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Chef d’entreprise, le goût du luxe

Jouir de son statut. Après avoir trimé. C’est le luxe que se paient des chefs d’entreprise en Afrique.

il y a 8 mois

Il faut une bonne dose de génie et de persévérance pour arriver au sommet de l’échelle sociale. Que l’on soit dans le capital social ou non de l’entreprise, en être le manager donne des droits. Des envies. Des rêves aussi.

L’industrie du luxe est en pleine expansion en Afrique. Chaque enseigne semble tirer son épingle du jeu. Une stratégie payante si l’on s’en tient à la concurrence pour conquérir plus de parts de marché. C’est à se poser la question : qui sont ces riches ? L’opinion publique a vite jeté son regard sur les politiques. Ils ne sont pas à exclure. À la réalité, qu’ils soient dans l’administration publique ou privée, les grands patrons et les cadres du top management sont la principale niche de ces marques.

Certes les artistes et les sportifs sont les plus en vue, mais les jeunes cadres supérieurs, technocrates ou polytechniciens, n’ont rien à leur envier. Ils roulent carrosse, cigare à la main, champagne à la bouche, de janvier à décembre.

C’est le cas pour cet avocat d’affaires et manager d’un Cabinet. Sa résidence, sortie de terre à Abidjan avec une architecture singulière, meublée à l’oriental, se perd dans le ciel ivoirien.

Idem pour ce patron d’une société minière. Il fait partie des grands collectionneurs de voitures de luxe. Son parking, au cœur de Bamako au Mali, donne un aperçu des « bijoux mobiles » qu’il change en fonction de son feeling.

Certains ont attendu longtemps avant d’adopter ce style de vie qui s’impose presqu’à tous. Même les managers, considérés discrets ou modestes, n’échappent pas au phénomène. S’ils ne sont pas directement concernés, leurs proches s’y adonnent à satiété.

À ce propos, Bill GATES répondait à un serveur : « Ma fille vous paye de forts pourboires parce que son père est le plus riche du monde. Le mien ne l’était pas ». À l’opposé, un milliardaire nigérian n’a pas hésité à sortir son épouse d’un embouteillage de deux heures, à Lagos, avec son hélicoptère.

C’est indispensable lorsque l’on est à un stade décisionnel. Réception de partenaires, mission d’affaires à l’étranger. Ce que vous êtes doit pouvoir apparaître, au premier regard.

Avant même que vous n’ouvriez la bouche, personnalité et influence obligent. Sur la question, justement, il y a deux écoles. La première, celle où l’on aperçoit le patron jouir de ses dividendes. Le boss a une « vie de Lougah ». Si l’écart avec les employés est bien grand, l’on ne peut s’en plaindre d’autant que le traitement est équilibré et en phase avec les exigences salariales en vigueur. Les primes et autres avantages sont perçus par l’équipe comme d’ordinaire jusqu’à ce que quelques-uns se démarquent progressivement dans l’échelle sociale.

La seconde, celle où le manager partage « équitablement » les revenus de l’entreprise avec ses employés. Cela frôle la philanthropie. Cette approche apparaît comme une exception dans le management des entreprises. Des chefs d’entreprises, cotées en bourse, ont franchi le pas. Leur entreprise n’est pas forcément en meilleure santé que les autres. Le facteur humain a juste plus de place chez ces nouveaux « bons samaritains ».

Chaque chef d’entreprise a son équation personnelle. Tant qu’elle est en phase avec les règles sociales et les exigences professionnelles de base, il doit être à mesure d’exprimer ses goûts. L’opinion publique admettra surtout, dans cette optique, que cela participe à renforcer son image, et celle de son entreprise. C’est l’Afrique qui gagne !