leur vie et de revenir repentant à leur Seigneur.
Tout n’est
pas qu’interdit dans le domaine de la sexualité en islam. Ou, du moins, ce qui
est supposé interdit n’est que disposition sécuritaire pour mettre l’homme à
l’abri de ce qu’il ignore tant sur le plan physique que sur les plans métaphysique
et spirituel. Libre cours est donc donné à l’inventivité fertile, à la créativité
licite et sensuelle.
La vie
sexuelle ne produit de fruit savoureux en islam que si elle s’exécute dans les
jardins verdoyants de la spiritualité.
Rien n’est
isolé dans la vie du musulman ; tout répond et obéit à une sagesse supérieure
qui trace les sillons de son bonheur ici-bas et dans l’au-delà.
Le mariage
reste l’unique voie pour s’offrir la joie de la jouissance charnelle. En dehors
de l’aspect comportemental, l’islam propose le jeûne comme palliatif pour
discipliner l’instinct génésique, lorsque les moyens ne permettent pas encore
de convoler en justes noces avec l’élu(e) du cœur.
C’est aussi
à cela qu’aide tout le processus d’éducation devant contribuer à connaître et
maîtriser son corps. Une âme sainte dans un corps saint pour une vie de pleine harmonie.
El Hadj Diabaté
Fousséni (journaliste-écrivain)