« La vie t’a offert 86 400 secondes aujourd’hui. En as-tu utilisé une seule pour dire merci ?» (William Ward). Cette interrogation, relative à la problématique de la culture de la gratitude, mérite que l’on s’y intéresse, car d’après Albert Schweitzer, «la gratitude est le secret de la vie. Celui qui a appris cela sait ce que vivre signifie. Il a pénétré le mystère de la vie. » Ainsi, la gratitude, en tant qu’état d’esprit ou attitude reconnaissante envers un être dont on a reçu un bienfait, comporte énormément d’avantages pour quiconque la pratique.
LES
POUVOIRS DE LA GRATITUDE
Les
neurosciences le prouvent au jour le jour : pratiquer la gratitude au quotidien
est un gage de bonne santé physique et psychique dans la mesure où se connecter
à un sentiment de reconnaissance amène le mental à se reposer et le corps à
produire de l’endorphine, une hormone du bonheur. De plus, d’un point de vue
relationnel, la gratitude améliore la qualité de nos rapports avec autrui car
plus nous exprimons notre gratitude aux autres, plus nous sommes appréciés,
donc ils sont plus aimables. De plus, donner de soi après avoir reçu, nous fait
prendre conscience que nous avons besoin des autres pour exister. C’est le sens
de l’assertion de Marcel Proust qui recommande que nous « soyons reconnaissants
envers les personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers
par qui nos âmes sont fleuries ». Par ailleurs, la gratitude permet de conserver
des relations égalitaires entre les hommes parce que, derrière la générosité désintéressée
(en apparence), se cachent des obligations du genre « tu dois te comporter avec
moi de telle manière ou me remettre telle chose parce que je t’ai rendu tel
service ».
Ces
obligations peuvent générer une dépendance du bénéficiaire envers le bienfaiteur
si le processus n’est pas annulé par un contredon (gratitude). Car comme l’explique
Marcel Mauss : « donner, c’est manifester sa supériorité, être plus haut ; accepter
sans rendre, c’est se subordonner, devenir client et serviteur, choir plus bas ».
La gratitude comporte donc un grand nombre d’effets bénéfiques. Mais comment
s’y prendre pour vulgariser cette pratique ?
COMMENT
DÉVELOPPER LA GRATITUDE ?
Traditionnellement,
la pratique de la gratitude s’opère sous deux formes : matérielle (don d’argent,
de vêtements…) et immatérielle (paroles, sourire etc.). Par ailleurs, d’autres
procédés peuvent être utilisés afin d’expérimenter la gratitude et ses bienfaits.
Pour cela, revisitons l’expérience des psychologues Robert Emmons et Michael
McCullough qui ont, en effet, utilisé un ensemble de personnes réparti en trois
sous-groupes.
Le premier
groupe tenait un journal dans lequel ils notaient toutes leurs expériences quotidiennes,
le deuxième, leurs expériences désagréables et le troisième écrivait les
évènements quotidiens pour lesquels ils étaient reconnaissants. Après dix
semaines, ce dernier groupe était significativement plus enthousiaste, positif
et en meilleure santé. Les membres de ce groupe dormaient mieux, étaient moins stressés,
avaient de meilleures relations avec leurs entourages et étaient plus
performants au travail.
Comme quoi,
le secret de la gratitude et, partant du bonheur, est de compter ses
bénédictions plutôt que de faire l’addition de ses malheurs. Enfin, il ne
serait pas contre-productif de s’essayer à une sorte de méditation quotidienne sur
les événements positifs de la journée écoulée, et garder en soi - le plus
longtemps possible – le sentiment de reconnaissance envers les personnes qui
ont contribué à leur avènement.
Serge
Gohou (contributeur)