Traiter de sujets sérieux n’est pas toujours une tâche aisée. La caricature permet d’aborder certaines thématiques graves ou douloureuses avec humour, tout en faisant passer un message. C’est un art subtil qui mêle le rire et la critique, une forme aboutie de la liberté d’expression.
La
caricature est un portrait peint, dessiné ou modelé qui amplifie certains
aspects d’un sujet. Souvent humoristique, la caricature est un type de satire
graphique quand elle charge des aspects ridicules ou déplaisants. Quand le
sujet est une personne, la caricature utilise l’exagération de caractères
physiques comme métaphore d’une idée. Quand il s’agit d’une situation, elle
présente les mœurs ou le comportement de certains groupes humains sous une
forme visiblement outrée.
Pour être
comprise au premier coup d’œil, elle s’appuie sur la connivence avec son
public, sur un ensemble de codes communs liés aux sensibilités, aux traditions
et au partage d’une vision identique de la société.
Certaines
thématiques telles que la torture, la peine de mort, l’injustice, la pauvreté,
le malheur, provoquent une envie de révolte chez l’homme. C’est pourquoi elles
sont toujours traitées avec un ton sérieux. De grands auteurs de la littérature
française comme Voltaire ou la Fontaine ont décidé de rompre avec cette
habitude : ils ont utilisé le registre humoristique pour parler de sujets
graves.
L’intérêt
du rire dans le traitement de l’information rend le message attractif et touche
un public varié. La critique humoristique à travers la caricature est bien plus
facile à lire. Elle attire, pique la curiosité et séduit. Elle combine le
didactique et l’ironique ; elle divertit tout en instruisant le lecteur.
« La
caricature est une représentation en image ; la déformation des faits, ce sont
les informations grossies, exagérées et c’est ce qui suscite la lecture », étaye le journaliste caricaturiste sénégalais Oumar Diakité.
Dans sa
carrière de journaliste, il affirme que « c’est la caricature qui est venue
à lui ». Après ses études à l’école des beaux-arts, il est tout de suite
embauché en 1990 par Le Cafard libéré, un périodique satirique sénégalais, où
il a appris les rudiments du métier de caricaturiste durant 14 ans. « C’est
mon style, c’est ma façon de communiquer. Nous, les dessinateurs, utilisons les
dessins pour faire passer nos messages et à partir de là, nous créons un
concept. Le dessin doit bien refléter l’information et les textes qui viennent
en appui apportent un plus. »
Selon Oumar
Diakité, l’information véhiculée à travers cet art est bien perçue par leur
cible. « Je n’ai jamais eu de réaction négative. Je ne me souviens pas avoir
fait un dessin qui a heurté les gens, je m’évertue à faire mes dessins dans le
respect. Même si une caricature doit choquer, nous sommes tenus de respecter
les codes de la communication et de la société. Mais de toute évidence, il est
bon de heurter la sensibilité pour titiller et pour faire rire. C’est la
mission du caricaturiste », affirme-t-il.
Cependant,
cette impertinence n’est pas toujours bien perçue.
Ainsi, le
monde musulman s’est senti offensé par les caricatures du Prophète en Une de
l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.
Pour les
islamistes radicaux, ces dessins relevaient purement et simplement du
sacrilège.
L’équipe de Charlie l’a payé de sa vie.