La démocratisation des outils numériques semble considérablement simplifier les tâches. Avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA), entreprises et humains pourraient optimiser la gestion du quotidien. Dossier.
Le numérique est une transformation que le monde ne peut
qu’embrasser. Son impact a été profond sur les modèles d’affaires et le
fonctionnement des entreprises. Pur produit de cette avancée technologique,
l’intelligence artificielle est pour Pape Gora Samb, expert en cyber sécurité,
la simulation des processus d’intelligence humaine par des machines, en
particulier des systèmes informatiques. Selon le système de classification
actuel, poursuit-il, il existe quatre principaux types d’IA, notamment la
mémoire réactive, la mémoire limitée, la théorie de l’esprit et, la conscience
de soi.
L’un des bienfaits de cette intelligence est que, selon une
étude de PWC (PricewaterhouseCoopers) “the macroeconomic impact of Artificial
Intelligence”, elle pourrait générer une production économique supplémentaire
d’environ 13 000 milliards de dollars d’ici 2030, augmentant ainsi le PIB
mondial d’environ 1,2 % par an. Les bénéfices de l’IA sont énormes, car elle
aide à accélérer la transformation digitale. C’est le cas de l’agriculture ou
45% des agriculteurs utilisent le ‘’smart far[1]ming’’,
une technologie qui a pour finalité de valoriser l’ensemble des datas récoltées
par divers outils, en les convertissant en de véritables sources d’informations
afin de définir ensuite des axes de simplification des travaux agricoles. Ce
qui sans doute favorisera l’agriculture 12 mois sur 12. C’est une avancée
économique qui renforce la souveraineté alimentaire.
Dans la cyber-sécurité, les attaques cybernétiques se sont
multipliées ces trois dernières années. Ainsi, l’IA vole au secours pour
remédier à ces agressions incessantes. D’où, la cryptographie qui fait partie
de la science du secret, quantum IA qui a réussi à décrypter des cryptographies
modernes. L’intelligence artificielle aide à réduire les erreurs humaines,
grâce à sa disponibilité 24h/24, à l’assistance digitale, à l’automatisation
des tâches. Plus loin. Une étude publiée en ligne le 8 décembre 2022 par le
site « science » démontre qu’en utilisant de nouvelles techniques d’apprentissage
automatique, autrement dit l’IA, les chercheurs de l’UC San Francisco, en collaboration
avec une équipe d’IBM Research, ont développé une bibliothèque moléculaire
virtuelle de milliers de « phrases de commande » pour les cellules, basée sur
des combinaisons de «mots» et qui ont guidé les cellules immunitaires
d’ingénierie pour rechercher et tuer inlassablement les cellules cancéreuses.
L’avancement permet aux scientifiques de prédire quels éléments, naturels ou
synthétisés, ils devraient inclure dans une cellule pour lui donner les
comportements précis nécessaires pour répondre efficacement à des maladies
complexes.
A cette allure, il est clair que l’intelligence artificielle
ne peut qu’être une bénédiction. Mais jusqu’où ? ATTENTION ! Il est démontré
que l’IA répond seulement par rapport aux données qu’elle reçoit. Elle sert à compléter
la capacité et l’intelligence humaines, et non pour rivaliser avec celles-ci.
L’IA ne fait que simuler ce que l’être hu[1]main
lui envoie comme programme. Un rapport du Forum économique mondial montre que
si les machines avec IA remplaceront environ 85 millions d’emplois en 2025,
environ 97 millions d’emplois seront disponibles la même année. Et donc la
grande question est : comment les humains peuvent-ils travailler avec l’IA au
lieu d’être remplacés par elle ?
Evidemment, toutes ces capacités doivent être simulées par l’être humain qui dispose de l’intelligence émotionnelle que l’IA n’a pas. L’IA peut certes remplacer certaines tâches mais elle ne peut remplacer l’intelligence humaine. Toutefois, « l’IA se développe comme une boule de neige qui dévale une pente et prend de la vitesse », dixit l’expert en cyber sécurité chez ESET France, Benoit Grunemwald, au point de «ne plus savoir ce qui est vrai» selon Geoffrey Hinton, spécialiste de l’intelligence artificielle, qui regrette d’avoir créé la technologie à la base de ChatGPT qui est un prototype d’agent conversationnel.
Ce dernier a officiellement été retiré de chez Google à
cause de ses craintes sur l’intelligence artificielle, qu’il a participé à
faire émerger au cours de sa carrière. Dans une interview au New York Times,
l’homme de 75 ans affiche maintenant des regrets quant à son œuvre. « Il est
difficile de voir comment on peut empêcher les mauvais acteurs de l’utiliser à
des fins malveillantes», pointe Geoffrey Hinton, souvent surnommé «le parrain
de l’IA ». L’impact économique de l’intelligence artificielle est également au
cœur de ses craintes.
D’ailleurs, un rapport de la banque américaine Goldman Sachs
estime que la technologie pourrait remplacer 300 millions de postes. Dans le
même temps, Chris Pissarides - prix Nobel d’économie en 2010 - estime que les
modèles tels que ChatGPT pourraient aider à la mise en place de la semaine de
quatre jours. Mais Geoffrey Hinton préfère rester prudent. « Cela supprime les
tâches pénibles. Il se pourrait bien qu’il enlève plus que cela », conclut-il.
Mal nécessaire ou invention à double tranchant, le monde compte sur
l’intelligence artificielle pour mieux s’organiser et même mieux vivre sans
avoir à s’effrayer de ses effets déviateurs.
Témoignages
Fatim CISSÉ Première
ivoirienne diplômée en Intelligence artificielle, directrice générale de IHS
Towers Côte d’Ivoire
« Tout ce qui est
puissant vient avec son lot d’opportunités et de dangers »
« L’intelligence artificielle, c’est toutes ces nouvelles
technologies qui permettent aux machines de faire des choses qu’auparavant,
seulement l’humain pouvait faire. Aujourd’hui, nous avons des machines capables
de reconnaitre des voix, des visages et même de prendre des décisions à la
place de l’homme. C’est très puissant. Et tout ce qui est puissant vient avec
son lot d’opportunités et de dangers. Je n’appellerai pas cela des dangers,
plutôt des points de vigilance. Parce que depuis que l’homme est l’homme,
chaque invention qu’on a eue est venue en remplacement d’autres manières de
faire. C’est à nous de pouvoir les utiliser correctement, maximiser les effets
positifs et minimiser les effets pervers de l’intelligence artificielle. Comme
effets négatifs, il y a une crainte autour de la disparition de certains
métiers. On se rend compte que des métiers vont être profondément modifiés.
Comme on n’a pas forcément un système éducatif capable de répondre à ces
besoins futurs, on l’identifie comme un risque potentiel. Mais je pense que
c’est une opportunité pour nous de prendre de bonnes décisions et faire les
changements afin d’intégrer cette intelligence artificielle dans le monde de
demain et prendre notre pleine part dans cette quatrième révolution industrielle.
Les bénéfices, c’est qu’on fera tout mieux plus vite et à moindre coût dans
tous les domaines d’activité, notamment la santé, l’agriculture, l’industrie.
Si on apprend à maîtriser cette technologie, nous pourrons être beaucoup plus
compétitifs au plan national et international. L’IA nous offre beaucoup
d’opportunités. »
Pape Samb Expert en
cyber-sécurité
« Les dangers de l’IA
sont réels »
« Dans un commentaire, Elon Musk a écrit : ‘‘Le rythme des progrès de l’intelligence artificielle (je ne parle pas de l’IA étroite) est incroyablement rapide. À moins que vous n’ayez une exposition directe à des groupes comme Deepmind, vous n’avez aucune idée de la vitesse à laquelle il se développe à un rythme proche de l’exponentielle. Le risque que quelque chose de gravement dangereux se produise est dans la période de cinq ans, 10 ans tout au plus.’’ Stephen Hawking disait ‘‘le génie est sorti de la bouteille. Nous devons aller de l’avant dans le développement de l’intelligence artificielle, mais nous devons également être attentifs à ses dangers très réels. Je crains que l’IA ne remplace complètement les humains. Si les gens conçoivent des virus informatiques, quelqu’un concevra une IA qui se réplique. Ce sera une nouvelle forme de vie qui surpassera les humains.’’ Les dangers sont réels, et donc des régulations s’imposent. »