« A l’école primaire, mes parents passaient me récupérer après mes classes et nous marquions un arrêt devant un supermarché pour m’acheter des viennoiseries. Il y avait là des mendiantes, des petites filles peuhles. Je me cachais à l’abri du regard de mes parents pour partager mes bonbons avec elles, sans jamais me soucier de leur hygiène. J’avais voulu cacher l’une d’entre elles dans ma chambre à la maison car elles dormaient à la belle étoile alors que moi j’avais un grand lit… », se souvient Danielle Lidégoué, épouse Cissé Bacongo. Focus sur une femme de cœur.
Elle fait du
soutien aux femmes violentées et aux personnes vulnérables, son sacerdoce. Un
pari marqué par la création de Bloom en 2019, une ONG portée sur la lutte
contre les VBG, les Violences basées sur le genre.
Depuis, ce
sont des centaines de femmes agressées, mutilées, battues ou rejetées par leurs
époux, qu’elle a recueillies dans son refuge. « J’ai à cœur de me mettre à
disposition de mes sœurs et de toutes les femmes, pour les aider à surmonter
ces difficultés », explique la présidente de l’ONG Bloom. Un vécu douloureux
qu’elle avoue avoir traversé. D’où ce besoin impérieux de mettre son expérience
au service de ses sœurs et de partager sa part d’humanité avec les victimes des
VBG.
UNE TÊTE BIEN FAITE
Elle n’est
pas seulement un grand cœur, c’est aussi une tête bien faite. Alors qu’elle
était en classe de troisième au Lycée Catholique Monseigneur Réné Kouassi de
Dabou, elle est élue Princesse Espagnole au concours linguistique organisé par
cet établissement. Ce n’est pas tout. C’est en classe de première qu’elle
obtient son baccalauréat A2 avec la mention ‘’Bien’’ à l’âge de 16 ans. L’une
des plus jeunes de sa promotion.
« Je suis
allée à l’Université supérieure de droit international (USID). L’un de mes
encadreurs était le professeur Ouraga Obou. J’y ai fait la première et la seconde
année. Comme j’aimais beaucoup le droit constitutionnel, je souhaitais
m’orienter en licence vers le droit public. J’ai alors dû quitter l’USID qui ne
proposait pas de licence. » Elle poursuivra donc ses études à l’Université catholique
d’Afrique de l’Ouest (UCAO), où elle obtiendra une maitrise en droit des relations
diplomatiques et consulaires. Elle y fera son troisième cycle et en sortira
avec un DESS en droit des affaires et fiscalité. Mais Danielle veut plus. Elle part
en France. Direction Paris Dauphine. Dans cette prestigieuse université, elle
boucle une spécialisation en finances publiques avant de rentrer en Côte d’Ivoire.
DE FIL EN AIGUILLE
Danielle est
admise au concours de l’Ecole Normale d’Administration et sort major de sa
promotion à mi-parcours.
« Après ma
formation à l’ENA, je commence en tant que chargée d’Etudes au ministère du
budget, notamment à la direction du budget de l’État. J’y obtiens mon concours
des services financiers et aujourd’hui, je suis administrateur principal des services
financiers. Ma carrière a donc suivi toutes les étapes : chargée d’études,
sous-directrice du budget de la comptabilité au ministère de la justice, puis
Directrice administrative et financière. J’espère que les choses iront de
l’avant pour poursuivre une brillante carrière professionnelle, »
souhaite-t-elle.
Le 3 mars 2023, son ONG organise un gala de charité en soutien aux victimes des Violences basées sur le genre. Ce gala permettra de lever des fonds pour la construction d’un centre de santé moderne et d’une école à Duékoué, dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire.