« Accueille l’esprit de justice et repousse la violence », clamait le célèbre poète grec Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.). Apparemment, ce conseil semble être tombé dans des oreilles de sourds. De fait, pas un seul jour ne passe sans que les médias n’évoquent la manifestation de violences protéiformes (guerres, incendies, vols, viols et meurtres) se déroulant dans le monde.
Vous ne vous
sentez peut-être pas du tout concerné(e) par ces évènements violents (sûrement parce
que vous n’en avez pas encore fait l’expérience). En revanche, ne vous est-il
jamais arrivé de battre votre enfant ? N’avez-vous jamais « cassé la gueule », menacé,
invectivé un parent, une connaissance ou un individu quelconque ? Peu sont ceux
et celles qui répondraient par la négative. Car, qu’on le veuille ou pas, il
faut le reconnaître, la violence remplit certaines fonctions sociales « positives
» qui légitiment son usage, chez certaines personnes. En effet, l’action d’administrer
une fessée à sa progéniture peut très bien être réalisée à des fins
éducationnelles. Aussi, exercer une violence sur autrui pourrait être la résultante
d’une volonté de restaurer son autorité ou encore assurer sa défense en cas
d’agression.
…POURQUOI
ET COMMENT PARVENIR À LA NON-VIOLENCE ?
Comme le
pense J-P. Sartre, l’usage de la violence, sous quelques formes et pour
quelques raisons que ce soit, est un échec. Non seulement la violence engendre
des souffrances - physiques, psychiques et relationnelles - aussi bien pour
l’agresseur que pour l’agressé, mais elle génère aussi et généralement encore
plus de violence.
En outre, on
peut considérer comme Isaac Asimov que « la violence est le dernier refuge de
l’incompétence ». Car, si nous sommes les « roseaux pensants » dont parle Jean-Jacques
Rousseau, nous n’aurons aucune peine à trouver des solutions pacifiques à nos
démêlés avec autrui, et à nous abstenir de vivre selon la loi de la violence
qui est celle de la brute, voire de l’animal.
Même s’il
est illusoire d’imaginer une disparition totale de la violence chez l’Homme, il
est néanmoins nécessaire et possible à chacun de nous de la réguler, en
disciplinant nos émotions. En effet, loin d’être un phénomène spontané, la
violence est le produit d’un enchaînement émotionnel qui va généralement de la peur
(ou la contrariété) à la fureur en passant par la rancune, l’énervement,
l’hostilité, la colère.
La
régulation de la violence, c’est-à-dire l’adoption d’une attitude non violente,
implique de notre part le développement d’une intelligence émotionnelle. Laquelle,
dans la pratique, équivaut à connaître nos émotions (joie, colère, tristesse,
peur, honte…), leur intensité et la façon dont elles nous affectent, distinguer
émotions et comportement (si vous avez par exemple le droit d’être en colère
contre moi [émotion] parce que je suis arrivé(e) très en retard à notre rendez-vous,
cela ne vous autorise pas à m’insulter et encore moins à me gifler
[comportement]). Mais aussi à savoir ce que ressentent les autres et essayer de
comprendre les raisons de leurs émotions afin de développer l’empathie,
apprendre à adapter nos émotions à la situation vécue, et enfin à réparer les
dégâts émotionnels en s’excusant et en faisant amende honorable.
Serge
Gohou (sociologue, contributeur)