La question de la parité homme-femme s’est, au fil des années, imposée comme l’une des problématiques majeures auxquelles l’humanité tente de faire face. En Afrique, cette problématique est devenue tellement importante que l’Union Africaine l’a consacrée Aspiration 2 dans son Agenda 2063.
Si la question de la parité homme-femme a pris une si
grande importance dans le débat public en Afrique, cela n’est pas dû au hasard.
Le fait est que dans les sociétés africaines, classées parmi les plus conservatrices,
la question de l’égalité homme-femme est un sujet parfois sensible, qui
continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive.
POURQUOI LA QUESTION DE L’ÉGALITÉ HOMME-FEMME
POSE-T-ELLE PROBLÈME ?
D’entrée de jeu, il faudrait signaler qu’en dépit des influences
de l’intermède
colonial, les peuples africains ont globalement conservé leurs structures traditionnelles
marquées par la domination masculine. Moins touchées par le progressisme occidental
enclin à la disparition des frontières homme-femme, les sociétés africaines ont
pérennisé une certaine division sexuelle du travail et des privilèges sociaux,
dont les manifestations restent encore vivaces et continuent de structurer les
rapports, les rôles, les statuts et les perceptions entre les genres masculin
et féminin.
Ainsi, en milieu rural africain, il n’est pas rare que
les hommes soient généralement construits comme étant plus aptes à la pratique
de travaux comme la chasse ou l’exercice du pouvoir politique ; tandis que les
femmes sont davantage affectées à l’accomplissement des tâches ménagères, même
s’il existe de nombreuses sociétés où les femmes jouissent de statuts et de
prérogatives « masculinisés ». Même dans les villes où la culture urbaine
tend pourtant à se rapprocher des mœurs occidentales, les différences de
traitement au niveau de l’accès à l’école, à l’emploi, à la politique, etc., entre
les hommes et les femmes, sont généralement à l’avantage des premiers cités.
Cela permet aux hommes d’accumuler des ressources de pouvoir qui leur octroient
le statut d’acteurs dominants qu’ils sont prêts à conserver à tout prix.
D’ailleurs, il faudrait avoir à l’esprit que l’égalité homme-femme
est un projet globalement irréalisable. En effet, tous les êtres humains
(qu’ils s’agisse des hommes ou des femmes) possèdent des caractéristiques
propres à chacun d’entre eux.
Or, toute différence entre deux personnes, aussi infime
soit-elle, crée une différenciation, c’est-à-dire un traitement inégal dans la
manière dont les autres les perçoivent et agissent avec elles.
CE QU’IL FAUT FAIRE POUR RÉDUIRE LES INÉGALITÉS HOMME-FEMME
Il est quasiment impossible d’abolir les inégalités homme-femme.
Par contre, on peut les réduire. Pour ce faire, il faudrait identifier les
ressources de pouvoir, favorisant la domination masculine (pouvoir politique,
ressources financières, niveau d’éducation, emploi…) et en favoriser leur accès
aux femmes. Cela passe nécessairement par la vulgarisation de l’équité dans
tous les champs sociaux où les femmes sont dominées, en mettant en place des
discriminations positives en leur faveur. A ce sujet, l’imposition des quotas
de femmes dans les partis politiques, l’armée ou encore la construction
d’écoles dédiées aux filles, etc., sont des mesures pertinentes à promouvoir.
Il est donc à retenir que la parité homme-femme se déploie
comme un horizon lointain, dont on peut cependant se rapprocher, en mettant en œuvre
des mécanismes équitables qui permettront aux femmes de prendre toute leur
place dans la société.
Serge Gohou (sociologue, contributeur)